EUROPE – Comme chaque année en février, les Kurdes d’Europe organisent une longue marche pour exiger la résolution pacifique de la question kurde et la libération d’Abdullah Ocalan, le chef historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan détenu sur l’île prison d’Imrali, en Turquie, depuis le 15 février 1999.
M. Öcalan, bientôt 71 ans, est maintenu en isolement absolu depuis plusieurs années, malgré les violations constatées dans les rapports du Comité pour la Prévention de la Torture du Conseil de l’Europe (CPT).
Cette année, la longue marche aura lieu du 9 au 15 février 2020 de Luxembourg à Strasbourg. Le 15 février, il y aura une grande manifestation, suivi d’un meeting, à Strasbourg. (Pour plus de détails, écrire aux organisateurs de la marche longmarch2020@protonmail.com)
Abdullah Ocalan
Le Mouvement des Femmes Kurdes en Europe (TJK-E) a appelé la communauté internationale à intervenir auprès de la Turquie pour la libération immédiate d’Abdullah Ocalan et à œuvrer activement pour la résolution pacifique de la question kurde au Moyen- Orient.
Voici le communiqué du TJK-E :
« LIBERTÉ POUR OCALAN, STATUT POUR LE KURDISTAN
Abdullah Ocalan est détenu comme prisonnier politique sur l’île prison d’Imrali, en Turquie, depuis le 15 février 1999.
M. Öcalan est maintenu dans un isolement absolu depuis trop longtemps, et ce malgré les violations constatées dans les rapports du CPT ; il n’est même pas autorisé à rencontrer sa famille et ses avocats. D’autre part, à partir du 4 avril 2020, nous serons confrontés à un problème humanitaire et moral puisqu’Ocalan aura plus de 71 ans.
Sans aucun doute, la principale raison d’une telle peine et de l’isolement absolu est ; selon la définition de Suleyman Demirel, un ancien président de la Turquie, qu’il soit « le chef de la 29e rébellion kurde » du dernier siècle.
La cause commune de toute cette rébellion est assurément la République de Turquie, toutes les différences [minorités ethniques et relieuses], principalement les Kurdes, subissent une assimilation forcée pour être turquifiées et sont privés de statut, en violation du droit international.
Le dernier anneau de cette chaîne de rébellion a été la lutte armée lancée en 1984 sous la direction du PKK [le Parti des Travailleurs du Kurdistan] en réponse à la persécution féroce du peuple kurde, dont l’interdiction de parler sa langue, durant la dictature militaire du 12 septembre 1980.
Avec cette dernière révolte, les Kurdes ont utilisé le « droit de résister », qui est écrit dans d’introduction de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, et dont la légitimité a été reconnue. Et M. Abdullah Öcalan est le chef stratégique de cette dernière rébellion, et c’est la raison principale pour laquelle il est soumis à une telle illégalité.
Depuis que le problème kurde ait été porté à l’attention du monde en étant ainsi exposé, et bien avant qu’il ait été emprisonné sur l’île d’İmralı suite à un complot interétatique ; A trois reprises (1993, 1995 et 1998), M. Ocalan a déclaré un cessez-le-feu unilatéral, créant ainsi l’occasion de résoudre ce problème par des méthodes pacifiques, en respectant l’intégrité territoriale de la Turquie. Cependant, la Turquie a persisté dans la négation et destruction des droits nationaux des Kurdes, en rejetant cette opportunité historique.
Même en 1999, après à sa remise à la Turquie, en la personne du leader Ocalan, le PKK a retiré ses combattants à l’extérieur des frontières de la Turquie et a cessé toute lutte armée pendant cinq ans pour une solution politique, offrant une grande opportunité à l’Etat turc pour la résolution pacifique du problème. Mais, l’Etat turc, qui a adopté comme politique officielle la destruction culturelle, politique et même physique du peuple kurde, comme il l’avait fait lors de génocide des Arméniens, a une fois de plus saboté cette opportunité historique.
