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L’Espagne & la Commission européenne interrogées sur l’huile d’olive d’Afrin volée par la Turquie

Le journal espagnol Público a publié un article de Ferran Barber et David Meseguer sur l’huile d’olive que l’occupation turque et ses mercenaires ont pillé dans le canton d’Afrin. Cet article aborde les questions soulevées au Sénat espagnol et à la Commission européenne concernant la détermination de l’origine de l’huile volée à Afrin que la Turquie cherche à vendre à d’autres pays, de même que les documents falsifiés et le financement turc du terrorisme.

L’UE n’a pas appliqué de tests analytiques pour déterminer l’origine de l’huile syrienne volée

En premier lieu, Barber et Meseguer ont répondu aux questions posées par les sénateurs espagnols à la suite d’informations faisant état d’importations d’huile d’olive vers l’Espagne depuis la Turquie, en particulier après les signalements des crimes turcs commis à Afrin : « Les sénateurs Carles Mulet García et Jordi Navarrete Pla, membres de la coalition politique valencienne Compromís, ont présenté deux questions et une motion au Sénat espagnol afin de demander au Gouvernement espagnol de fournir les trois derniers rapports des importations espagnoles d’huile d’olive publiés par les douanes. A la suite du débat suscité par les crimes turcs à Afrin, les sénateurs valenciens ont demandé au gouvernement espagnol d’expliquer si d’autres entreprises étaient impliquées dans ce type de fraude et si, en particulier, d’autres faisaient du commerce illégal d’huile d’olive importée depuis la Turquie. Si oui, Mulet et Navarrete veulent savoir comment l’Espagne lutte contre ces pratiques frauduleuses et quel type de sanctions sont imposées aux contrevenants. Le gouvernement espagnol a également été sollicité par le sénateur Basq Jon Iñarritu (EH Bildu). »

Grâce aux accords commerciaux, la Turquie pourrait financer le terrorisme au Moyen-Orient

Barber et Meseguer ont noté que Compromís a appelé au renforcement des ressources pour détecter l’origine de l’huile importée  en Espagne, en écrivant : « Compromís a également exigé que la police douanière des ports méditerranéens soit renforcée avec suffisamment de ressources et d’agents pour détecter l’origine des huiles à vendre en Espagne, et très spécialement, de celles qui ont leur origine en Turquie. La coalition valencienne a exhorté le gouvernement à adopter des mesures supplémentaires pour protéger les consommateurs locaux qui rendent impossible le commerce de productions étrangères qui violent les réglementations européennes. »

Carles Mulet et Jordi Navarrete veulent clarifier si l’Espagne, l’Italie ou tout autre pays tiers pourrait être impliqué dans la fraude des importations de l’huile d’olive faussement « turque » volée en Syrie, tout en rappelant que la Turquie bénéficie d’accords commerciaux simplifiant la commercialisation de leurs produits. Les sénateurs estiment que la police européenne devrait se coordonner pour enquêter sur « une pratique qui pourrait financer le terrorisme au Moyen-Orient en recourant à des pratiques méprisables de vol qualifié, de pillage, de pots-de-vin, de manipulation alimentaire et de fraude ».

« La coalition Primavera Europea a également présenté une motion à la Commission européenne pour qu’elle prenne les mesures nécessaires afin de savoir si une société européenne pourrait être impliquée dans l’acquisition de l’huile volée à Afrin ».

Aucun test pour connaître l’origine

L’article note qu’aucun test n’a été effectué jusqu’à présent pour déterminer l’origine de l’huile d’olive pillée que la Turquie tente frauduleusement de commercialiser en la faisant passer pour un produit turc et dont une partie de ses revenus va à des mercenaires islamiques qui occupent ce canton : « D’autre part, aucune des institutions espagnoles chargées de veiller au respect des réglementations européennes concernant les importations agro-alimentaires ne possède les technologies nécessaires pour évaluer l’origine (…) d’une huile d’olive. En pratique, cela signifie que seule une enquête policière dépassant les pouvoirs et les compétences du service d’inspection des importations permettrait de savoir si, comme Público l’a dénoncé il y a quelques jours, la Turquie aurait pu introduire ou tente de vendre frauduleusement une partie des dix à cinquante mille tonnes d’huile d’olive volées aux Kurdes de la ville syrienne d’Afrin et ses environs afin de financer les mercenaires islamistes qui sont utilisés pour soutenir la guerre illégale dans ce canton ».

