TURQUIE / BAKUR – Le 3 octobre 2015, Haci Lokman Birlik, un jeune acteur kurde, a été assassiné par la police turque à Sirnak.
Birlik a été blessé puis exécuté de 28 balles par la police turque, qui l’a ensuite traîné à l’arrière d’un blindé et filmé la scène.
Trois ans plus tard, justice n’est toujours pas rendue. Ses assassins sont toujours en service.
« Je ne laisse pas mes soldats et mes policiers porter des cadavres. » C’était le commentaire d’un policier turc qui avait diffusé une photo du corps de Hacı Lokman Birlik en octobre 2015 sur Twitter. La photo montrait un véhicule de police blindé tirant le corps de l’acteur âgé de 24 ans sur les pavés de la ville de Şırnak, dans le Kurdistan du Nord, à l’aide d’un câble en plastique noué autour de son cou.
Des témoins oculaires ont rapporté que Birlik, le beau-frère de l’ancienne députée du HDP (Parti démocratique des peuples), Leyla Birlik, avait été blessé par balle par la police dans sa voiture. Il avait ensuite été exécuté par la police. Les policiers sont ensuite allés près de lui et ont continué de lui tirer dessus, attaché son corps derrière un blindé et à le traîner dans les rues.
La torture sauvage perpétrée sur le corps de Birlik a été révélée pour la première fois par une photo diffusée sur les réseaux sociaux, provoquant une immense indignation publique. Quelques jours plus tard, alors que les réactions se poursuivaient encore, une séquence vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux, filmée à l’intérieur du véhicule de police qui le traînait dans les rues de Sırnak. Les images prises par les policiers eux-mêmes à l’intérieur du véhicule étaient remplies de jurons insultants le cadavre, sa famille, son peuple et son existence.
Les photos prises lors de l’autopsie ont également révélé le genre d’atrocité dont il a souffert dans les mains des forces turques qui continuent de tuer des personnes pour la «sécurité de la population». La police turque a tiré 25 balles à bout portant alors qu’il avait déjà perdu la vie sur les lieux de l’attaque.
Les avocats de la famille Birlik ont porté plainte pour meurtre délibéré, pour profanation de cadavre et fautes professionnelles. Six auteurs impliqués dans ce crime ont été identifiés, mais ne sont accusés que d' »insultes à la mémoire des morts ». Cinq procureurs distincts ont été affectés à cette affaire au cours des trois dernières années.
Le Premier ministre turc de l’époque, Ahmet Davutoğlu, a affirmé après le meurtre de Birlik que les six policiers en question avaient été suspendus de leurs fonctions. Cependant, il est apparu que ces policiers étaient toujours en service.
Personne ne s’attend à ce que la justice soit rendue dans dans cette affaire dans un proche avenir, mais l’espoir demeure, selon les avocats.