AccueilNon classéL’assassinat politique de Paris : Correspondance secrete entre la Turquie & l'Allemagne

L’assassinat politique de Paris : Correspondance secrete entre la Turquie & l’Allemagne

Une correspondance confidentielle a fait surface entre les administrations de Berlin et d’Ankara concernant Omer Guney, le meurtrier qui a tué trois femmes kurdes révolutionnaires à Paris. La Turquie demande «Guney a-t-il reçu un entraînement aux armes en Allemagne ?» L’Allemagne a répondu par la négative.

Sakine Cansiz, fondatrice du PKK, la représentant de KNK à Paris, Fidan Dogan, et la membre du mouvement de la jeunesse kurde, Leyla Saylemez, ont été assassinées à Paris le 9 janvier 2013. Le seul suspect arrêté pour le triple assassinat, Omer Guney est mort le 17 décembre 2016 en prison.

Le passé de Omer Guney en Allemagne était resté dans le noir. Guney a vécu en Bavière de 2003 à 2011 et il est soupçonné d’être entré dans des groupes racistes turcs. Il est maintenant évident que l’État turc a tenté d’accéder à son dossier en Allemagne.

L’ALLEMAGNE DIT «ON NE SAIS RIEN»

ANF ​​a obtenu une correspondance confidentielle entre les administrations de Berlin et d’Ankara quelques mois après le massacre de Paris. Le 5 mars 2013, le ministère turc de la Justice a demandé une «aide judiciaire» à l’État allemand par l’intermédiaire du ministère des Affaires étrangères, en posant les questions suivantes:

-Omer Guney a-t-il la citoyenneté allemande ?

-Est-ce que Guney a des liens avec le PKK / KCK ?

-Est-ce que Guney a reçu un entraînement aux armes en Allemagne ?

Le Bureau fédéral de la justice à Bonn, sous l’autorité du ministère allemand de la Justice, a répondu aux questions sur Omer Guney le 26 avril 2013. La réponse transmise à l’État turc par l’intermédiaire de l’ambassade de Turquie à Berlin montreque les autorités allemandes « ne savent rien » concernant les trois questions.

L’ambassade de Turquie a traduit la réponse de l’Allemagne en turc le 2 mai 2013 et l’a envoyée au ministère turc de la Justice avec la note suivante: «À propos de la demande d’aide judiciaire concernant Omer Ziya Guney dans la correspondance correspondante, la réponse du Bureau fédéral de la justice indique qu’il y a aucune information sur le statut de citoyen allemand d’Omer Ziya Guney, qu’il n’y avait pas de lien détecté entre lui et le PKK / KCK lors de son séjour en Allemagne et qu’il n’existait aucune information indiquant s’il avait ou non suivi un entraînement aux armes en Allemagne. »

Pourquoi l’Allemagne a évité de répondre aux questions de la Turquie ?

Dans leur correspondance, les autorités judiciaires allemandes ont répondu de manière significative à toutes les questions concernant Omer Guney en indiquant qu’elles « n’avaient aucune information » et ne donnaient aucune information sur son casier judiciaire en Allemagne. C’est avec curiosité que l’Etat turc a demandé si Guney avait suivi un entraînement aux armes en Allemagne.

En dépit de la réponse de l’Etat allemand aux questions, Guney avait un casier judiciaire étendu en Allemagne, qui n’a pas été fourni à Ankara par les autorités allemandes. Le gouvernement allemand a répondu à une enquête de Die Linke (parti de gauche allemande) sur Guney à la suite du massacre de Paris et a déclaré qu’Omer Guney avait été arrêté avec une arme non enregistrée dans sa voiture. Le gouvernement fédéral allemand a déclaré ce qui suit sur le casier judiciaire de Guney dans sa réponse à l’enquête de Die Linke :

– Une arme à feu (…) a été trouvée dans la voiture de Omer Guney le 17 novembre 2005 à Bad Tolz, une ville de Bavière, en Allemagne. Une enquête ultérieure a révélé que l’arme n’était pas enregistrée. Guney a été jugé pour « violation du code de la route ».

-Omer Guney a été pris avec un spray au poivre et un couteau dans sa voiture lors d’une vérification de la circulation le 4 février 2011.

Un ancien collègue d’Omer Guney s’était entretenu avec l’ANF à ce moment-là et avait déclaré : « Ses amis intimes étaient des nationalistes turcs. Il traînait avec eux, il a avait toujours des couteaux de poche, petits mais coûteux, et il s’intéressait profondément aux armes à feu. Un jour, il a emmené sa voiture dans les bois et l’a criblée de balles. Au moins c’est ce qu’il nous a dit alors. L’assurance ne couvrirait pas ses dommages (…), alors il est allé faire réparer sa voiture illégalement. »

ANF