Travail sur le test de l’huile d’olive

L’article souligne qu’il est difficile de déterminer la variété de l’huile. Selon Rafael Pico, directeur de l’entité privée qui regroupe les entreprises espagnoles exportatrices d’huile d’olive (ASOLIVA):  « Ce n’est pas qu’elles manquent de moyens en raison d’une dotation insuffisante en ressources. Le problème est qu’il n’existe même pas de procédures scientifiques pour déterminer la variété d’huile. Précisément, la Commission européenne travaille actuellement, dans le cadre du projet Oleum, à l’élaboration d’une procédure pour la déterminer. »

« En ce qui concerne la certitude de l’origine, la seule garantie est les documents de traçabilité. Bien sûr, s’il y a eu falsification des pouvoirs, c’est le gouvernement turc ou les entreprises turques qui y ont participé, et non les entreprises espagnoles qui pourraient hypothétiquement acquérir à leur insu un produit syrien avec un certificat d’origine turque », déclare Rafael Pico.

Les journalistes ont noté l’occupation illégale turque et de ses mercenaires dans le canton d’Afrin qui ont confisqué les possessions des producteurs kurdes : « Bien sûr, si, comme l’a reconnu le ministre turc de l’Agriculture Bekir Pakdemirli, la récolte d’Afrin a été pillée pour être vendue frauduleusement, aucun document officiel ne donnera l’origine du produit venant des régions situées dans une zone occupée illégalement (…) par l’Armée Syrienne libre (ASL) et ses alliés turcs pillant les producteurs kurdes, soumis et dépossédés de leurs biens par le régime Erdogan.”

Faux documents

Les pratiques de l’occupant turque ne se limitent pas à l’occupation du canton d’Afrin, au persécution de ses habitants, au pillage de la récolte, mais atteignent aussi le point de falsification des documents pour faire passer l’huile d’olive d’Afrin comme turque :  « Selon des informations publiées par Público le 12 janvier, le gouvernement turc tente d’introduire illégalement dans des pays tiers comme en Espagne plusieurs milliers de tonnes d’huile d’olive produite avec les olives pillées par leurs mercenaires à Afrin et d’autres localités voisines du Rojava ».

Et d’ajouter : « Une partie de la production aurait déjà pu être vendue, ou sur le point d’être commercialisée, avec de faux documents d’attribution d’origine délivrés avec la bénédiction de l’administration turque, où des boîtes d’huile d’olive d’Afrin de première qualité, sous le nom de Barakat Al Ghouta, sont vendues en Arabie Saoudite comme d’origine turque. Un protocole secret publié par l’agence kurde Firat (ANF) suggère que près d’un quart des revenus tirés de la commercialisation de ce produit – environ 19 millions d’euros – serait utilisé pour payer les mercenaires de Recep Tayipp Erdogan. »

Le journal a souligné le rôle des Kurdes dans la lutte contre l’organisation de l’Etat islamique alors que la Turquie les considère comme des terroristes :  « Ce que l’exécutif d’Erdogan essaie d’éviter, c’est qu’une partie des revenus fournis par « l’or vert » finisse entre les mains des Kurdes syriens, qu’il traite comme une filiale du PKK, et auxquels il fait référence de manière obsessionnelle, en les traitant de terroristes alors qu’ils sont les alliés terrestres des Américains dans la lutte contre l’Etat islamique ».

« Un député du parti CHP, Orhan Saribal, a déclaré qu’il est tout à fait exact qu’environ 50 000 tonnes d’huile d’olive syrienne d’Afrin ont été transportées en Turquie pour commercialisation sur le marché intérieur et dans les pays tiers. Selon ce parlementaire, l’huile d’Afrin voyage en baril de seize et vingt kilos en Turquie, où elle est étiquetée et emballée, puis traitée à Hatay avec d’autres olives, ce qui rend plus difficile la détection de la fraude puisque la Turquie elle-même parraine l’arnaque. »

Ferran Barber et David Meseguer ont conclu l’article en ces termes. Selon un producteur d’Afrin basé en Espagne, le type d’olivier qui abonde le plus chez les Kurdes est souvent appelé « Zeiti ». Il a ajouté : « En fait, on dit souvent que c’est celui qui offre le plus de performance. La production moyenne de chaque arbre varie entre cent et deux cents kilos. Il existe cinq sous-types de cette variété, dont la qualité et la production sont variables. Logiquement, les paysans kurdes choisissent les meilleurs selon leurs préférences. »

ANHA