Il est également remarquable que ; en dehors de la lutte armée, les Kurde luttent depuis les années 1990 avec les forces démocratiques turques, bien que limitées, pour utiliser les moyens légaux, politiques, démocratiques pour résoudre la question kurde. Malgré la perte de centaines de membres et de dirigeants dans des meurtres politiques non élucidés, les tristement célèbres « faili meçhul » et les lourdes peines de prison infligées à des milliers de ses membres, depuis sa création en 1990, le Parti du travail du peuple (Halkın Emek Partisi, HEP) a lutté avec beaucoup de dévouement sur la scène politique légale.
Bien que les partis démocratiques qu’ils ont fondés aient été fermés par la Cour constitutionnelle turque à chaque fois, le processus qui a commencé avec le HEP s’est poursuivi avec persistance pendant trente ans avec une chaîne de partis politiques tels que le DEP, le HADEP, le DEHAP, le DTP et le HDP.
Les arrestation visant le HDP
Depuis le 24 juillet 2015, lors d’opérations de génocide politique menées contre les dirigeants et les membres du Parti démocratique des peuples (Halkların Demokratik Partisi – HDP) un total de 14 578 personnes ont été détenues et 3 505 personnes, dont les coprésidents députés, les coprésidents des bureaux locaux et de district et les membres du parti, ont été arrêtées.
Le nombre de détentions a jusqu’à présent dépassé les 16 000. Ce ne sont là que les chiffres que nous connaissons. Avec les détentions que nous n’avons pas pu obtenir, le nombre total de détentions est de plus de 4 000.
Les détails du génocide politique
– Depuis juillet 2015, en plus des deux coprésidents, 16 députés, 7 membres de la Haute Assemblée, 21 membres de l’Assemblée du parti, plus de 750 administrateurs de province et de district d’HDP ont été arrêtés. Actuellement, 7 députés sont en prison. En outre, 11 députés ont été déchus de leurs mandats d’élus.
– 93 co-maires municipaux, dont deux vice-présidents, ont été arrêtés et 84 municipalités ont été mis sous la tutelle des administrateurs (kayyum) d’État.
– Depuis juillet 2015, 89 coprésidents provinciaux du HDP, 193 coprésidents de district du HDP, 1 coprésident de bourg ont été arrêtés. 26 co-maires de municipalités ont été arrêtés après les opérations de tutelle qui ont repris le 19 août 2019 après les élections du 31 mars.
– A la suite des opérations de génocide politique menées depuis le 1er février 2017, 6159 personnes ont été placées en détention.
Arrestations et incarcérations
2015 (à partir de juillet);
3795 arrestations
1424 incarcérations
2016;
4624 arrestations
1383 incarcérations
2017;
2226 arrestations
299 incarcérations
2018;
2259 arrestations
199 incarcérations
2019;
1674 arrestations
200 incarcérations
Non seulement la Turquie considère le PKK, qui mène une lutte armée, comme une organisation terroriste, mais elle a également fermé un à un ces partis politiques kurdes légaux – en les accusant d’ « organisation terroriste » – qui ont mis en place leur esprit collectif et le dévouement avec lequel ils ont existé avec les forces de la démocratie en Turquie. Enfin, elle a condamné ses dirigeants à de lourdes peines de prison, comme on l’a vu dans le cas des coprésidents du HDP, M. Selahattin Demirtaş et Mme. Figen Yüksekdağ. Les députés kurdes ont été arrêtés ; les co-maires municipaux, élus par le libre arbitre du peuple kurde, ont été démis de leurs fonctions et remplacés par des fonctionnaires en tant qu’administrateurs.
Depuis août 2019, 25 maires du HDP ont été arrêtés et des administrateurs ont été nommés par le ministère turc de l’intérieur dans 38 municipalités remportées par le HDP dans les régions kurdes. Le HDP avait remporté 65 municipalités lors des élections locales du 31 mars.
Les efforts incessants d’Ocalan pour la résolution pacifique de la question kurde en Turquie
Bien que M. Abdullah Öcalan soit détenu à İmralı dans des conditions sévères, entre 1999-2004 et 2006 ; En 2009 et finalement 2013, il a déclaré des cessez-le-feu unilatéraux et a poursuivi ses efforts de solution pacifique avec une grande sensibilité.
