AccueilDroits de l'HommeLe coronavirus met à mal nos sociétés désintégrées de toutes parts

Le coronavirus met à mal nos sociétés désintégrées de toutes parts

Féministe et activiste kurde, Hawzhin Azeez revient sur le chamboulement causé par le COVID-19 dans un monde capitaliste où la vie collective et l’individualisme sont en guerre ouverte. Elle appelle à un sursaut collectiviste pour en finir avec le capitalisme effréné qui détruit toujours plus le tissus social.
 
Voici son appel :
 
« Le coronavirus n’est pas la vraie pandémie. Elle n’est que le symptôme d’un problème plus vaste. La véritable pandémie est le capitalisme et le manque d’amour collectiviste. C’est un accent exagéré mis sur l’auto-préservation où certains d’entre nous accumulent du papier toilette et des désinfectants alors que d’autres doivent se passer de nourriture pour leurs bébés et leurs familles. Le manque d’infrastructures et de services de santé – l’échec flagrant du capitalisme – a conduit à un appel quasi mondial à la distanciation sociale.
 
Les gens peuvent exercer une distanciation sociale, mais qu’en est-il des femmes en situation de violence domestique ? des enfants qui doivent rester à la maison avec des adultes violents ? de ceux qui n’ont pas les moyens de manger pendant les périodes de quarantaine prolongées ? de ceux qui n’ont pas accès à l’eau potable ? des handicapés, des personnes âgées et des malades ? de la communauté trans et queer [LGBT+] ; des malades psychiatriques; des prisonniers ; des pauvres ; des réfugiés dans les camps décrépits ; de ceux qui vivent dans les bidonvilles et les ghettos ; et si vous êtes trop pauvre pour pratiquer la distanciation sociale, vous risquez littéralement la mort.
 
La mondialisation, les réseaux sociaux et la technologie relient nos vies de manière intime. Toutes les politiques sont liées et seuls les riches peuvent se permettre de vivre des vies à enjeu unique. La mondialisation nourrit le capitalisme qui nourrit le patriarcat qui nourrit la pauvreté qui nourrit toutes les hiérarchies de pouvoir et d’oppression, y compris la violence horrible envers nos plantes et nos animaux. Vous ne faites pas que vous battre contre le coronavirus. Vous devriez combattre tous les maux sociaux et les couches d’oppression et de violence qui s’entrecroisent.
 
Des gens qui jouent de la musique et dansent et qui se rassemblent sur leur balcon, qui partagent de la nourriture, qui se mettent en quarantaine d’eux-mêmes, qui s’occupent des personnes âgées et qui soutiennent les plus vulnérables, voilà l’approche qui permet de sortir de cette pandémie. Laissez l’amour ouvrir la voie. Pratiquez la distanciation sociale, mais souvenez-vous que seule la communauté peut nous sauver. »
 
Image de réfugiés du Rojava, via l’ONG humanitaire Heyva Sor a Kurdistan e