Le coup d’État turc de 1980, dirigé par le chef d’état-major le général Kenan Evren, fut le 3e coup d’État mené en Turquie (les précédents sont ceux de 1960 et de 1971). Pour créer un prétexte à un putsch militaire, l’armée a laissé l’extrême-droite turc commettre des massacres et attaques visant les Kurdes/Alévis (massacres de Çorum et de Maraş) et la gauche turque. Au début du coup d’État de 1980, 50 personnes ont été exécutées, dont Erdal Eren, un adolescent de 17 ans, plus de 500 000 autres ont été arrêtées, des centaines d’entre elles sont mortes dans des prisons transformées en salle de torture. Et sans surprise, la prison de Diyarbakir (Amed) a battu tous les records en matière de crimes de guerre commis sur les prisonniers et/ou les sympathisants du PKK qui luttaient contre le colonialisme turc au Kurdistan.
42 ans après ce putsch sanglant, les victimes de ce coup d’Etat n’ont toujours pas obtenu justice et son principal protagoniste, Kenan Evren, est mort dans son lit à l’âge de 98 ans, sans avoir à rendre des comptes pour ses crimes nombreux alors qu’un semblant de procès le visant était en cours…
Le bilan tragique du coup d’Etat du 12 septembre 1980
Le 12 septembre 1980, le Conseil national de sécurité (Milli Güvenlik Konseyi, MGK), dirigé par Evren, déclare le coup d’Etat sur la chaîne nationale. Le MGK a ensuite étendu la loi martiale à tout le pays, aboli le Parlement et le gouvernement, suspendu la Constitution et interdit tous les partis politiques et syndicats.
Détails des crimes d’Etat de 1980:
650 000 personnes arrêtées
1 683 000 personnes fichées
230 000 personnes jugées
517 personnes condamnées à mort
50 des personnes condamnées à mort ont été exécutées (26 prisonniers politiques, 23 délinquants et un militant arménien du groupe Asala).
71 000 personnes ont été jugées en vertu des articles 141, 142 et 163 du Code pénal turc.
98 404 personnes ont été jugées pour appartenance à une organisation de gauche, de droite, nationaliste, conservatrice, etc.
388 000 personnes ont été privées de passeport.
30 000 personnes ont été licenciées de leur entreprise car elles étaient suspectées de liens avec des organisations ou des partis politiques.
14 000 personnes ont vu leur citoyenneté révoquée.
30 000 personnes sont parties à l’étranger en tant que réfugiés politiques.
300 personnes sont mortes de manière suspecte.
171 personnes sont mortes sous la torture.
937 films ont été interdits car ils étaient jugés répréhensibles.
23 677 associations ont vu leurs activités interdites.
3 854 enseignants, 120 chargés de cours et 47 juges ont été démis de leurs fonctions.
400 journalistes ont été jugés pour un total de 4 000 ans d’emprisonnement.
Les journalistes ont été condamnés à 3 315 ans et 6 mois de prison.
31 journalistes ont été emprisonnés.
300 journalistes ont été agressés.
3 journalistes ont été tués par balles.
Pendant 300, les journaux n’ont pas été publiés.
303 dossiers ont été ouverts pour 13 grands journaux.
39 tonnes de journaux et de magazines ont été détruits.
299 personnes ont perdu la vie en prison.
144 personnes sont mortes de manière suspecte en prison.
14 personnes sont mortes dans des grèves de la faim en prison.
16 personnes ont été tuées alors qu’elles étaient en fuite.
95 personnes ont été tuées lors de combats armés.
(Données fournies par ANF en 2019)