PARIS. Une ressortissante française jugée pour des crimes commis contre une fille yézidie

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PARIS – La Cour de cassation a ordonné que la ressortissante française Sonia Mejri soit rejugée pour des actes génocidaires commis en 2015 contre une fille yazidie réduite en esclavage par Mejri et son mari de l’époque qui était un émir du groupe terroriste État islamique. Mejri est accusée de « participation à une association de malfaiteurs terroriste » et « crimes contre l’humanité » englobant « réduction en esclavage », « emprisonnement », « torture », « persécution » et « autres actes inhumains ».
 
 
L’organisation yézidie « Yazda » a publié un communiqué concernant la décision de la Cour de cassation qui a demandé à la cour d’appel de Paris de réexaminer les poursuites qu’elle avait annulées pour génocide visant Sonia Mejri accusée d’actes de génocide contre les Kurdes yézidis (Êzdî) en Syrie. Sonia Mejri et son mari avait pris comme esclave la jeune Rafida Naif, 16 ans au moment de sa capture, qui fut exploitée, maltraitée et violée.
 
La déclaration stipule :
 
« Dans une décision sans précédent, la Cour de cassation a jugé que Sonia Mejri pourrait être accusée de génocide. Elle est accusée d’avoir commis des crimes contre une adolescente yézidie séquestrée au domicile de Sonia et de son mari de l’époque Abelnasser Benyoucef*, un émir du groupe État islamique (EI) en Syrie, en 2015.
 
Ce jugement annule une décision antérieure d’un tribunal de première instance qui avait rejeté l’accusation de génocide. Le tribunal a affirmé qu’un individu peut être poursuivi pour génocide même si les actes ne visaient qu’un seul membre du groupe, à condition que le groupe lui-même ait été pris pour cible dans le cadre d’un plan coordonné visant à le détruire en tout ou en partie.
 
Cette décision aligne la France sur les normes juridiques internationales et représente une étape importante vers l’obtention de la justice.
 
L’affaire va maintenant revenir devant une chambre nouvellement constituée, qui décidera si Sonia Mejri peut être jugée pour implication dans le génocide, en plus des accusations liées au terrorisme et aux crimes contre l’humanité. »
 
*Un procès par défaut a été ordonné contre Abdelnasser Benyoucef (visé par un mandat d’arrêt mais présumé mort depuis 2016) comme auteur de génocide et de crimes contre l’humanité, et pour des infractions terroristes.

Sustam : Les Kurdes restent inquiets car l’État n’offre aucune garantie juridique – III

