ROJAVA – Le corps sans vie de Malak Nabih Khalil Jumah, 16 ans, a été retrouvé aujourd’hui près du village de Firiziya, à l’est de la ville d’Azaz. L’adolescente kurde avait été enlevée par les mercenaires de la Division Sultan Mourad le 23 mai 2020, dans le village de Derwish, dans le district de Shera, à Afrin.
Malak Nabih Khalil Jumah
Le canton kurde d’Afrin est devenu un enfer pour les Kurdes, surtout les filles et femmes qui sont enlevées, torturées, violées, mariées de forces ou tuées sous la torture. Malgré les appels répétés des Kurdes auprès des institutions internationales comme l’ONU ou les puissances internationales impliquées dans la guerre en Syrie pour qu’ils mettent fin aux crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par l’occupation turque, rien n’a été fait jusqu’à présent et les Kurdes qui n’ont pas fuit Afrin risquent d’être exterminés lentement mais sûrement.
Depuis l’invasion d’Afrin par la Turquie et ses alliés islamistes en mars 2018, des milliers Kurdes ont été kidnappés, arrêtés, torturés, d’autres ont été tués cruellement. Les gangs ont demandé des rançon à de nombreuses familles pour la libération de leurs proches, mais souvent, même après le payement d’une rançon, les familles n’ont plus revu leurs proches kidnappés ou ont découvert leurs cadavres jetés dans des champs ou dans la campagne.
Le 30 mai dernier, les organisations de femmes en Syrie du Nord ont lancé un appel urgent pour Afrin afin de mettre fin aux crimes de guerre et crimes – dont des féminicides – visant les femmes et devenus monnaie courante depuis l’occupation du canton par la Turquie en mars 2018.
Des représentantes des organisations féminines syriennes ont organisé une conférence de presse appelant à une action urgente contre les actes inhumains perpétrés par l’armée turque et les mercenaires alliés dans les zones qu’elle a occupées dans le nord-est de la Syrie.
La conférence de presse de Qamishlo a réuni des représentantes de Kongra Star Rojava, du Conseil des femmes syriennes, de l’Union des femmes syriaques, du Conseil des femmes du Parti de l’Union démocratique (PYD), de la Coordination des femmes de l’administration autonome de la région de Jazeera, du Bureau des femmes du Conseil démocratique de la Syrie ( SDC), Bureau des femmes de l’Autorité nationale arabe, Bureau des femmes du parti la Syrie de l’avenir, Conseil des femmes du nord et de l’est de la Syrie, organisation SARA contre les violences faites aux femmes.
Voici leur déclaration
« Depuis le début de l’occupation turque de la ville d’Afrin avec l’aide de ses mercenaires, ses violations et pratiques – qui relèvent de la catégorie des crimes de guerre [sous le silence de la communauté internationale]- se sont poursuivies malgré la résistance des habitants d’Afrin contre les déplacements forcés et le changement démographique systématique que recherchent l’occupation turque et ses mercenaires.
Les habitants d’Afrin sont quotidiennement exposés aux actes inhumains les plus brutaux et aux violences systématiques dont les femmes ont particulièrement souffert en raison des bombardements aveugles continus des zones d’al-Shahba, des enlèvements, des viols, des mariages forcés de filles mineures, de torture et le meurtre de femmes dans les camps de détention [du canton d’Afrin] afin de vider complètement la région de sa population.
Des événements récents, à la suite d’affrontements entre des groupes de mercenaires dans la région, ont mis à jour les crimes et abus commis dans les prisons. On a découverte des dizaines de femmes enlevées, dont la plupart d’entre elles étaient des kurdes qui étaient nues, torturées et abusées sexuellement. Il s’agit d’une violation flagrante des principes humanitaires et des conventions internationales.
Malgré toutes les pratiques auxquelles les femmes sont soumises et qui visent à briser la volonté consciente et organisée des femmes, leur résistance et leur lutte pour construire une société libre et démocratique en ont fait un symbole qui devrait recevoir une attention internationale.
En tant que femmes syriennes, nous appelons la communauté internationale, toutes les organisations de défense des droits de l’Homme et les mouvements de femmes à rompre leur silence et à jouer leur rôle pour mettre fin à l’occupation turque, à mettre en place une commission d’enquête des Nations Unies et les organisations des droits de l’Homme concernées afin de: arrêter les auteurs de ces crimes, qui sont des crimes de guerre, et fournir le soutien nécessaire pour protéger les femmes et soutenir leur résistance. »