AccueilFemmesLes Mères Kurdes de la Paix solidaires des habitants de Marioupol

Les Mères Kurdes de la Paix solidaires des habitants de Marioupol

« Quelle qu’en soit la raison, un pays ne peut pas entrer sur le territoire d’un autre pays, il ne peut pas l’envahir, il ne peut pas y faire un massacre. Nous, en tant que mères de paix kurdes, partageons les mêmes sentiments que vous. Vos exigences sont aussi les nôtres. Nous signons votre tribune. » C’est ainsi que la présidente de l’initiative des mères kurdes de la paix d’istanbul, Türkan Kocadag répondait au courriel envoyé par Nanou Rousseau, Présidente d’honneur de la Fédération Nationale des Mères pour la Paix. En effet, la Fédération Nationale des Mères pour la Paix a contacté de nombreuses organisations des mères de la Paix pour dénoncer ensemble le martyr de la ville ukrainienne de Marioupol soumise aux bombardements massifs de la part de la Russie depuis un mois et où la population est privée d’eau, d’électricité, du gaz, et des moyens de communication.
 
Voici le texte de la Fédération Nationale des Mères pour la Paix cosigné par de nombreuses organisations de femmes à travers le monde:
 

Appel des associations des Mères pour la Paix

Il est urgent de sauver la population martyre de Marioupol

Ainsi que toutes les populations civiles ukrainiennes tombées sous le joug de l’envahisseur russe. 

Assiégée depuis le début de la guerre en Ukraine, la ville de Marioupol résiste. Mais la situation est chaque jour plus désespérée : plus d’eau potable , ni d’électricité, ni de possibilité de communiquer avec ses  proches, l’agresseur russe ayant coupé les réseaux téléphoniques. Terribles, incessants, les bombardements ont détruit 90% de la ville : au bout d’un mois, on estime à plusieurs milliers le nombre de morts.

Les rues sont vides, impraticables, hostiles parsemées de débris dangereux dans tout l’espace public où sont abandonnés de nombreux cadavres comme c’est aussi le cas sans doute dans les appartements auxquels on ne peut plus accéder. Les quelques 160000 habitants encore présents se terrent dans les caves  en tentant de maintenir les réseaux de solidarité et de partage avec un courage inouï, en dépit du désespoir qui s’installe avec la terreur des bombardements, la douleur lancinante causée par la perte des proches, et maintenant la faim et la soif. « Même le vent est mort » écrit une habitante.

Il y a peu, les chars russes sont entrés dans la ville et derrière eux les milices tchétchènes de Kadirov, d’ autres milices et d’autres professionnels du FSB, qui, immeuble par immeuble viennent « terminer le boulot », pour les uns, leur sale boulot, qui démultiplie les occasions de commettre des crimes contre les civils : pillages, viols, assassinats…, pour les autres, le travail d arrestation et d incarcération des opposants présumés au pouvoir russe. On sait déjà que 20000 personnes ont été forcées de partir en destination de la Russie.

Il faut en avoir conscience : sur les 300 000 habitants de Marioupol, ceux restés en ville sont physiquement les plus vulnérables : des femmes, des enfants, des personnes âgées invalides ou malades. Ce sont aussi les plus modestes économiquement et socialement. Partout, toujours, les victimes qui souffrent le plus des guerres sont aussi celles qui sont le moins bien loties en temps de paix. En s’installant dans la durée, la guerre amplifie chaque jour le désastre : des enfants dont tous les proches ont été tués, errent dans le cauchemar de la ville dévastée sans savoir où aller : nombre de réfugiés dans les caves n’ont tout simplement plus d’appartement où imaginer retourner un jour. Mais sans moyens financiers, sans moyens de communication, sans réseau d’accueil, comment et où partir tant qu’il en est encore temps ? Dans la partie de la ville tombée aux mains des Russes, la seule porte de sortie offerte aujourd’hui aux assiégés l’est par l’agresseur lui-même : un corridor humanitaire en direction de la Russie, assorti de quelques distributions alimentaires devant lesquelles se forment de longues files d’attente, filmées avec complaisance par les caméras russes. 

Imagine-t-on une seule seconde que le pouvoir d’un pays qui interdit à sa population de prononcer le mot de « guerre » puisse « accueillir » dignement ses propres victimes et leurs traumatismes, laisser vivre en paix les habitants de Marioupol ?

 Pense-t-on sérieusement qu’il est prêt à prendre le risque de leurs futurs témoignages sur la plausibilité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ? 

Peut-on affirmer que rien ne présage d’un nouveau crime à grande échelle contre cette population déjà martyre ? 

Pensons aussi à toutes les populations civiles ukrainiennes dans les villes et les villages, tombés sous la domination russe. Qu’est-ce qui les attend ?

Nous, associations des Mères pour la Paix dans le monde, alertons sur le sort réservé à la population prise en otage à Marioupol et refusons sa déportation vers la Russie. 

Nous demandons instamment à la Communauté Internationale de tout faire pour ne pas la laisser aux mains d’un pouvoir qui, une fois de plus, après Grozny, après Alep, démontre que sa principale tactique de guerre est l’usage des crimes contre les civils. Si rien n’est fait pour sauver la population de Marioupol, nous aurons collectivement sur notre conscience le sort que ce pouvoir-là lui réserve.

Fédération des Mères pour la Paix

Envoyer les signatures à : federation@merespourlapaix.org

 
Les premières organisations de femmes signataires du texte:
 
Amitiés Mères afghanes (AMA)
Association franco-chilienne Cordillera
Association des femmes victimes de Guerre
Mères des enclaves de Srebrenica-Zepa, Bosnie-Herzégovine
Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA)
Fondation Panzi de Kinsasha, République Démocratique du Congo
Marche Mondiale des Femmes
Femmes en Noir – Serbie
Mères kurdes de la paix (Bakûr / Turquie)
Mariannes du Nord
Maison des Femmes de Lille
Alliance des Femmes pour la Démocratie, France