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PARIS – Maitre de conférence à Paris 8, Engin Sustam déclare que les Kurdes ressentent de l’anxiété et de la méfiance et ajoute que l’État continue à éviter de solutionner la question par le biais de la loi.
Engin Sustam
Le sociologue Engin Sustam a déclaré à l’ANF que les Kurdes étaient sincères dans leur demande de paix et a souligné que l’opinion publique turque devait s’impliquer davantage dans ce processus. Il a fait remarquer que la guerre et la propagande fasciste avaient empoisonné plusieurs générations. Sustam a souligné que, dans la nouvelle phase, la propagande du pouvoir fondée sur le nationalisme turc doit être démantelée. Il a affirmé qu’un effort politique est nécessaire, notamment en faveur des pauvres, contre tous les discours fascistes, sachant que les Kurdes comme les Turcs portent de profonds traumatismes. Ceci est la troisième partie de cette longue interview. La première partie est disponible ici et la deuxième . Les deux parties évoquent la possibilité d’un sabotage du processus. Qui pourrait le saboter et que peut-on faire pour l’empêcher ? Si l’on y prête attention, ceux qui désirent le plus la violence dans ce processus sont les structures militaristes qui en ont profité, certains acteurs et une frange dominante blanche et raciste qui continue de s’exprimer d’en haut. Ces groupes cherchent délibérément à provoquer le chaos. Ce qu’ils souhaitent, c’est la poursuite de la guerre, par peur de perdre leurs positions. Ils se nourrissent de violence et de haine comme des monstres sanguinaires. En fin de compte, la menace la plus dangereuse pour ce processus est le retour au langage de la guerre. Au lieu de construire des avant-postes militaires ou des murs à chaque frontière, au lieu de stocker des armes, ce qui est véritablement essentiel aujourd’hui est la légalisation d’un langage de paix capable de faire tomber tous les murs sociaux. C’est une étape fondamentale. Ce qui est nécessaire, c’est la construction de la paix sociale, le démantèlement complet du militarisme au Kurdistan et la pacification complète de l’espace public. Pour qu’un processus démocratique fonctionne, la révocation des administrateurs nommés par l’État et le retour des municipalités au Parti pour l’égalité et la démocratie des peuples (DEM) sont essentiels. Ces mesures pourraient également ouvrir des perspectives de démocratisation de la Turquie et de libération du racisme et du fascisme. Cela inclurait la libération du maire d’Istanbul, Osman Kavala, et des personnes emprisonnées dans l’affaire du parc Gezi, contribuant ainsi à la sincérité de la reconstruction démocratique. Il est profondément attristant que près de deux siècles et demi se soient écoulés depuis l’émergence du concept de contrat social par Rousseau. Pourtant, nous devons encore rappeler à l’État turc son devoir envers ses citoyens, surtout alors que nous avons, juste à côté de nous, un extraordinaire contrat social démocratique au Rojava. Plutôt que d’emprisonner des dissidents, plutôt que de prendre des personnes en otage en raison de leur langue ou de leur identité, l’État, en tant qu’institution, doit remplir son rôle régulateur. Inclure le public turc dans le processus semble être une nécessité urgente Écoutez, quand on examine ce qui se passe aujourd’hui en Syrie, on constate les conséquences de l’autoritarisme pendant et après la dictature d’Assad. Le gouvernement intérimaire actuel est presque entièrement composé de groupes racistes et criminels de guerre. Ces factions nourrissent des ambitions dictatoriales, assez proches de celles de l’ère Assad. Si l’on considère les massacres et les attaques visant les Alaouites et les Druzes aujourd’hui, ou les menaces constantes dirigées contre les Kurdes, ou plus précisément, l’utilisation persistante d’un langage menaçant contre toutes les minorités, ainsi que la poursuite de la politique de la Ceinture arabe et le mépris flagrant des droits des femmes, on comprend clairement combien il est dangereux d’insister sur une structure unitaire, et comment une telle insistance peut mener une région à la destruction. Cela a été vrai dans les deux phases. Cela montre que les pratiques démocratiques ne viennent pas de l’État ; elles sont façonnées par la rue et le peuple. Ce processus doit donc impliquer une civilarisation complète de l’État, la démocratisation des institutions et la purification de l’appareil d’État des politiques racistes et sectaires. Prendre des mesures de démocratisation en s’appuyant uniquement sur les Kurdes et en faisant reposer le fardeau de la paix sur leurs seules épaules revient en réalité à détourner le problème. Le véritable risque réside dans la question suivante : que se passera-t-il si l’État refuse d’abandonner son emprise autoritaire sur le pouvoir ? Une nouvelle guerre ? Ce serait catastrophique, une voie sans retour. Pour éviter cela, la question kurde doit dépasser les frontières des Kurdes et trouver sa place au sein de la société turque. Le peuple kurde est déjà conscient du processus et observe la phase de désarmement avec prudence, fort de sa propre force organisée. C’est pourquoi il est nécessaire de soustraire la question de la paix, devenue un instrument de chantage aux mains de l’État, à son emprise et d’en faire un enjeu social. Parallèlement, l’opinion publique turque doit être impliquée dans ce processus. Déconstruire la question kurde des contextes de « terrorisme », de conflit et de haine, et l’ancrer dans un nouveau processus politique, apparaît comme une nécessité urgente. Contrairement à de nombreuses analyses erronées, le mouvement politique kurde a ouvert la voie non seulement aux Kurdes, mais aussi à d’autres sociétés du monde. Depuis le milieu des années 1990, il a introduit non seulement les pratiques classiques de la guérilla, mais aussi des débats