Outre ces actions politiques concrètes, il a développé à partir de 1999 des thèses démocratiques dans la prison de l’île d’Imrali, qui peuvent apporter des solutions aux problèmes du Moyen-Orient et aux problèmes des Kurdes et du Kurdistan, grâce à ses recherches (…). Les spécialistes qui attirent l’attention sur les thèses scientifiques de la Défense qu’il a présentées à la CEDH en particulier ; apprécient les thèses de la nation démocratique, de l’autonomie démocratique, du confédéralisme démocratique, de la liberté des femmes et de l’écologie et reconnaissent qu’il a développé des solutions scientifiques aux principaux problèmes politiques, sociaux, culturels, etc. du Moyen-Orient.
Les peuples du nord et de l’est de la Syrie, à savoir les Kurdes, Arabes, Arméniens, Syriaques, Turkmènes et Tchétchènes, qui adoptent les thèses de M. Öcalan comme voie stratégique du Rojava et de la révolution démocratique syrienne, avec leurs gouvernements autonomes démocratiques qu’ils ont construits au Moyen-Orient et luttent contre DAECH. Dans les luttes pour institutionnaliser une nouvelle structuration politico-sociale démocratique, ils ont déjà gagné la sympathie de tous les pouvoirs démocratiques et de toutes les couches de la société démocratique dans le monde.
Sans aucun doute, dans ce processus, il est nécessaire d’être consciencieux et juste, d’identifier et d’apprécier le travail intellectuel des volumes de livres que M. Öcalan a soumis à la Cour européenne des droits de l’Homme.
Encore une fois, il faut souligner qu’à partir de 2013, soit environ trente mois qu’ont pris les pourparlers de paix sur l’île d’Imrali avec la délégation de l’Etat truc, il a pris la responsabilité du statut de négociateur en chef au nom des Kurdes de la Turquie. Au cours de ces réunions, la délégation İmralı, qui a été constituée avec l’accord de l’État, a effectué des navettes diplomatiques entre les organes de l’État et les cadres du KCK [La Koma Civakên Kurdistan / l’Union des communautés du Kurdistan) est une organisation politique kurde émanant du PKK] à Qandil pendant deux ans et demi. Cependant, ce processus, qui avait commencé avec de grands espoirs, a été interrompu par le président Tayyip Erdogan et les foyers de violence au sein de l’État ont commencé un processus de conflit sanglant qui dure depuis cinq ans après le renversement de la table des négociations d’İmralı.
Nous devons également attirer l’attention sur l’importance des agissements actuels de l’État turc. Il n’est pas seulement contre la lutte pour la liberté au Kurdistan de Turquie, il a attaqué également les gains politiques des Kurdes en Irak et en Syrie. Il a même collaboré, et collabore encore, avec des gangs djihadistes tels que DAECH, HTS et l’ASL, pour empêcher que les Kurdes aient un statut politique. De plus, ce sont des faits documentés par de nombreux acteurs politiques.
En résumé ; au stade actuel, il est urgent de libérer M. Öcalan sans perdre plus de temps pour une solution permanente, équitable et démocratique du problème kurde pour que le peuple kurde ait un statut politique dans le cadre du droit universel et afin de résoudre les problèmes du Moyen-Orient et établir une paix durable et digne. »
L’Initiative internationale « Liberté pour Öcalan » a également publié un communiqué appelant à participer à la longue marche :
« Le Rojava – l’oasis de la démocratie et de la liberté – donne à la population du monde entier l’espoir qu’un autre monde au-delà de l’État, du pouvoir et de la violence est possible. Au cœur de la guerre en Syrie qui dure depuis plus de huit ans, des mesures importantes ont été prises en faveur de la libération des femmes, des structures démocratiques à la base et de la responsabilité environnementale. Depuis 2012, la révolution des femmes à Rojava, qui a marqué l’histoire de la libération des femmes, a considérablement renforcé notre position collective dans un monde dominé par les hommes. Grâce à la mise en place d’un système féminin autonome composé de municipalités, de conseils, d’académies et de coopératives, les femmes kurdes, arabes, syriennes, assyriennes, chaldéennes, turkmènes, arméniennes et circassiennes de la région ont exprimé leur ferme conviction de vivre dans la liberté. En créant des alternatives pour la démocratie et l’égalité dans l’ici et maintenant, y compris un village de femmes en pleine guerre, le système autonome dirigé par des femmes a triomphé du système de la EI en luttant contre le principe de la pouvoir dans tous les domaines de la vie.
Avec le début de la guerre d’agression de la Turquie dans le nord de la Syrie le 9 octobre 2019, la révolution se trouve maintenant dans une lutte pour la survie qui présente de grands dangers, mais aussi des opportunités. Les combattants des Forces démocratiques de Syrie (SDF) et les unités d’autodéfense du YPG / YPJ, qui ont déjà libéré la région de l’État islamique (EI), consacrent désormais leur vie à la protection du peuple de nouveaux massacres commis par l’armée turque et son “Armée nationale de Syrie”, constitués de mercenaires de différents groupes islamistes.
Le jour du début de la guerre coïncide symboliquement avec le 20ième anniversaire du début du complot international contre le leader du peuple kurde et philosophe Abdullah Öcalan, à la suite duquel il a été déporté sur l’île pénitentiaire d’Imrali. Il y a déjà 20 ans, la réaction internationale tentait d’étouffer la révolution au Kurdistan en arrêtant son dirigeant, Öcalan. Maintenant, la communauté internationale et l’OTAN ont de nouveau envoyé la Turquie en avant pour briser les acquis de la révolution de Rojava et de la société syrienne du nord. L’attaque contre l’autonomie démocratique en ce sens doit être comprise avant tout comme une atteinte à la philosophie d’Abdullah Öcalan, dont le projet de confédéralisme démocratique a débuté à Rojava et est devenu une alternative pratique à la création d’un État.
Après le succès de la grève de la faim de 200 jours, entamée par Leyla Güven et rejointe par des milliers de personnes, l’isolement total d’Imrali a été brisé pendant quelques mois. Le rôle décisif d’Abdullah Öcalan pour une solution pacifique de la question kurde et la démocratisation de la Turquie a encore une fois fait ses preuves dans ses messages. Les offres de paix d’Abdullah Öcalan à l’été 2019 ont ouvert la voie à une solution démocratique. Mais l’Etat turc a répondu à ces demandes par une vague d’attaques. Au Nord du Kurdistan, l’administration imposée sur des municipalités kurdes et les vagues de répression contre les militants politiques empêchent toute possibilité de travail politique légal. Au Kurdistan du Sud et au nord de l’Irak, l’armée turque mène une guerre d’occupation contraire au droit international. Et aussi à Rojava, la Turquie poursuit maintenant son objectif de briser toutes les réalisations accumulées dans ce pays.
L’écrasante solidarité internationale avec la révolution du 21ème siècle à Rojava montre que la philosophie d’Abdullah Öcalan et sa mise en pratique dans le nord de la Syrie sont devenues un espoir pour les forces démocratiques du monde entier. Portons donc cet espoir dans les rues, côte à côte contre le fascisme et pour la liberté d’Öcalan.
Nous appelons tous les internationalistes à participer à la longue marche du 9 au 15 février 2020 sous le slogan “Freedom for Öcalan – épaule contre épaule contre le fascisme“. À la fin, une manifestation animée et intense se tiendra à Strasbourg cette année.
Information brève:
Rassemblement et kick-off à Sarrebruck le 9 février 2020
Longue marche du 9 au 15 février 2020 de Luxembourg à Strasbourg
15 février Grande manifestation à Strasbourg
Les chaussures de sport et les vêtements chauds conviennent à la marche. Les sacs de couchage doivent être apportés.
Les parties intéressées peuvent contacter longmarch2020@protonmail.com
Nous nous réjouissons de votre participation à la marche. Dès que nous recevrons votre réponse, nous vous enverrons plus d’informations et les dates exactes. »
Initiative internationale Liberté pour Öcalan