TURQUIE / BAKUR – Le 5 janvier 2016, Sêvê Demir, Pakize Nayır et Fatma Uyar, 3 militantes kurdes ont été tuées par les forces armées turques lors d’un couvre-feu, à Silopi, district de Sirnak. Six ans après ce triple féminicide d’État, nous nous inclinons devant la mémoire de ces 3 héroïnes de la liberté qui ont rejoint le long cortège funèbre des femmes kurdes tuées délibérément par l’État turc, même en Europe, comme on l’a vu le 9 janvier 2013, à Paris, où un agent turc a tué Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez…
Pakize Nayır, la présidente de l’Assemblée populaire de Silopi, Sêvê Demir, membre du parti politique kurde (DBP) et Fatma Uyar, membre du conseil d’administration du Mouvement des femmes libres (KJA) ont été abattues de sang froid par des soldats turcs. Ces femmes avaient prévu de se rendre au quartier Yesilyurt, depuis le quartier Karsiyaka, afin d’y aider la population civile qui était piégée par le couvre-feu pendant lequel des crimes de guerre et crime contre l’humanité ont été commis par l’armée turque. Un char de l’armée turque a pris pour cible les trois femmes et les soldats ont empêché l’arrivée des secours, les laissant mourir dans d’affreuses souffrances dans une longue agonie…
Pas de justice en vue dans le dossier de ce triple assassinat
Malgré des photographies et des enregistrements concernant le ce triple meurtre, à cause d’une décision de confidentialité, les avocats des victimes n’ont pas accès au dossier et on ne sait pas s’il y a des démarches juridiques en cours.
Pakize Nayir
Pakize Nayir est née le 13 avril 1989 dans le quartier Silopi de Sirnak. Elle a passé son enfance et toute sa vie à Silopi. Pakize assuma très tôt la responsabilité matérielle et morale du foyer parental. Elle a commencé à travailler dans l’industrie textile à l’âge de 12 ans et a accompagné ses parents pour des travaux saisonniers au printemps. D’une part, Pakize prenait soin de sa famille et, d’autre part, elle ne pouvait ignorer la lutte de résistance et faisait partie du mouvement de libération kurde. À un jeune âge, elle a participé au travail des femmes et aux activités politiques. Elle a fait vivre sa famille en ouvrant un salon de coiffure et en parallèle, elle a repris toutes les fonctions de coprésidente de Silopi.
Sêvê Demir
Sêvê Demir est née en 1974 dans le village de Sute dans le district de Savur, à Mardin, dans le sud-est de la Turquie. Elle a dû émigrer à Manisa, en Turquie, dans les années 90 en raison de l’intensification de la répression de l’État turc. Ici, elle a travaillé comme ouvrière agricole dans les champs de coton, de poivre, de tomates et de raisins. Plus tard, Sêvê a également décidé de quitter Manisa, car elle ne pouvait pas supporter la discrimination raciste contre son identité kurde. Dans son travail politique, elle s’est d’abord impliquée activement dans le travail des femmes et a mené des activités politiques à Ankara, puis à Diyarbakir, Konya et Mardin. Elle a également participé à la fondation de Tevgera Jinen Azad û Demokratik (mouvement des femmes libres et démocratiques) en 2005. Elle a été arrêtée à Nusaybin en 2009.
Sêvê, qui a été emmenée à la prison de Diyarbakir, a participé aux grèves de la faim de 2012. Celles-ci ont été initiées pour améliorer les conditions carcérales d’Abdullah Ocalan sur l’île de la prison d’Imrali. Après sa sortie de prison, elle a joué un rôle actif dans les affaires politiques en tant que membre du DBP en 2014. Toujours dans ce processus, elle a pris très au sérieux le travail des femmes et les luttes politiques. Au cours des processus d’autonomie gouvernementale, elle a également été impliquée dans les activités du parti dans le quartier Silopi de Sirnak.
Fatma Uyar
Fatma Uyar est née le 28 août 1988 dans le village de Duhok à la périphérie de Gabar. Après la naissance de Fatma, sa famille a déménagé au centre de Sirnak. Dans les années 2000, Fatma s’est engagée en politique. Elle a d’abord travaillé au sein du mouvement de jeunesse kurde. En 2009, Fatma a été arrêtée et condamnée à 5 ans de prison. Un an après son arrestation, son père Resit Uyar a également été arrêté et envoyé en prison. Après sa libération en 2010, elle est retournée au travail politique et a travaillé au sein du KJA.