fondés sur l’écologie, l’humanité, le féminisme et la proximité avec la nature. Le slogan « Jin, Jîyan, Azadî » (Femme, Vie, Liberté), aujourd’hui central au sein du mouvement féministe mondial, puise ses racines dans les débats au sein du mouvement des femmes kurdes des années 1990. Franchement, rompre avec les pratiques dures, centralisées et militaristes du stalinisme et du maoïsme n’est pas chose aisée. Mais dans ce cas précis, ce sont surtout les femmes et les jeunes qui ont transformé de l’intérieur la dynamique idéologique du mouvement. Concrètement, les modèles de coopération civile au Rojava, ou les structures de gouvernance municipale, peuvent servir d’exemples. Le Mouvement pour la liberté du Kurdistan, en ce sens, est peut-être la seule force qui insiste davantage sur une voie socialiste que de nombreuses expériences de gauche en Turquie et au Kurdistan, et il a réussi à tisser des liens plus étroits avec les mouvements internationalistes. Nous parlons ici d’une tradition, d’une structure, qui entretient aujourd’hui des relations fortes avec les dynamiques antisystémiques de l’Amérique latine à l’Asie de l’Est, de l’Afrique à l’Europe et dans tout le Moyen-Orient. Tout le monde se demande si l’opinion publique turque est prête à accepter le nouveau processus. Mais personne ne parle de l’opinion des Kurdes, qui vivent dans un pays déchiré par la guerre depuis plus de 50 ans. Qu’est-ce qui attend les Kurdes et que faut-il faire ? En réalité, il ne s’agit pas seulement de cinquante ans. Si l’on considère le contexte colonial remontant à l’Empire ottoman, on parle d’une période bien plus longue. Quant à la question de savoir ce que veulent ou pensent les Kurdes, je crois que la réponse est claire. Le véritable problème semble résider dans une partie importante de la société, sans vouloir généraliser, qui refuse encore de l’accepter. Une partie qui refuse de reconnaître le droit des Kurdes à définir leur existence selon leurs propres termes et qui ne parvient pas à se libérer du tourbillon de la turcité et de l’identité sunnite. Autrement dit, comme les Alaouites (ou alévis), les Kurdes exigent que personne ne prenne de décisions à leur place, ne parle en leur nom et n’interfère dans leurs espaces de vie. Car la liberté appartient à leur propre corps. Bien sûr, les cinquante dernières années sont particulièrement significatives, car elles marquent une période où le tissu social entre Kurdes et Turcs a été profondément déchiré. D’un côté, nous avons les mécanismes de violence négationnistes et répressifs de l’État ; de l’autre, les pratiques de contre-violence anticoloniale du mouvement kurde ont contribué à créer un climat de peur et de haine. Il n’est donc pas facile de répondre à cette question. Quel combat faut-il alors mener ? D’un côté, il s’agit de convaincre une opinion publique nourrie de paranoïa, de militarisme et de pathologies racistes. À cet égard, la gauche, les intellectuels et les démocrates turcs ont une immense responsabilité. Mais d’un autre côté, nous parlons du monde kurde, élevé sous la pression du racisme, de la politique de haine et même d’une culture du lynchage ; façonné par la violence coloniale, la résistance et le traumatisme collectif. Et ce sont précisément eux qui sont les plus fervents défenseurs de la réconciliation. C’est pourquoi, pour répondre à cette question, je dirais que nous devons également attendre et observer l’évolution de ce processus. L’inquiétude règne parmi les Kurdes et l’État n’offre toujours aucune garantie Nous sommes confrontés à une spirale de violence qui s’étend sur plus de huit générations. Pour mettre fin à ce cycle et affronter un siècle de discours haineux, des « bandits kurdes » aux « terroristes kurdes », un discours raciste immuable, il faut adopter une position antiraciste et antifasciste radicalement différente. Malgré tout, je dois dire qu’il s’agit d’une décision historique, qui pourrait ouvrir la voie à une politique démocratique et civile. Je dis « malgré tout » car le processus de militarisation en cours demeure l’un des instruments les plus actifs du traumatisme social et doit enfin être démantelé. Permettez-moi d’ajouter que nous devons également reconnaître l’hésitation et la méfiance justifiées des Kurdes envers l’État, et comprendre la confusion qu’ils éprouvent dans les différents espaces politiques. Le colonialisme et la question kurde, qui perdurent depuis plus d’un siècle, sont comme une bombe à retardement placée sous nos yeux, un héritage de violence que nous devons affronter et démêler. Nous ne pouvons oublier les massacres de Suruç et de la gare d’Ankara en 2015. Aujourd’hui, le nationalisme ultra-turc, les généraux kémalistes à la retraite et le racisme turc alimentent une culture du complot, rendant ce sujet difficile à aborder et aggravant les blessures causées par les discours de haine. C’est pourquoi le malaise et la méfiance règnent parmi les Kurdes suite à la décision de désarmement, car l’État n’a toujours pas offert de véritables garanties. Il continue d’éviter d’aborder la question par le biais de cadres juridiques. Et, comme vous en conviendrez, il est clair que la partie kurde n’est pas seule concernée par ce problème. L’autre partie est l’opinion publique turque, qui reste empêtrée dans un nationalisme extrême et une paranoïa. Cela signifie que nous devons désormais privilégier le langage, le dialogue et une approche ouverte au compromis sur certaines positions. Dans une société où l’univers émotionnel du nationalisme extrême est omniprésent, nous devons nous demander comment construire un espace démocratique où les différentes voix politiques et le désir de paix peuvent s’exprimer ouvertement. Cela ne peut se faire sans affronter l’héritage de 1915 et du génocide arménien, sans se souvenir de cette histoire (et maintenant, on me traitera moi aussi de « crypto-Arménien »), ni sans reconnaître la paranoïa et la réactivité ultra-raciste engendrées par la structure technocratique et kémaliste de 1923. La réponse réside dans des efforts concrets pour organiser la paix. Tant que nous continuerons d’assister à des attaques contre la musique publique kurde, à l’emprisonnement de dizaines de maires élus sous tutelle, aux sanctions infligées aux étudiants, aux politiciens kurdes et aux autres dissidents ; tant que la République ne parviendra pas à surmonter ses phobies ; tant que le kurde ne sera pas reconnu comme langue maternelle et normalisé dans le cadre du processus de paix ; et tant que l’État continuera de stigmatiser ses propres dissidents, les risques resteront omniprésents. Car la question kurde représente non seulement la libération d’un peuple, mais aussi la construction d’une vie radicalement démocratique dans ce pays. Je préfère ne pas lire ceci à travers des références historiques, mais plutôt à travers les espaces démocratiques de vie commune qu’il faut construire aujourd’hui. Et il ne s’agit pas de ces généraux fascistes à la retraite, haineux et amers, qui continuent de résister à la paix, mais bien des vestiges militaires et autoritaires du régime de tutelle civile hérité du passé. Bien sûr, d’autres risques géopolitiques entrent également en jeu. Je crois néanmoins que le mouvement kurde est l’une des rares forces politiques à avoir analysé avec précision la conjoncture actuelle au Moyen-Orient et à s’être positionné en conséquence. Cela contribue également à la décision de désarmer et de créer un espace pour une politique civile démocratique. C’est pourquoi ce processus, aussi risqué, incertain et fragile soit-il, progresse grâce à la force des acteurs qui ont combattu et sont désormais prêts à déposer les armes. Il avance grâce à l’engagement émotionnel révolutionnaire d’un camp et à l’espoir. Alors, les Turcs abordent-ils toujours la question avec une mentalité coloniale, évitant de véritables conversations sur ce que veulent les Kurdes et pourquoi ils prônent la paix ? Si vous me le permettez, permettez-moi de conclure cette réflexion avant de revenir à la question : « Que veulent les Kurdes ? » Je pense que ce qui suit est étroitement lié à cette question. L’opinion publique turque doit, au-delà de réciter quotidiennement son serment nationaliste, commencer à construire une politique de vivre ensemble avec les Kurdes qui revendiquent une géographie et une vie communes. Cela implique d’embrasser la paix et le dialogue avec courage, sans prêter attention aux acteurs racistes. Cela signifie également que l’ensemble du système éducatif et des programmes scolaires doivent être démilitarisés et purgés de tout racisme. Tout langage faisant référence à une seule identité ethnique ou à une religion dominante doit être supprimé des manuels scolaires. Une approche pédagogique alternative et institutionnelle doit être mise en place pour ouvrir la voie à un nouveau récit de la Turquie, un récit qui permettra au processus de paix d’être véritablement efficace. En d’autres termes, si l’enseignement en langue kurde est autorisé mais qu’un enseignement autoritaire, sexiste et raciste perdure, il ne s’agira pas de dialogue social, mais de la persistance d’un autoritarisme d’État. La question kurde doit être abordée sous un angle antiraciste. Résoudre la question kurde implique de démilitariser le secteur, de démocratiser l’éducation par la pédagogie, d’éliminer le patriarcat et d’ancrer le programme scolaire dans un socle antiraciste. Il est clair que les intellectuels turcs portent aujourd’hui la responsabilité, risquée mais vitale, de transmettre la paix à la société et de contribuer à sa construction. Si ces questions ne sont pas abordées maintenant, par une position antiraciste courageuse, quand le seront-elles un jour ? La gauche turque, qui vit depuis longtemps dans un contexte de coups d’État, de violence et de racisme, doit désormais abandonner son ton hiérarchique et son habitude de parler avec condescendance, et commencer à expliquer ce processus de manière percutante et accessible. Contribuer à la résolution de la question kurde et à la construction de la paix sociale contribuera également à la paix dans tous les secteurs de la société. Car ce processus, cette économie de guerre, détruit avant tout les foyers des travailleurs et des pauvres. En réalité, la paix est aussi une question de classe. Elle contribuera à la création d’une économie du travail commune. Dans les médias grand public, personne ne parle vraiment des Kurdes Depuis la fin de la lutte armée, personne ne semble parler des Kurdes. Tout le monde se concentre sur les préoccupations de l’opinion publique turque, mais les médias grand public ne s’intéressent pas à l’opinion des Kurdes sur cette question. Personne ne se demande pourquoi les Kurdes sont inquiets. Laissez-moi vous dire ceci : ce que les Kurdes savent le mieux, c’est se sentir mal à l’aise. Des générations d’entre nous, moi y compris, ont été éduquées chaque matin sous l’ombre du serment nationaliste, et chaque soir avec l’hymne national. Pour les Kurdes, c’est une source de profond traumatisme. Et à l’instar des élèves arméniens et alaouites contraints de suivre un enseignement religieux centré sur la mosquée, d’autres communautés ont également vécu ce programme autoritaire, raciste et exclusif comme un générateur de traumatisme collectif. Il faut remettre cela en question. C’est pourquoi les peuples rarement reconnus en Turquie, ceux qui sont traités comme des étrangers, sont toujours inquiets. Pour que la Turquie devienne une société véritablement démocratique, inclusive et pluraliste, ces discussions doivent être menées plus ouvertement et avec plus de fermeté. Sinon, tant que le journalisme et la gouvernance resteront dépendants du concept de « terrorisme », ce problème ne sera pas