SYRIE / ROJAVA – La survivante yézidie, Assimah Jassim Khadr, raconte l’histoire de son enlèvement à l’âge de 12 ans, les massacres et les enlèvements de femmes et d’enfants à Shengal, ainsi que l’enfer qu’elle a vécu en tant qu’esclave sexuelle, jusqu’au jour où elle fut sauvée par les forces kurdes.
La survivante yézidie, Assimah Jassim Khadr, qui a 19 ans maintenant, est née dans le village de Beberouj, à Shengal (Şengal). Elle avait une grande famille de six femmes et trois hommes. Elle a été kidnappée à 12 ans lorsque des mercenaires de l’État islamique ont lancé une attaque brutale contre le Şengal et a été laissée aux mains des mercenaires de l’Etat islamique, lorsque les forces peshmergas du PDK ont abandonné le Şengal, laissant sa minorité religieuse yézidie dans les griffes de l’Etat islamique, et Assimah fut une des milliers de Yézidis abandonnés à la barbarie de l’État islamiques (EI / DAECH / ISIS).
Capturée en pleine nuit
Assimah, qui a été libérée après près de 7 ans de captivité, d’esclavage et de torture, a raconté à l’agence de presse Hawar certaines des horreurs qu’elle a rencontrées et a déclaré: « Nous vivions à Şengal en paix et en sécurité avant l’attaque de l’Etat islamique. En août 2014, nous avons entendu les bruits de tirs intenses et les forces peshmergas du Parti démocratique du Kurdistan quittant la région, elles étaient censées nous protéger. Ils ne nous ont même pas informés de ce qui se passait pour que nous puissions partir avant l’arrivée de l’Etat islamique.
Les Yézidis n’étaient plus en mesure de faire quoi que ce soit. Nous avons essayé de nous enfuir et de nous diriger vers le mont Şengal, mais des mercenaires de l’Etat islamique ont assiégé la foule yézidie, et ils ont tué de nombreux jeunes hommes à ce moment-là (…). »
Descente aux enfers
« Après nous avoir rassemblés et trié les jeunes hommes, les jeunes femmes et les personnes âgées, et séparé toutes les familles les unes des autres, et transféré les filles à Mossoul, et je ne sais pas ce qui est arrivé à ma famille et au reste de la population de Şengal », dit-elle.
Après son arrivée à Mossoul, elle a été transférée à la soi-disant «Cour de la charia» de l’Etat islamique et emprisonnée à l’intérieur du tribunal pendant 10 jours, après quoi ils l’ont vendue à un membre de l’Etat islamique de nationalité irakienne, appelé «Al-Baraa», 21 ans, pour vivre la torture et les viols.
Torturée, brûlée et violée
Khader a déclaré: « Je suis restée avec le jeune irakien pendant deux ans et demi, au cours desquels j’ai vécu un véritable cauchemar et soumise à la torture, aux coups et aux insultes. Il était interdit de quitter la maison jusqu’à ce qu’il me brûle la main tatouée au nom de mon père, sous prétexte que c’est «interdit » !
Tatouage brûlé
Khader fut ensuite vendue à un autre État islamique syrien de 45 ans, appelé « Al-Qaqaa », qui l’a transférée en Syrie.
Elle a poursuivi: «Je suis restée 2 ans en Syrie, puis il m’a aussi vendue à un autre membre de l’Etat islamique d’Al-Baghouz appelé« Abdul Karim »et je suis restée avec lui pendant un an et plusieurs mois et j’ai donné naissance à un enfant. Le mercenaire Abdul Karim a été tué à Al-Baghouz. »
D’Al-Baghouz au camp d’Al-Hol
Assimah dit qu’après la bataille d’Al-Baghouz, elle a été transférée avec le reste des femmes de l’EI par les FDS au camp d’Al-Hol, déclarant que les femmes de l’Etat islamique lui avaient ordonné de ne pas révéler son identité yézidie aux forces démocratiques syriennes (FDS), pour ne pas être envoyée à Şengal, où elle serait tuée par les gens de sa communauté. Elle dit qu’elle ne savait rien des FDS, elle a donc préféré garder le silence et rester avec les femmes de l’Etat islamique dans le camp d’Al-Hol pendant deux ans.
Évasion du camp d’Al-Hol
Assimah dit qu’après deux ans, certaines de ses amies du camp lui ont dit qu’elles fuiraient le camp par le biais de passeurs. Elles ont réussi à s’échapper et à atteindre la ville d’Al-Busairah, dans la campagne de Deir ez-Zor.
Elle a déclaré qu’elle vivait avec l’une des femmes de l’Etat islamique là-bas dans de mauvaises conditions de vie et a entendu des histoires de certaines des femmes de la ville sur la libération des femmes yézidies et de les amener à Şengal en toute sécurité sans leur faire de mal. Finalement, elle est allée au centre pour femmes Asayîş (forces de sécurité) à Deir ez-Zor et révélé son identité.
La délivrance
Les Asayîş de Deir Ezzor l’ont transférée dans la région de Jazira, et cette dernière a contacté la Maison yêzidie qui a reçu la survivante et la livrera bientôt à sa famille à Şengal.