ISTANBUL – Ce mardi, le théâtre municipal d’Istanbul accueillait la troupe kurde Teatra Jiyana Nû (Théâtre de la vie nouvelle) pour présenter une pièce en langue kurde. Le gouverneur du district de Gaziosmanpaşa l’a interdite à la dernière minute, prétextant que la pièce risquait de « perturber l’ordre public ».
La police turque a bloqué le théâtre municipal d’Istanbul cet après-midi pour empêcher la représentation de la pièce sur ordre du gouverneur du district de Gaziosmanpaşa quelques heures avant la projection, prétextant que la pièce risquait de « perturber l’ordre public ». La police a fait une descente dans le théâtre où les acteurs fraisaient leurs derniers préparatifs sur scène pour jouer une pièce de l’écrivain italien Dario Fo : « Berû: Klakson Borîzan û Birt » en langue kurde, connu en français sous le titre « Klaxon, trompettes… et pétarades ».
La comédienne de la troupe de théâtre du Centre culturel de la Mésopotamie (Mezopotamya Kültür Merkezi – MKM), Rugeş Kirici déclarait à la journaliste Anne Andlauer, peu de temps avant la présentation de la pièce : « L’important, c’est de savoir si ça se reproduira ou pas. Nous ne savons pas encore si c’est seulement un geste symbolique, nous ne savons pas si les scènes des théâtres municipaux seront ouvertes aux troupes kurdes à l’avenir… Nous rencontrons tous, sans exception, d’immenses difficultés. »
Ceyhun Ünlü, directeur général du théâtre municipal d’Istanbul, a réagi après que le gouverneur du district a interdit la pièce kurde ainsi : « Il y aura des jours où l’art sera libre. Cela ne signifie pas que nous resterons silencieux. Il n’y aura aucun changement dans notre perspective. »
En Turquie, où vivent plus de 20 millions de Kurdes, la langue kurde est vue comme une menace pour l’intégrité de la Turquie qui colonise le nord du Kurdistan.