résolu et s’aggravera encore davantage. Et au lieu de demander directement aux Kurdes ce qu’ils veulent, certains continuent de s’appuyer sur des voix façonnées par la paranoïa nationaliste de l’identité turque. Certains médias, comme A Haber, ou l’élite laïque des « Turcs blancs », présentent encore le problème en termes de « terrorisme » et de « séparatisme », mais un tel cadrage n’a aucun sens dans la région. Ce processus marque clairement une rupture non seulement avec des racistes comme Yılmaz Özdil, Tanju Özcan et Ümit Özdağ, mais aussi avec des figures de la région kurde comme Mehmet Metiner et Şamil Tayyar, qui se sont taillé une place grâce à des réseaux clientélistes et opportunistes. Il marque également le déclin de nombreux autres écrivains et personnalités publiques toxiques dont les plateformes ont longtemps reposé sur la rhétorique de guerre et les récits victimaires. Ces chiffres ont non seulement bloqué le progrès, mais ont, à vrai dire, contribué à créer la génération hyperparanoïaque que nous connaissons aujourd’hui. Le sentiment anti-kurde flagrant observé lors de récents rassemblements anti-AKP était loin d’être encourageant. L’ascension sociale d’une structure aussi profondément raciste n’est rien d’autre qu’une invitation au fascisme. Comme l’a dit un jour le psychiatre Wilhelm Reich à propos des nazis : « La théorie raciale n’est pas l’invention du fascisme ; au contraire, le racisme est le fondement psychologique qui donne naissance au fascisme. » C’est pourquoi la réconciliation devient quasiment impossible dans les couches sociales qui n’ont pas pris en compte le racisme. Une sorte de pathologie masochiste est à l’œuvre dans ces segments de la société, qui ne s’intéresse pas à ce que veulent les Kurdes, mais à ce qu’ils désirent eux-mêmes à travers leur propre haine. Certes, des changements intéressants ont été observés tant au sein du Parti républicain du peuple (CHP) que du Parti d’action nationaliste (MHP), d’extrême droite, qui ont joué un rôle majeur dans le déclenchement de cette crise. Mais si l’on s’intéresse à la mémoire historique, l’héritage du fascisme et l’insistance persistante sur le kémalisme ne sont guère rassurants. Les Kurdes veulent avant tout la reconnaissance de leur existence Les Kurdes aspirent à la liberté, mais surtout à la reconnaissance de leur existence, peut-être comme condition préalable. Ils veulent être éduqués dans leur langue maternelle, pouvoir s’exprimer librement et démocratiquement dans l’espace public, avoir leur mot à dire sur les questions qui les concernent et voir disparaître les noms, slogans et discours nationalistes imposés sur leurs montagnes et leurs plaines. Ils veulent cesser d’être contraints de dire « qu’il est heureux celui qui dit ‘je suis turc’ » chaque matin ou chaque soir. La décolonisation signifie guérir une région, sa mémoire culturelle et sa langue de toute forme de domination coloniale. Il est clair que les Kurdes exigent que tous ces éléments soient garantis constitutionnellement. La question ne doit plus être abordée avec une politique de temporisation ou de dilution, comme par le passé. Elle doit être prise au sérieux. La reconnaissance et la prise en compte sont les fondements du partenariat, et nous discutons déjà de la manière dont ces droits doivent être garantis constitutionnellement. La région doit être démilitarisée, non pas par la multiplication des avant-postes, des murs frontaliers, le renforcement des troupes ou une militarisation accrue, mais par un processus démocratique ouvrant la voie à une politique humaine et centrée sur la vie. La constitution doit être démocratisée. Le racisme doit être criminalisé. Les revendications des Kurdes ne doivent pas être craints, mais protégés par un cadre juridique constitutionnel inclusif et démocratique. Pour parler franchement, ce processus nécessite l’émergence d’une puissante dynamique sociale antiraciste en Turquie. Cela pourrait donner un véritable élan à ce problème. Car ce à quoi nous assistons aujourd’hui au Kurdistan n’est pas seulement un colonialisme classique. C’est aussi une assimilation intense (suppression de la langue kurde, interdiction des activités culturelles), une exploitation économique, une destruction écologique, une pauvreté, un traumatisme collectif et une violence militarisée et patriarcale visant les femmes et les enfants. De nombreuses générations en Turquie ont été empoisonnées par la haine  Bien sûr, nombre de ces propositions ne constituent que des premières étapes à grande échelle. Le véritable travail commence ensuite. L’un des piliers de la paix sociale est l’instauration de la justice : justice pour les Mères du samedi, pour les enfants tués, comme à Roboski et pour Uğur Kaymaz, pour Taybet Ana, pour les victimes de féminicides, pour celles et ceux qui ont perdu la vie à Suruç, lors du massacre de la gare d’Ankara, et bien d’autres. D’autre part, comme vous le savez, de nombreuses générations en Turquie ont été empoisonnées par la haine, le racisme et le nationalisme extrême. La plupart d’entre elles vivent aujourd’hui une forme de paranoïa collective. Les groupes d’extrême droite comme le Parti de la Victoire agissent comme des interprètes assermentés de la haine, diffusant constamment une propagande pour entretenir la haine sociale et l’hostilité envers les Kurdes et les migrants. Le racisme n’est toujours pas reconnu comme un crime en Turquie. Cela montre que la paix sociale doit être recherchée avec courage et que le racisme doit être constitutionnellement défini comme un crime. Ce n’est qu’à cette condition que des mesures efficaces pourront être prises contre les politiques xénophobes. Le racisme doit désormais être traité comme une infraction pénale. Cela permettrait également à la Turquie de commencer à guérir de sa profonde mémoire d’extrême droite et ultranationaliste. (ANF)

