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BELGIQUE. Ouverture du procès des escadrons de la mort liés aux services secrets turcs

BRUXELLES – Le procès des suspects impliqués dans la tentative d’assassinat d’éminents politiciens kurdes en Europe en 2017 débute ce premier octobre en Belgique.
 
Une enquête sur la tentative d’assassinat d’éminents politiciens kurdes en 2017 débouche sur un procès dont la première audience a lieu aujourd’hui en Belgique.
 
L’enquête menée en Belgique concernant la tentative d’assassinat visant le coprésident de KONGRA GEL Remzi Kartal et le membre du Conseil exécutif du KCK (Union des communautés du Kurdistan) Zübeyir Aydar a été achevée. L’affaire sera jugée par un tribunal belge.
 
Dans l’enquête, il existe des preuves concrètes qui remontent jusqu’à la capitale turque Ankara où se trouve le siège des renseignements turcs (MIT). Le dossier est resté longtemps confidentiel.
 
Selon les sources proches du dossier, le parquet belge a d’abord « étrangement » affirmé qu’il n’y avait pas lieu d’un procès et a exigé la clôture du dossier.
 
Le tribunal civil de première instance de Bruxelles devait décider le 27 avril 2021 si une action en justice serait intentée, mais celle-ci a été reportée.
 
Après une audience tenue le 21 mai suivant, la décision devait être rendue le 18 juin. Lors de la dernière audience, le tribunal a décidé d’ouvrir un dossier et le parquet ne s’est pas opposé. La première audience de l’affaire a lieu ce 1er octobre.
 
Cette décision ouvre une nouvelle voie en Europe puisque l’escadron de la mort turc sera jugé avec ses nombreuses relations.
 
Des preuves importantes ont été trouvées dans l’enquête. Il existe des liens directs avec Ankara notamment, selon les sources proches du dossier.
 

Le réseau d’espions turcs est basé à Paris

Le siège principal de l’équipe d’assassins est en France. Les résultats indiquent que le réseau d’espions et de tueurs à gages d’Ankara est basé à Paris. Les autorités françaises connaissent également le réseau turc. Les informations demandées par les autorités judiciaires belges à la France restaient partielles. Certaines écoutes téléphoniques, photographies et documents relatifs aux suspects révèlent un lien évident avec le régime Erdogan.

Plusieurs noms sont apparus au cours de l’enquête. Zekeriya Çelikbilek et Yakup Koç en font partie. Çelikbilek, ancien militaire, vit en région parisienne. Yakup Koç a également séjourné dans de nombreux pays d’Europe.

En juin 2017, Zekeriya Çelikbilek et Yakup Koç, qui utilisait le surnom de « colonel » et avaient une carte d’identité officielle de la police turque, et Hacı Akkulak d’origine kurde qui espionnait pour ce réseau, ont été arrêtés alors qu’ils circulaient en voiture autour du Congrès national du Kurdistan (KNK) à Bruxelles dans une voiture Mercedes noire pour l’exploration.

S’étant rendu compte que l’affaire irait jusqu’à des assassinats, Akkulak met en garde les autorités kurdes et coopère avec la police belge. Dans la ville de Gand, un homme d’affaires turc nommé Necati Demiroğlulları est accusé d’avoir fourni la logistique au réseau d’assassinats. Demiroğulları est le gendre de Yakup Koç.

Plusieurs autres noms et leurs liens avec les « hauts » dirigeants turcs ont également été identifiés dans l’enquête.

Le 25 mars 2021, ANF a publié des photographies de Zekeriya Çelikbilek, prises dans le jardin du palais du président turc Erdogan à Beştepe, Ankara et de l’ambassade de Turquie à Paris.

Il y avait aussi une autre photo de Çelikbilek avec l’ancien ambassadeur de Turquie en France, Ismail Hakkı Musa. L’enquête belge révèle que Musa est considéré comme le « coordinateur » du réseau à Bruxelles.

Musa, l’ancien numéro deux des services de renseignement turcs (MIT), est rentré en Turquie le 14 mars en annonçant la fin de son mandat à l’ambassade alors que les soupçons se renforçaient. Musa était le numéro deux du MIT lors du meurtre de trois femmes révolutionnaires kurdes à Paris en janvier 2013.

 
Maxime Azadi, pour ANF