Reporters sans frontières (RSF) a condamné les récentes attaques de l’armée turque visant les journalistes kurdes dans les zones frontalières du Rojava, dans le nord de la Syrie.
Voici le texte publié sur le site du RSF :
« Le 2 novembre, deux journalistes kurdes de Syrie ont été blessés par balles par l’armée turque dans le nord-est de la Syrie, à la frontière avec la Turquie, d’après l’agence de presse kurde syrienne ANHA/Hawar. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités turques d’assurer la protection des journalistes dans le cadre de leurs opérations militaires.
Le 2 novembre, alors qu’ils couvraient les affrontements entre les forces turques et kurdes et les bombardements transfrontaliers de l’armée turque sur la ville de Tal Abyad, au nord de la Syrie, (à la frontière avec la Turquie), deux journalistes de l’agence de presse kurde syrienne ANHA/ Hawar ont été blessés par un sniper turc, d’après leur agence. L’état de santé du journaliste Ibrahim Ahmad, blessé à la jambe, est stable, mais le cas de sa collègue Gulistan Mohammed, touchée au visage, est plus préoccupant.
L’agence Hawar a indiqué à RSF que les forces turques étaient suffisamment proches des journalistes, à quelques dizaines de mètres, pour les identifier comme tels, grâce à leurs caméras et micros.
“Les combattants doivent respecter la résolution 1738 sur la protection des journalistes dans les conflits armés,et ne pas les viser ou les détenir en otages comme s’ils étaient eux-mêmes des acteurs du conflit, déclare Sophie Anmuth, responsable du bureau Moyen Orient de RSF. Les autorités turques doivent prendre leurs responsabilités en ce sens, auprès de leurs forces armées et des groupes qu’elles soutiennent.”
Sur l’autre front dans le nord de la Syrie où les forces turques s’opposent aux forces syriennes kurdes depuis janvier 2018 et le début de leur intervention militaire dans la région d’Afrin, les forces armées syriennes soutenues par les Turcs se sont de leur côté rendues coupables de plusieurs enlèvements de journalistes cette année. Elles ont enlevé et détenu au moins quatre journalistes, pour une durée chacun d’environ un mois, au motif d”absence de permis de photographier”. Elles détiennent encore aujourd’hui au moins quatre autres collaborateurs de médias qui pigeaient pour la chaîne Al Hurra au moment de leur arrestation, et ce depuis le 22 juin 2018 (le fixeur Redwan Khalil, les assistants Kaniwar Khelif et Hasan Khelif, et Issam Abas).
La Syrie restait en 2017 le pays le plus dangereux pour les journalistes, et occupe la 177e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de presse 2018 établi par RSF. »