PARIS – Alors qu’on s’approche du 9e anniversaire de l’assassinat des activistes kurdes (Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez) à Paris, la justice française n’a toujours pas poursuivi les commanditaires qui sont derrière ce triple meurtre. C’est dans ce climat de colère et de détermination que la communauté kurde manifestera de nouveau dans plusieurs villes de France, le samedi 8 janvier 2022.
Pour les organisations kurdes en France, tant que la justice ne sera pas rendue dans ce dossier se heurtant au secret-défense, la France se rend coupable dans ce triple meurtre commandité depuis Ankara où se trouve le siège des renseignements turcs.
Tandis que les Kurdes d’île de France manifesteront à Paris le 8 janvier prochain, les Kurdes de la région marseillaise se rassembleront au vieux port de Marseille, le même jour, à 13:30 pour un départ de manifestation à 14 heures.
Événement organisé par le Collectif Solidarité Kurdistan 13
Le triple meurtre de Paris, 9 ans après, la justice se fait attendre
Le 9 janvier 2013, Sakine Cansiz, Fidan Dogan, Leyla Soylemez, trois militantes kurdes, étaient assassinées ensemble à Paris par un membre des renseignements turcs (MIT) selon de nombreux éléments de l’enquête fuités dans la presse. Malgré cela, les autorités françaises n’ont toujours pas rendu justice au peuple kurde 8 ans après ce triple assassinat politique commis sur le sol français car les intérêts étatiques entre la France et la Turquie sont autrement plus importants que la quête de justice d’un peuple apatride.
Malgré ces obstacles de taille, les proches des 3 victimes et les organisations kurdes d’Europe, ainsi que leurs amis militent activement pour obtenir justice sur ce dossier pour le moment relevant de « raison d’État ». Après la mort en décembre 2016 d’Omer Guney, le tireur présumé arrêté en France en lien avec ce triple meurtre, quelques semaines avant le début du procès prévu le 23 janvier 2017, on croyait l’affaire close.
En effet, bien que la justice française s’est empressée de classer aussitôt l’affaire, les avocats des familles des victimes sont intervenus, rappelant que, même si celui qui tué les 3 femmes est décédé, les commanditaires de ce triple meurtre ne le sont pas et qu’ils sont étroitement liés aux services secrets turcs. Ainsi, les familles des trois victimes se sont constituées partie civile en 2018 et ont réussi à ce qu’en mai 2019, l’affaire soit relancée « pour les faits de complicité d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste et d’association de malfaiteurs terroriste criminelle ». « L’enquête judiciaire a mis en évidence que l’un des mobiles les plus plausibles de ce triple assassinat pouvait être mis en relation avec les activités supposées d’Ömer Güney en France au sein des services secrets turcs [MIT], » écrivait d’ailleurs la juge d’instruction chargée du dossier.