SYRIE. Naissance du magazine kurde « Hozar »

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SYRIE / ROJAVA – Le tout nouveau magazine en langue kurde, « Hozar », couvre divers sujets sur la langue kurde, notamment les fondements du développement de la langue, sa littérature, les questions de sa diffusion et l’identification de celles et ceux ayant contribué à sa renaissance.
 
Le magazine « Hozar » publié par la Fondation de la langue kurde à Alep traite de divers sujets dans le cadre de ses efforts pour faire revivre la langue kurde, promouvoir la littérature et la culture kurdes et favoriser une culture de lecture et d’écriture parmi les jeunes.
 

Dans le but de préserver la langue kurde de l’extinction due aux campagnes de génocide culturel auxquelles elle est soumise par des régimes au pouvoir négationnistes, et d’encourager ceux qui sont intéressés à écrire dans leur langue maternelle, en particulier les jeunes, la Fondation pour la langue kurde à Alep publie un magazine imprimé.

L’initiative de publier ce magazine imprimé répond à une demande des enseignants et des étudiants kurdes qui sont engagés et zélés dans leur langue maternelle, en se basant sur leurs connaissances linguistiques et littéraires de l’histoire de l’émergence et du développement de la langue.

Magazine imprimé

Le magazine, publié par la Fondation de la langue kurde à son siège dans la partie est du quartier de Sheikh Maqsoud à Alep, couvre divers sujets sur la langue kurde, notamment les fondements du développement de la langue, sa littérature, les questions de sa diffusion et l’identification des contributeurs à sa renaissance.

Le public cible de ce magazine imprimé comprend la société civile, les intellectuels et les jeunes en particulier. L’objectif est de les sensibiliser à leur histoire, leur culture, leur identité et leur langue, considérées comme des piliers essentiels à la préservation de l’existence et de la survie.

Date de publication

Le calendrier de publication et de distribution du magazine imprimé varie en fonction des obstacles auxquels la fondation est confrontée, tels que le manque de matériel nécessaire et les retards des contributeurs à enrichir le magazine avec leurs articles et textes dans les délais impartis.

Le premier numéro du magazine a été publié en février, le deuxième en mars et le troisième numéro est toujours en cours de publication, en attendant l’achèvement des articles et leur disposition dans les pages du magazine.

