TURQUIE – Depuis des mois, plus d’une dizaine de prisonniers politiques kurdes sont morts en prison. Après chaque mort de prisonniers, leurs familles crient au meurtre déguisés soit en suicide soit en accident ou maladie. Les prisons turques échappant au contrôle des organisations indépendantes et interdites aux députés du parti HDP, seul les rares témoignages de prisonniers victimes de torture montrent la gravité de la situation des détenus kurdes laissés à la merci des gardiens fascistes sans loi ni foi. Dans ces conditions, on craint que d’être obligés encore longtemps de compter les corps sans vie des prisonniers kurdes.
On rapporte que les gardiens de la prison de Silivri ont forcé des détenus kurdes qu’ils ont torturés à se suicider en laissant des cordes et des rasoirs dans leurs cellules.
Le prisonnier Ferhan Yılmaz et un autre prisonnier dont le nom n’a pas pu être identifié, qui faisaient partie des six prisonniers qui ont tenté de se suicider après avoir été soumis à des pressions et à la torture par 60 gardiens dans la prison de type L de Silivri, ont perdu la vie. Aucune information n’a été reçue concernant les prisonniers Çoşkun Ağca, Tolga Okçu, Abdulmenav Çetin, H. Masal et Ali, qui ont été poussés à se suicider après avoir été torturés. Un prisonnier nommé Halil Kasal est toujours aux soins intensifs.
Après avoir été informée que leur fils avait été contraint de se suicider, la famille d’Ağca a envoyé un avocat à la prison de Silivri. L’avocat de la famille a été informé par l’administration pénitentiaire qu’Ağca avait été transféré de force en ambulance à la prison de type F d’Izmir La mère d’Ağca, Fatma Ağca, a révélé qu’un gardien de la prison d’Izmir avait appelé sa fille et donné les mêmes informations. La mère de Halil Kasal, Beyaz Kasal, a également déclaré que son fils avait été transféré à Izmir et qu’il se trouvait actuellement à l’hôpital. Kasal a noté qu’elle ne pouvait obtenir aucune information sur l’hôpital dans lequel son fils avait été transféré. Elle a ajouté qu’elle ne pouvait pas aller rendre visite à son fils car elle n’avait pas assez d’argent pour voyager.
SUICIDE FORCÉ
On rapporte en outre qu’un autre prisonnier kurde, Ercan Morkoç, qui se trouvait dans la même prison, a été poussé à se suicider. Lors d’un appel téléphonique avec sa famille aujourd’hui, Ercan Morkoç a déclaré qu’Orhan Hacıoğlu, Abdulmenav Çetin, H. Masal, Tolga Okçu avaient été emmenés à l’hôpital puis placés en quarantaine. Morkoç a rapporté que des gardiens de la prison avaient laissé des cordes et des lames de rasoir dans le quartier où se trouvaient les prisonniers Hacıoğlu, Çetin, Masal, Okçu et Ali. Les gardiens lui ont dit de se tuer, de se pendre et ont apporté des cordes et des rasoirs.
Morkoç a également déclaré que les prisonniers en question ont entamé une grève de la faim. ANF
Hier, Hikmet Yılmaz, le frère de Ferhan Yılmaz, déclarait que son frère avait été tué en prison à deux jours de sa libération: « Sa lèvre supérieure était aussi enflée qu’un poing, son œil était violacé. Du sang coulait de ses yeux. Il avait une marque de corde de 20 cm sur sa gorge. Ils disent qu’il a pris des médicaments. Pourquoi une personne à qui il reste 2 jours pour sa libération devrait-elle se suicider ? Mon frère a été tué sous la torture. » (Plus d’info sur le meurtre de Ferhan ici)