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ROJAVA. Plus d’un million de déplacés privés d’aide humanitaire

ROJAVA – Alors que le froid hivernal se fait sentir dans le nord de la Syrie, plus d’un million de réfugiés internes vivant dans les régions tenues par les Kurdes sont privées d’aide humanitaire en raison du veto russe qui a entraîné la fermeture du point de passage de Tel Koçer, et aussi car l’ONU passe par le gouvernement de Damas qui confisque l’aide et la distribue à ses partisans.

La guerre syrienne qui dure depuis près de 10 ans a provoqué un déplacement interne dû aux combats entre les forces du régime syrien, des groupes de mercenaires alliés à la Turquie et de l’armée turque, forçant les déplacés à se réfugier dans les régions du nord-est de la Syrie.

Les camps du Rojava accueillent des déplaces d’Alep, Homs, de la campagne de Damas, de Deir ez-Zor, d’Idlib et d’autres zones, sans parler des Irakiens et des familles des mercenaires de DAECH.

En outre, plusieurs centaines de milliers de personnes déplacées sont venues d’Afrin, de Serêkaniyê et de Girê Spî / (Tal Abyad), fuyant les attaques de l’occupation turque en 2018-2019.

Plus d’un million de personnes déplacées

Selon le directeur du Bureau des organisations pour les affaires des personnes déplacées et des réfugiés, Sheikmous Ahmed, le nombre de personnes déplacées dans le nord-est de la Syrie est de 1,25 millions de personnes déplacées.

Parmi ceux-ci, près de 900 000 déplacés vivent en dehors des camps, et 125 000  se trouvent dans des camps.

Depuis 2014, les camps de l’Administration autonome de la Syrie du Nord et de l’Est accueillent les Yazidis fuyant les massacres commis par DAECH à Şengal, puis des camps pour les réfugiés de Raqqa, Tabqa, Manbij et Deir ez-Zor ont été créés pour ceux qui ont fui la répression de l’État islamique (EI / DAECH). En 2018, les camps ont accueilli des Kurdes d’Afrin qui ont fui les attaques de la Turquie, et en 2019, ceux de Girê Spî et Serêkaniyê, qui ont également fui l’invasion turque.

15 camps

Cheikmos Ahmed a déclaré que le nombre total de camps dans les régions du nord-est de la Syrie est de 15.

Parmi ces camps, 6 dans la région d’Al-Jazeera accueillant le plus grand nombre de personnes déplacées et de réfugiés. Ces camps sont : Al-Hol, Areesheh, Roj, Newroz, Serêkaniyê et Washokani.

Dans le canton d’Al-Shahba se trouvent 5 camps : Barkhwadan, Sardam, Al-Awuda, Afrin et Al-Shahba.

Il y a également un camp pour les déplacés de Girê Spî, ouvert après l’occupation turque dans la ville de Tal al-Samen, au sud de Raqqa.

Le camp de Mahmoudli a également été ouvert à Tabqa, et deux camps à Manbij, destinés aux personnes déplacées fuyant la campagne d’Alep et d’Idlib.

Cheikmos Ahmed a indiqué qu’il existe des centaines de camps aléatoires dispersés dans les villages et les prairies de « Manbij, Raqqa, Tabqa et la campagne de Deir ez-Zor ».

Les ONG sont parties après les attaques de la Turquie et la fermeture du seul point de passage avec un veto russe

Avec le début des attaques de l’occupation turque sur les villes de Girê Spî et Serêkaniyê le 9 octobre 2019, un grand nombre d’ONG ont quitté les régions du nord-est de la Syrie, à un moment où des milliers de personnes déplacées qui ont fui les attaques de l’occupation turque avaient besoin d’aide.

Selon les statistiques du Bureau des organisations pour les personnes déplacées et les réfugiés, le nombre d’ONG actives dans la région avant les attaques s’élevait à environ 34 ONG locales et internationales.

Dans ce contexte, Ahmed a déclaré qu’auparavant, depuis 2018, avec le début des attaques sur la ville d’Afrin, l’ONU avait quitté la région.

Ahmed a évoqué le veto de la Russie en janvier, concernant les points de passage pour l’entrée de l’aide humanitaire en Syrie, selon lequel le point de passage de Tel Koçber (Al-Yarubiyah), le seul point de passage pour l’acheminement de l’aide, était fermé dans le nord-est de la Syrie.

Ahmed a souligné que le veto russe est venu soutenir la politique du gouvernement de Damas et de l’occupation turque pour faire pression sur l’administration autonome, critiquant l’utilisation des points de passage comme une carte de pression politique.

Avec le nouveau pic du coronavirus en Syrie, au nord-est du pays, la situation s’est aggravée, car les camps n’ont reçu aucun soutien, et dans ce contexte, Ahmed a critiqué le rôle de l’Organisation Mondiale de la Santé, qui aurait dû travailler à l’ouverture du point de passage pour l’aide.

L’aide internationale qui n’atteint pas les personnes déplacées et les familles de l’EI passée en contrebande

Les ONG ont été contraintes de coopérer avec le gouvernement de Damas et le Croissant Rouge syrien pour acheminer l’aide.

Le gouvernement de Damas a profité de cette situation pour saisir l’aide envoyée à la Syrie du Nord et de l’Est, afin de la distribuer à ses partisans.

Ahmed a déclaré qu’il n’y a pas de débouché pour le canton d’al-Shahba, car la région est assiégée par les mercenaires de l’occupation turque d’une part, et d’autre part par le gouvernement de Damas.

Il a ajouté : « Lorsque l’administration autonome envoie de l’aide au canton d’al-Shahba, le gouvernement syrien la confisque ». Il  a confirmé que l’aide des Nations Unies est confisquée par le régime syrien, et vendue à Alep.

Peu de possibilités

Avec l’arrivée de l’hiver, des milliers de personnes déplacées ont besoin d’aide car elles vivent dans des tentes non adaptées au froid.

Ahmed a indiqué que l’Administration Autonome mettait tout en oeuvre pour venir en aide aux personnes déplacées vivant dans des camps.

Il a expliqué que la fermeture du point de passage de Tel Koçer, « Yarubiyah », et l’absence d’envoi d’aide et de soutien pendant toute une année, ont rendu très difficile la sécurisation de tous les approvisionnements, soulignant que les capacités de l’Administration Autonome ne sont pas suffisantes pour assurer tous les besoins hivernaux des déplacés.

Appels à l’aide

Le directeur du Bureau des organisations et des affaires relatives aux réfugiés, Cheikmos Ahmed, a lancé un appel aux Nations unies, aux organisations humanitaires et à la coalition internationale de lutte contre DAECH, ainsi qu’à l’Union européenne, pour qu’elles fassent leur devoir humanitaire et fassent pression sur la Russie et la Turquie afin qu’elles ouvrent le point de passage de Tel Koçer et qu’elles envoient du soutien et de l’aide aux personnes déplacées et aux organisations pour qu’elles retournent travailler dans la région.

Il a également exigé que le gouvernement irakien renvoie ses réfugiés dans le camp de Hol afin d’alléger le fardeau de l’administration autonome.

ANHA