Zozan Dahar, membre de la Fondation pour la langue kurde, a présenté les principaux thèmes du magazine, soulignant son objectif de revitaliser la culture de l’écriture et de la lecture dans la langue maternelle. Elle a déclaré : « Outre un bref historique de la langue, nous consacrons une section du magazine à la contribution des femmes à son développement et à sa diffusion. »

Appel à contribuer à l’enrichissement du magazine

Zozan Dahar a appelé les passionnés de la langue kurde à laisser leur empreinte sur le magazine en soumettant leurs manuscrits à l’institution qui le publie, afin de diversifier les idées présentées et de le rendre plus attrayant pour les lecteurs de toute la société.

Zozan Dahar a expliqué que la fondation publie non seulement le magazine mais surveille également son impact sur les lecteurs, en déclarant : « Lors de la distribution du magazine, nous demandons aux lecteurs s’il y a des lacunes dans l’écriture et les idées présentées, et nous demandons leurs évaluations pour corriger les erreurs et améliorer les éditions futures. »

Zozan a également souligné leur dévouement à consacrer les dernières pages du magazine à la poésie, aux histoires humoristiques, aux proverbes et à d’autres sujets divers. (ANHA)

ROJAVA. Une délégation européenne en visite à Kobanê

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SYRIE / ROJAVA – Une délégation européenne s’est rendue dans la ville kurde de Kobanê pour évaluer la situation dans la région, examiner les défis sécuritaires auxquels elle est confrontée et discuter des moyens de renforcer la coopération et le soutien humanitaire.   Hier, le Conseil exécutif de l’Administration du canton de l’Euphrate a reçu une délégation européenne officielle à son siège basé à Kobané. Cette visite avait pour objet discussion autour des questions politiques et humanitaires, ainsi que de l’évolution de la situation dans le canton de Kobanê.   La délégation comprenait : Martin Schirdewan, député européen et coprésident du groupe de gauche au Parlement européen, Nora Friesz Vendenburgh, assistante de Martin Schirdewan, Philipp Degenehard, directeur adjoint de la Fondation Rosa Luxemburg, Fayik Yağızay, Représentant du Parti démocrate auprès des institutions européennes à Strasbourg, Sarah Glenn, conseillère de Fayik Yağızay L’objectif de la visite était de mieux comprendre les réalités de Kobanê, son système administratif et les défis sécuritaires auxquels il est confronté, ainsi que d’explorer les moyens de renforcer la coopération et l’aide humanitaire. La visite fait suite à une réunion entre la délégation et Hussein Othman, coprésident du Conseil exécutif de l’Administration autonome démocratique, ainsi que les adjoints de la coprésidence du conseil, au siège de l’Administration autonome dans le canton de Raqqa. (ANHA)

TURQUIE. Libération d’un membre du conseil de l’ordre du barreau d’Istanbul

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TURQUIE – Fırat Epözdemir, avocat kurde et membre du conseil de l’ordre du barreau d’Istanbul incarcéré pour « appartenance à une organisation terroriste », a été libéré hier soir. Firat Epözdemir avait été arrêté fin janvier à l’aéroport d’Istanbul à son retour d’une réunion au Conseil de l’Europe à Strasbourg.
Fırat Epözdemir à sa sortie de prison
Avocat et membre du conseil d’administration du Barreau d’Istanbul, Fırat Epözdemir a été libéré de la prison de Marmara (Silivri) où il était détenu. De nombreux avocats ont accueilli Epözdemir avec des fleurs et des applaudissements.   « Nous ferons de notre mieux pour tous nos amis injustement arrêtés »   Epözdemir a prononcé un bref discours à la sortie de la prison, soulignant qu’il continuerait la lutte. Il a déclaré : « Nous continuerons à nous battre pour que ce pays se développe en termes de démocratie, de droit et de droits humains. (…) J’ai été arrêté illégalement. Nous savons que des milliers de personnes sont détenues en Turquie, injustement et illégalement. Nous ferons de notre mieux pour tous nos amis injustement arrêtés et condamnés. Je tiens à remercier tous ceux qui nous ont soutenus jusqu’à présent. »

ROJAVA. Trois journalistes kurdes blessés dans un accident de la route

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SYRIE / ROJAVA – Trois membres de Ronahi TV, dont la journaliste Ciwana Cumaa, ont été blessés lors d’un accident de la route survenu il y a 3 jours. Les journalistes hospitalisés seraient dans un état stable. L’équipe de Ronahi TV a eu un accident alors qu’elle revenait de Raqqa à Hasakah.
 
