TURQUIE – D’éminents politiciens kurdes Selahattin Demirtaş et Selçuk Mızraklı ont partagé de nouvelles photos de prison pour la première fois depuis février, lorsque Mizrakli a été transféré dans la cellule de Demirtaş, à Edirne, à des milliers de km du Kurdistan.
Selahattin Demirtaş, l’ancien coprésident emprisonné du Parti démocratique des peuples (HDP), a partagé mercredi via ses avocats une photo le montrant avec le Dr Selçuk Mızraklı, co-maire destitué de Diyarbakır (Amed).
La photo montre les deux politiciens kurdes faisant les cent pas dans la petite cour de la prison de type F d’Edirne. Trois cellules se partagent une cour de 30 m2 avec des murs de 8 m de haut, où les détenus peuvent prendre l’air ou faire les cent pas.
Auparavant, Demirtaş partageait sa cellule avec Abdullah Zeydan, un autre député du HDP, libéré en janvier après cinq ans derrière les barreaux.
Mızraklı, qui a été arrêté peu de temps après avoir été élu maire du HDP avec 62,9 % des voix en 2019, a demandé à être transféré à Edirne depuis la prison de Bünyan à Kayseri après la libération de Zeydan. Il a été placé dans la même cellule que Demirtaş après le transfert.
Demirtaş lui-même a été arrêté en 2016 pour des accusations de terrorisme, y compris de propagande terroriste pour des discours qu’il a prononcés dans le cadre de ses fonctions de député et de coprésident du deuxième plus grand bloc d’opposition du pays.
Il s’est également présenté à la présidence depuis sa cellule de prison lors des élections de 2018. Tout en remportant quatre millions de voix, soit 9,76 % du total, il a perdu face au président Recep Tayyip Erdoğan.
Au cours de sa course, le politicien kurde et avocat des droits humains a pu prendre des photos plus fréquemment, mais en dehors de la campagne présidentielle, le public a eu du mal à garder un œil sur Demirtaş car les occasions de le voir sont rares.
Officiellement, pour se faire photographier, les détenus n’ont qu’à faire appel à l’administration pénitentiaire et prendre rendez-vous avec le photographe sur place. Dans la pratique, les demandes peuvent rester sans réponse ou prendre des mois.
Finalement, les détenus reçoivent des copies physiques des photos, qu’ils doivent ensuite remettre à leurs avocats ou aux membres de leur famille lors de visites.