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FRANCE. Le CDK-F dénonce « la chasse aux Kurdes du Quai d’Orsay »

PARIS – Le torchon brûle entre Paris et Ankara depuis plusieurs jours au sujet de recherches de gaz de la Turquie en Méditerranée orientale ainsi que l’implication directe de la Turquie dans la guerre libyenne… Les mauvaises langues disent que ce climat de mésentente franco-turc peut profiter aux Kurdes. Que nenni, la France n’a rien modifier dans sa politique « kurde », du moins sur le sol français. En effet, la police française a arrêté le 28 juillet dernier le militant kurde Mehmet Yalçin habitant Bordeaux pour l’expulser vers la Turquie. Actuellement, Yalçin est en sursis. Par ailleurs, des comptes de plusieurs responsables kurdes de France sont gelés depuis plusieurs mois… Le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) parle d’une chasse aux Kurdes sur le sol français et exhorte les autorités à mettre fin à la « répression honteuse à l’encontre des militants kurdes » dans son communiqué d’aujourd’hui :
 

« La chasse aux Kurdes du Quai d’Orsay se poursuit, même quand la Turquie menace la France

 
C’est dans une période de crise diplomatique inédite entre la France et la Turquie, que nous avons appris avec stupéfaction l’adoption, le 3 juillet 2020, d’une nouvelle mesure administrative de gel des avoirs à l’encontre des dirigeants de notre structure.
 
Cette décision inique n’est pas la première visant les militants kurdes en France, en particulier nos dirigeants Vedat Bingol et Agit Polat.
 
En effet, le 12 juin 2019, à la veille d’une visite du Ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian en Turquie, une première mesure avait été adoptée précipitamment.
 
À l’issue d’une conférence de presse commune organisée pendant cette visite, le 13 juin 2019, le ministre turc des affaires étrangères Mevlut Çavuşoğlu, se félicitait cyniquement de la décision prise à l’initiative de son homologue français.
 
C’est ainsi que commença une période honteuse à l’égard des militants kurdes sur le sol français.
 
Aujourd’hui, à l’initiative du Quai d’Orsay, la chasse aux Kurdes se poursuit toujours, malgré la dégradation croissante des relations avec la Turquie.
 
Depuis des dizaines d’années, la mauvaise gestion du Quai d’Orsay a affaibli considérablement la France dans sa politique étrangère. Ses relations avec la Turquie, en particulier, ont conduit, non seulement à renforcer sciemment la position de cette dernière sur la scène internationale, mais aussi à l’encourager dans sa politique de répression et de guerre à l’encontre des Kurdes.
 
Ces mêmes relations ont conduit de plus la France dans une impasse, l’affaiblissant dans sa politique étrangère, comme jamais au cours de toute son histoire.
 
La répression continue des militants kurdes par le gouvernement français, l’assassinat en 2013 de trois militantes kurdes par les services de renseignements turcs sur le sol français, les menaces ouvertes des loups gris à l’encontre de la sécurité nationale de la France, la prolifération sur le territoire français de mosquées et d’autres structures faisant régner la loi d’Erdogan en France, les menaces proférées par Erdogan à l’égard de la France, … sont autant de fruits de la stratégie désastreuse du Quai d’Orsay.
 
Le Quai d’Orsay doit se rendre à l’évidence : l’ingérence turque a pris une envergure inédite et gravement menaçante en France, au Moyen-Orient, et surtout sur le continent africain, partout où les intérêts français sont présents.
 
Le Quai d’Orsay doit enfin comprendre que le monde a changé et que, dans le même temps, les Kurdes aussi ont changé. Nous ne sommes plus en 1916, ni en 1920 et encore moins en 1923.
 
Nous sommes en 2020, et insister sur des stratégies obsolètes basées sur des « compromis » sans contrepartie n’aboutira à rien d’autre qu’à de nouveaux échecs historiques.
 
C’est pourquoi, nous demandons au Président de la République d’intervenir sur le dossier kurde afin de lui accorder une nouvelle orientation stratégique, ce que le Quai d’Orsay n’a su faire en raison de l’influence turque présente au sein de sa diplomatie.
 
Nous demandons par ailleurs aux organisations de la société civile, aux partis politiques et aux citoyens français de faire pression sur le gouvernement et l’État français, pour que cesse la répression honteuse à l’encontre des militants kurdes, en particulier les mesures arbitraires de gel des avoirs, et pour une révision complète de la politique kurde de la France. »