ROJAV / SYRIE – La guerre qui ravage le Rojava est une catastrophe totalement évitable. C’était largement prévu. Cela aurait pu et dû être évité. La responsabilité incombe principalement au président belliqueux de la Turquie, Recep Tayyip Erdoğan et à Donald Trump qui lui a donné le feu vert par a déclaration annonçant le retrait des militaires américains de la frontière turc-syrienne. On peut blâmer aussi la communauté internationale, dont l’ONU qui n’a pas réussi, au cours des huit dernières années sanglantes, à mettre un terme à la guerre civile en Syrie.
Les barrages d’artillerie turcs et les frappes aériennes dirigés contre des villes et des villages situés dans les zones contrôlées par les Kurdes le long de la frontière font honte à ceux qui les ont commandés.
Erdoğan prétend que ses forces ne prennent pour cible que les terroristes (comprenez « les Kurdes »]. En raison du nombre croissant de civils tués et blessés ciblés délibérément, les agences d’aide sont parties, à l’exception de l’ONG kurde Heyva Sor (Croissant rouge kurde). Mais dimanche 13 octobre, 4 travailleurs de l’ONG kurde ont été enlevé par des mercenaires de la Turquie alors qu’ils secouraient des civils blessés dans une attaque de l’armée turque. Par ailleurs, un convoi de journalistes* – dont une équipe de France2 – et civils se rendant à Serekaniyê a été attaqué par les avions turcs, tuant plus de 26 civils et de journalistes et blessant d’autres. La Turquie a bombardé de nouveau la zone alors que l’équipe médicale d’Heyva Sor était sur place pour secourir les blessés…
Les responsables kurdes déclarent que, depuis le début de l’offensif, plus de 300 000 civils ont fui les régions attaqués par la Turquie. La Turquie rejetant les appels à mettre fin à l’offensive, la situation pourrait encore s’aggraver.
Une politicienne kurde et d’autre civils exécutés à Serekaniyé
Hevrin Khalaf
Le 12 octobre, la co-présidente du parti Future Syrie, Hevrin Khalaf, et huit autres personnes ont été exécutées après un embuscade contre un convoi de civils près de Girê Sipî (Tell Abyad). Et bien sûr, les terroristes ont filmé les exécutions des civils. On a appris plus tard qu’Hevrin avait été violée et lapidée par les mercenaires de la Turquie…
La journaliste française, Stephanie Perez était parmi les journalistes pris pour cible par l’aviation turque hier à Serkaniye. Elle a écrit sur Twitter : « Syrie. Nous étions dans le convoi de civils kurdes pris pour cible par les forces turques ou leurs alliés à Ras Al Ain [Serkaniye].Notre équipe va bien mais des confrères sont morts. Notre récit dans le 20h France2 ce soir avec Auer Nicolas et Yan Kadouch. »
Le journaliste d’ANHA, Seed Ehmed n’a pas eu la chance de Stephanie Perez. Il est mort lors de l’attaque. Plusieurs membres du convoi ont été déchiquetés lors de la frappe aérienne. Les images tournées sur les lieux du carnage sont insoutenables.
Les mercenaires de la Turquie filment leurs exactions
Des combattants barbus marchent dans une zone qu’ils prétendent être l’entrée de Serikaniyê, ville frontalière entre la Syrie et la Turquie, où les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes ont résisté pendant quatre jours aux assauts de l’armée turque.
« Allahu Akbar ! Allahu Akbar ! ” Un des combattants arabophones crie à la caméra en compagnie d’autres combattants. «Les Forces d’Azaz… entrent dans les portes de Ras al-Ain, Allahu Akbar», faisant référence à la ville kurde par son nom arabe officiel.
Les forces syriennes soutenues par la Turquie ont commis de nombreuses violations des droits humains et de crimes de guerre dans la ville d’Afrin, occupée par la Turquie et ses alliés islamistes depuis mars 2018. Ces mêmes forces se trouvent maintenant à la frontière avec le Rojava, la région autonome du nord-est de la Syrie contrôlée par les FDS.
La Turquie a surnommé l’opération offensive actuelle « Source de paix » (« Operation Peace Spring »)
Dans une vidéo séparée postée sur « Operation Peace Spring », une chaîne affiliée à un mandataire appelée Operation Peace Spring, deux civils et un jeune homme portant prétendument un treillis militaire sont entourés par un groupe de la force de substitution Ahrar al-Sharqiya, soutenue par la Turquie. D’autres combattants tournoient autour d’eux.
La légende de la vidéo affirme que la vidéo des trois hommes a été enregistrée sur la route Manbij-Hasaka samedi, le même jour où l’armée turque a prétendu avoir pris Serikaniyê – une affirmation contestée par les FDS, qui disent que la bataille pour le contrôle de la ville fait toujours rage.
«Nous avons capturé trois milices en fuite du PKK… Allahu Akbar…», dit un homme dont le visage n’est pas montré. À ce moment-là, d’autres combattants crient «Allahu Akbar».
Les trois hommes terrifiés, dont l’un saigne du nez, s’accroupissent au bord de la route.
Vers la fin de la vidéo, un combattant d’Ahrar al-Sharqiya peut être entendu faiblement: «Nous savons ce que nous allons vous faire.» La vidéo est coupée.
Plus tard samedi, une autre vidéo montrant des mercenaires islamistes soutenus par la Turquie entourant plusieurs hommes au bord d’une route a été diffusée sur les médias sociaux.
Les combattants portent des vêtements identiques à ceux affichés sur la chaîne « Operation Peace Spring ».
«Allahu Akbar, filmez-moi, filmez-moi», crie l’un des combattants alors qu’il vide son AK-47 dans le corps allongé d’un homme alors que la poussière monte du sol. Un autre apparaît avec un fusil de sniper et tire sur l’homme. «Les cochons du parti», crie un autre, faisant référence au principal parti politique du nord de la Syrie, le Parti de l’union démocratique (PYD).
Des coups de feu pouvaient être entendus à l’arrière-plan. Avec un dernier cri d’Allahu Akbar, la vidéo est coupée.
Samedi, les responsables des mercenaires syriens, connu sous le nom de «Armée nationale», ont donné des instructions – dont une copie a été postée sur Twitter – interdisant aux combattants d’enregistrer tout événement sur le champ de bataille. En vertu du droit international humanitaire, toute torture ou traitement inhumain de prisonniers de guerre et de civils est considéré comme un crime de guerre.
Une source FDS a déclaré à Rudaw samedi que trois personnes avaient été tuées par les forces soutenues par la Turquie, dont deux civils et le troisième membre de l’Asayesh, la force de sécurité interne des FDS. L’un des civils était un agent de santé.