TURQUIE – Alors que la pandémie du coronavirus fait des ravages en Turquie et au Kurdistan du Nord, plus de 300 000 prisonniers, dont 50 000 sont des prisonniers politiques englobant des journalistes, politiciens ou artistes kurdes, sont interdits de quitter la prison tandis que les autres condamnés dont des terroristes de DAECH sont libérés petit à petit… Trois de ces centaines de milliers de prisonniers viennent de mourir du virus alors que des dizaines d’autres l’ont attrapé.
Parmi ses prisonniers politiques kurdes, il y a Selahattin Demirtas, avocat, écrivain et politicien du HDP et du DBP, des dizaines de maires comme Gultan Kisanak et des artistes comme la chanteuse kurde Nûdem Durak dont le seul crime est d’affirmer son identité kurde.
Dans une déclaration sur la situation dans les prisons face à la pandémie de Coronavirus, le ministre turc de la Justice, Abdülhamit Gül, a déclaré lundi que 17 détenus dans 5 prisons ont été infectés par le Coronavirus. Alors que 3 sont morts, le traitement de 13 autres se poursuit.
« Les cas dans les prisons sont à un niveau contrôlable. Un prisonnier reçoit un traitement en soins intensifs. Il y a également des infections confirmées dans nos organisations judiciaires », a déclaré le ministre.
Le ministre a également déclaré que les mesures contre la pandémie sont largement observées et la circulation largement réduite dans les organes judiciaires.
Dans le contexte de la pandémie COVID-19 et d’une crise sanitaire attendue dans les centres de détention turcs, les co-rapporteurs de l’APCE (Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe) pour le suivi de la Turquie, Thomas Hammarberg (Suède, SOC) et John Howell (Royaume-Uni, EC/DA), ont récemment exhorté les autorités turques à veiller à ce que toute libération anticipée ou conditionnelle de prisonniers soit non discriminatoire et n’exclue pas les prisonniers détenus pour des raisons politiques.
Le Parlement turc a adopté samedi 7 clauses du projet de loi sur la réforme des prisons qui prévoit le report ou l’assouplissement des peines afin de permettre la libération de quelque 90 000 prisonniers en liberté conditionnelle ou en résidence surveillée pour éviter la propagation de coronavirus dans les prisons. Des milliers de personnes emprisonnées pour des raisons politiques ainsi que des journalistes et des personnes emprisonnées pour leurs pensées sont exclues de la loi proposée.
Lors d’une récente conférence de presse critiquant cette loi discriminatoire, une des responsable du HDP, Meral Danış Beştaş, a déclaré : « Alors que la mort se répand déjà, nous discutons de qui devrait être amnistié. Le projet est une amnistie spéciale pour des prisonniers choisis. Les meurtriers de Soma, Çorlu et Ermenek [vont] être libérés, les élus [vont] rester en prison. Les meurtriers de femmes et les violeurs [vont] également être libérés sans conditions préalables. Les opposants comme nous seront qualifiés de terroristes et laissés à mort ».