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D’anciens membres de l’IE engagés par la Turquie à Serê Kaniyê et Tel Abyad

SYRIE / ROJAVA – Cela fait un an que la Turquie a lancé son opération dévastatrice « Printemps de la paix », après le feu vert donné par Donald Trump et ciblant principalement les Kurdes du Rojava. L’invasion a déplacé près de 300 000 civils, dont les Kurdes et toutes les minorités yézidies et chrétiennes, ainsi qu’un grand nombre d’Arabes.
 
Depuis lors, la Turquie a installé des milices arabes sunnites dans cette région (autrefois diversifiée, tolérante et laïque) responsables d’un large éventail de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, reconnus même par l’ONU dans un rapport récent.
 
Aujourd’hui, un nouveau rapport du Centre d’information du Rojava révèle l’identité de plus de 40 anciens membres de l’Etat islamique (EI / DAECH / ISIS) installés, financés et protégés par la Turquie dans les régions occupées. Le rapport révèle que de nombreux commandants, combattants et émirs de l’Etat islamique sont désormais inscrits sur la liste de paie turque, utilisant des cartes d’identité émises par la Turquie et recevant des commandes des services de renseignement turcs dans le cadre de « l’armée nationale syrienne » [ANS / SNA] contrôlée par la Turquie.
 
L’administration autonome de la Syrie du Nord et de l’Est (AANES) est généralement reconnue comme offrant les plus hauts niveaux de tolérance religieuse et ethnique, de droits de l’homme et de respect de l’état de droit de tout acteur syrien. Depuis leur occupation, Sere Kaniye / Ras al-Aïn et Tel Abyad sont passés d’une situation de paix, de laïcité et de prospérité relative à une situation dans laquelle des groupes armés contrôlés par la Turquie commettent un large éventail de crimes de guerre contre la population civile, notamment le viol de femmes, la torture et les exécutions sommaires, enlèvement contre rançon, extorsion, confinement forcé des femmes à la maison et, dans certains cas, imposition stricte de la charia, des féminicides et des viols et séquestration des filles et des femmes.
 
Loin d’agir pour lutter contre le terrorisme, les invasions par la Turquie et l’installation du SNA dans des régions autrefois contrôlées par le SNA ont fourni des havres de sécurité aux terroristes recherchés dans le monde. Les frappes aériennes américaines visent régulièrement des militants de haut niveau liés à al-Qaïda ou à l’Etat islamique, se déplaçant librement dans le territoire sous contrôle turc. En 2019, le Centre d’information du Rojava a publié un rapport largement couvert identifiant plus de 40 anciens membres de l’Etat islamique faisant désormais partie des forces soutenues par la Turquie à Afrin. Ils comprennent d’anciens émirs, des commandants et des personnes chargées de coordonner les combattants djihadistes avec leurs maîtres dans les services de renseignement militaires turcs (MIT).
 
Le présent rapport développe ce travail. Appliquant une méthodologie plus stricte, il identifie plus de 40 anciens membres de l’Etat islamique désormais protégés en toute sécurité au sein des factions contrôlées par la Turquie à Sere Kaniye et Tel Abyad. Parallèlement aux précédents rapports du RIC sur la situation humanitaire désastreuse dans les zones occupées, cela constitue une preuve supplémentaire que la Turquie agit en tant qu’État sponsor du terrorisme. Ces régions servent désormais de tremplin pour l’expansion régionale de la Turquie, transférant des combattants de ces mêmes milices pour représenter ses intérêts de la Méditerranée jusqu’au Caucase.
 
Comme l’a récemment noté un avis du département d’État américain signé par Donald Trump, les offensives de la Turquie dans la Syrie du Nord et de l’Est «représentent une menace extraordinaire pour la politique étrangère nationale et sécuritaire des États-Unis… mettent en danger les civils, sapent la campagne pour vaincre Daech… et sapent la sécurité et la stabilité régionales. » Les deux candidats à la présidence américaine devraient donc s’engager publiquement et concrètement à empêcher toute nouvelle action militaire turque contre le nord et l’est de la Syrie par des moyens diplomatiques, économiques et, si nécessaire, militaires.
 
Téléchargez le rapport complet ici et contactez le Centre d’information du Rojava pour plus de commentaires, analyses et informations.
 
9 octobre 2020