Criminalisé par la Turquie et ses alliés occidentaux, Abdullah Ocalan – que certains qualifient de « Mandela kurde » – croupie sur l’île prison d’Imrali, en Turquie, depuis plus de 23 ans. Les Kurdes et leurs amis exigent depuis 23 ans qu’il soit libérer pour résoudre la question kurde. Mais la Turquie, l’Europe et les USA refusent tout net cette demande. Ils préfèrent la continuation de la guerre au Kurdistan et le massacre des Kurdes et des Yézidis, qu’ils soient au Kurdistan du Bakûr, dans le Nord de l’Irak, à Shengal et au Rojava…
L’ami des Kurdes, André Métayer rappelle que sans Ocalan, on ne peut espérer avoir la paix au Kurdistan et exige sa libération immédiate.
« Pourquoi, après 23 ans d’enfermement, où tout est fait pour qu’il soit l’oublié de l’Histoire, Abdullah Öcalan suscite-t-il toujours autant d’attention – pas toujours bienveillante – dans le monde et de ferveur chez les Kurdes, toutes générations confondues ? Pourquoi Abdullah Öcalan, président du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui a fait l’objet d’un véritable complot international, reste-t-il l’interlocuteur incontournable de l’Etat turc en vue d’un règlement politique de la question kurde ?
Un complot international visait à éliminer Öcalan de la scène politique
Abdullah Öcalan, né en 1949, était, lors du coup d’État de 1980 fomenté en Turquie par une junte militaire, secrétaire général d’un tout nouveau parti créé le 27 novembre 1978, le PKK. Les premières actions de guérilla sur le sol de Turquie de ce mouvement de résistance, qu’il dirigea depuis la Syrie où il s’était réfugié, commencèrent dès 1984. Il fut livré à la Turquie le 15 février 1999 au terme d’une machination internationale politico-barbouzarde, mise à exécution au Kenya alors qu’il faisait route vers l’Afrique du Sud. Abdullah Öcalan est condamné à la peine capitale par la Cour de sûreté d’Ankara, le 29 juin 1999, lors d’un procès que la Cour européenne des Droits de l’Homme jugera “inéquitable” : la peine de mort (abolie entre temps) sera commuée en détention à perpétuité. Abdullah Öcalan est depuis détenu dans une île de la mer de Marmara, l’île-prison d’Imrali, connue pour avoir embastillé des personnalités célèbres comme le premier ministre turc Adnan Menderes (exécuté en 1961) ou encore le célèbre réalisateur de films Yilmaz Güney. C’est alors qu’il devint le leader incontesté du peuple kurde.
Öcalan, homme d’Etat
Le procès d’Abdullah Öcalan va marquer un tournant dans le conflit turco-kurde et donner à l’accusé une tribune pour faire connaître au monde entier les raisons de son combat et les solutions qu’il préconise :
Il n’est pas dans mon propos de répondre point par point, dans le détail, au réquisitoire de Monsieur le Procureur Général, mais de me pencher sur la question principale, à savoir la possibilité d’aménager un compromis et de trouver une solution historique à la question kurde, incluant le PKK en tant qu’instigateur du dernier soulèvement qu’on peut qualifier de guerre à moyenne portée et dans lequel j’ai œuvré pour créer les conditions d’une paix négociée.
Il dit plus loin :
Un peuple peut vivre sur plusieurs Etats et plusieurs peuples peuvent cohabiter à l’intérieur d’un même Etat, à condition qu’il soit démocratique. (“Ma Défense” 1999).
Il propose ni plus ni moins l’abandon de la lutte armée en échange de garanties législatives et constitutionnelles. C’est dans ce contexte particulièrement difficile qu’Abdullah Öcalan est apparu publiquement en homme d’Etat, alors que d’aucuns ne voulaient voir en lui qu’un chef de guerre “tueur d’enfants” qu’il fallait pendre haut et court. Ses ennemis ont brocardé ses propos et certains de ses amis n’ont vu que la plaidoirie d’un lâche voulant sauver sa peau. Le Monde du 10 novembre 1999 titra imprudemment ” Abdoulla Ocalan, la fin d’un mythe”… Pourtant, il était patent qu’Abdullah Öcalan, fort du soutien du peuple kurde, allait s’imposer comme un interlocuteur incontournable avec lequel la Turquie devrait négocier. Il aura fallu 14 ans de cachot avant que ce message d’Öcalan de 1999, actualisé lors du Newroz 2013, ne soit audible pour la presse et la communauté internationale. Vingt-trois années sont passées, il a écrit plusieurs livres, traduits en plusieurs langues, notamment sur le “confédéralisme démocratique”, une forme d’autonomie politique et culturelle qui permettra aux Kurdes de s’autogouverner sans remettre en cause l’intégrité territoriale de chacun des pays dans lesquels ils se trouvent. L’Union des communautés du Kurdistan (KCK), aujourd’hui Congrès pour une société démocratique (DTK) en est une première application, Si le processus, farouchement combattu par le président Erdoğan, est bloqué en Turquie, il est à la base de l’organisation de la société mise en place au Rojava (Kurdistan de Syrie). Aujourd’hui, sa position est globalement comprise, approuvée et plébiscitée. »
Publié sur le site Amitiés Kurdes de Bretagne