TURQUIE / BAKUR – Après que les locaux du HDP dans la ville kurde de Cizre aient été perquisitionnés et vandalisés lors d’une opération policière, les membres et sympathisants du parti ont commencé une veillée nocturne pour protéger le bâtiment d’HDP contre de nouvelles attaques policières.
Lors de raids de police ce lundi contre le bureau du Parti démocratique des peuples (HDP) à Cizre (Cizîr) et aux domiciles des membres d’HDP, des hauts responsables du parti et des membres du parti ont été arrêtés violement. Ce qui a poussé les militants d’HDP à déclencher une veillée pour protéger les locaux de leur parti contre de nouvelles attaques policières.
Au cours du raid, 10 membres du parti ont été arrêtés, dont le coprésident de la branche du parti.
Saruhan Oluç, haut cadre du HDP, a montré des images prises après la descente de police et s’est exprimé lors d’une conférence de presse au parlement turc :
« Ce sont les images de nos bureaux de Cizre après que la police les ait perquisitionnés ce matin. Ils ont défoncé la porte, sont entrés à l’intérieur et ont démoli le local. Ils ont tout balancé. Réalisez-vous ce que signifient ces images ? Ce sont les marques de la barbarie et du vandalisme. Ce sont les images du chaos. »
Les membres et sympathisants du HDP se sont rassemblés devant les bureaux du HDP à Cizre dans la soirée dans une action de solidarité pour s’asseoir ensemble, protester, chanter des chansons et protéger l’endroit contre de nouveaux vandalismes policiers.
Cizre : Une ville de lutte inflexible
Le HDP a obtenu plus de 82 % des voix à Cizre lors des dernières élections législatives de 2018.
La ville de 130 000 habitants porte encore les stigmates des destructions causées par les forces turques en 2015-16 lors d’une attaque disproportionnée, pour écraser un groupe de jeunes kurdes qui avaient décidé de défendre la ville face à une opération militaire imminente après les « pourparlers de paix » entre les autorités turques et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été interrompus par le président turc, Recep Tayyip Erdoğan.
Selon les chiffres de l’armée turque, 600 jeunes combattants kurdes ont été tués au cours des opérations. Alors que les groupes de défense des droits de l’homme évaluaient initialement le nombre de civils tués à 92, plus de 170 corps ont été retrouvés après la fin des affrontements. Des dizaines de militants politiques ont été tués en un seul incident après s’être réfugiés dans le sous-sol d’un immeuble, lorsque celui-ci a été touché à l’arme lourde.
Cizre est également l’une des villes kurdes où Newroz (Nouveau jour de la nouvelle année à l’équinoxe de printemps) a commencé à être célébré dans un contexte politique de soulèvement pour la liberté. 57 civils ont été tués dans le Newroz de 1992 lors d’un massacre par les forces turques dans la ville.