Journalistes blessés de Ronahi TV
 
Les mois derniers, Ciwana Cumaa avait été la cible des fascistes turcs à cause des ses reportages réalisés sur le front de Tishreen qui fut le théâtre d’une résistance acharnée contre les attaques turco-jihadistes.

Vers une « Renaissance des femmes » au Kurdistan

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TURQUIE / KURDISTAN – Lors de la première Conférence des femmes parlementaires kurdes, les élues kurdes ont mis l’accent sur l’opportunité d’une « Renaissance des femmes » au Kurdistan tandis qu’elles décidaient « d’établir l’unité et des réseaux organisationnels parmi les femmes parlementaires kurdes ». La première « Conférence des femmes parlementaires kurdes » (en kurde: Konferansa Parlamenterên Jinên Kurd) organisée par le Mouvement des femmes libres (Tevgera Jinên Azad-TJA) à Amed s’est achevée aujourd’hui. À l’issue des ateliers organisés le deuxième jour au Centre des congrès de Çand Amed, la déclaration finale a été lue. La déclaration finale lue par la députée Semra Çağlar Gökalp se lit comme suit : En tant que femmes kurdes du territoire du Kurdistan, au cœur des régimes de guerre incessants des puissances capitalistes mondiales et des États-nations, nous avons subi l’exploitation et les massacres dans toute la région. La guerre menée par les dirigeants est un génocide contre les femmes kurdes. En tant que femmes qui n’ont jamais reculé devant la lutte pour notre langue, notre culture et notre identité, nous avons démontré notre résistance au Moyen-Orient et au monde entier comme un chemin vers la construction d’une nouvelle vie. La lutte des femmes, née au Bakur (Kurdistan du Nord), est devenue un modèle pour une nouvelle vie au Rojava. Alors que les soulèvements féminins contre les massacres au Bashur (Kurdistan du Sud) se multiplient, l’organisation des femmes à Shengal (Sinjar) est devenue une réponse aux féminicides. Grâce à Jina Amini, le slogan des femmes kurdes « Jin, Jiyan, Azadî » (Femme, Vie, Liberté) a touché des femmes du monde entier depuis le Rojhilat (Kurdistan oriental). Aujourd’hui, les femmes kurdes multiplient les étapes et les chemins vers la construction de leur liberté grâce à des modèles de défense des femmes, contrairement au siècle dernier. De Mina Qazi à Leyla Qasım, de Sakine Cansız à Xevrin Helef… À travers elles, l’histoire de la rébellion et de la liberté des femmes dans quatre régions (du Kurdistan) montre au monde entier que nous commençons à tisser le XXIe siècle vers un siècle de renaissance pour les femmes. À l’heure où le Kurdistan et le Moyen-Orient traversent un tournant historique, la tenue de la « Conférence des femmes parlementaires kurdes » revêt une importance historique et marque un début pour nous, femmes kurdes. La mémoire et le vécu des femmes kurdes tuées, emprisonnées et exilées témoignent de la lutte des femmes kurdes contre le racisme, le fondamentalisme religieux et le sexisme dans cette région. Cette conférence témoigne également de notre détermination et de notre unité à façonner ensemble notre avenir commun. Lors de la conférence, où nous avons discuté des possibilités de changement et de transformation dans une politique dominée par les hommes grâce à la lutte commune des femmes kurdes pour une politique démocratique, nos expériences ont servi de passerelle entre nous grâce aux mécanismes et modèles autonomes que nous avons créés grâce à nos réalisations. En tant que force fondatrice d’une vie libre et égalitaire, nous, les femmes, serons les acteurs d’un changement libertaire féminin, du parlement à tous les domaines de la vie. La lutte menée par les femmes au parlement contre la violence de l’État masculin et les politiques de féminicide joue un rôle majeur dans la défense de la vie des femmes. Il est essentiel que les femmes kurdes adoptent une position unie contre les lois sexistes et discriminatoires et se défendent mutuellement dans les arènes parlementaires où elles sont présentes. Nous nous défendrons et nous nous souviendrons les unes des autres face aux attaques telles que les lois sur le mariage précoce, la polygamie, les violences sexuelles, le génocide politique contre les femmes, l’enlèvement forcé de femmes yézidies et les mutilations génitales féminines. Nous nous organiserons pour défendre et construire nos acquis, notamment la Convention d’Istanbul, la CEDAW, les documents de la Révolution des femmes du Rojava, la résolution 1325 de l’ONU, la coprésidence et la représentation égale. Nous soulignons avec force l’« Appel à la paix et à une société démocratique » lancé par M. