SYRIE / ROJAVA – Le nom d’Hevrîn Xelef, politicienne kurde tuée par des islamistes en 2019 lors de l’invasion de Serê Kanîyê par la Turquie, a été donné à une pépinière inaugurée à Qamishlo.
Une pépinière portant le nom de Hevrîn Xelef a été ouverte dimanche à Qamishlo. Il s’agit d’un projet conjoint de la Direction Générale de l’Agriculture et du Développement Rural et du Comité des Forêts. Les préparatifs avaient pris des mois et environ 12 000 jeunes arbres ont été cultivés jusqu’à présent. Ils ont plantés pour le reboisement du Rojava.
En même temps, le jardin créait aussi un lieu de perpétuation du souvenir, disait-on. La date de l’inauguration de la pépinière n’a pas été choisie au hasard par les comités responsables, mais a été déterminée pour ce jour. Depuis des jours, des célébrations ont lieu dans la région autonome du nord et de l’est de la Syrie à l’occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 mars.
Le ruban d’ouverture rouge traditionnel était donc violet et a été coupé par la mère de Hevrîn Xelef, Suad Mistefa. Elle était visiblement touchée et émue. Dans un salut aux nombreux invités, parmi lesquels se trouvaient des membres de la société civile, des partis politiques, du mouvement écologiste et de l’organisation faîtière des femmes Kongra Star, Mistefa a souhaité « aux révolutionnaires, mères, prisonnières et combattantes de ce monde » à l’occasion de la Journée des droits des femmes du 8 mars.
Havrin Khalaf, ou Hevrîn Xelef, est née en 1984 à Dêrik, ville du nord de la Syrie. Elle a grandi enfant dans une famille socialement et politiquement engagée. Quatre de ses frères et la sœur d’Havrin, Zozan, ont rejoint la lutte de libération et sont tombés dans les rangs du mouvement de libération kurde.
Sa mère Sûad a participé à de nombreuses assemblées populaires d’Abdullah Öcalan. Ce qu’elle a appris ici a également eu une grande influence sur l’éducation et le développement de la personnalité de Havrin. Après avoir terminé ses études à Dêrik, Havrin a étudié l’agronomie à Alep. Après avoir terminé ses études, elle est retournée à Dêrik. Avec le début de la révolution au Rojava, Havrin a participé à la lutte pour la liberté et au travail du mouvement des jeunes. Peu de temps après, elle a commencé à organiser des activités de développement de la société civile et a assumé des postes de direction au sein du Conseil économique de Qamishlo. En 2015, avec la proclamation de l’Administration démocratique autonome, elle a pris la responsabilité de coprésidente adjointe du Comité de l’énergie de l’autonomie démocratique du canton de Cizière.
Dans son travail, elle a accordé une attention particulière aux besoins économiques des femmes et au développement de l’économie des femmes. En 2018, Havrin a participé au processus de création et de fondation du Parti Avenir de la Syrie dans le but de défendre les intérêts de tous les groupes de population syriens et un renouveau démocratique de la Syrie. Lors de la fondation de son parti le 27 mars 2018 à Raqqa, elle s’est engagée de manière désintéressée dans la tâche de la secrétaire générale. S’exprimant à l’occasion du 8e anniversaire du soulèvement populaire en Syrie, Havrin a exprimé sa conviction que la crise politique en Syrie ne peut être résolue par la guerre.
Dans chacun de ses discours, Havrin a souligné l’importance du dialogue entre les différentes forces politiques et communautés syriennes. Elle insiste pour que les peuples déterminent leur propre avenir et façonnent ensemble leur propre vie politique et sociale. À travers sa lutte politique, Havrin a appelé tous les cercles de la société et les acteurs politiques à participer à une solution démocratique à la crise en Syrie.
Avec le début de la guerre d’occupation turque contre les territoires de l’administration démocratique autonome du nord et de l’est de la Syrie le 9 octobre 2019, Havrin a résolument poursuivi sa lutte politique, jusqu’au jour de son exécution.
Havrin Khalaf a joué un rôle inoubliable dans la révolution des femmes du Rojava et de la communauté des peuples avec sa vie et son travail. La commémorer, c’est défendre plus résolument que jamais la révolution des femmes dans le nord et l’est de la Syrie qui est un espoir pour tous les pays du Moyen-Orient et du monde.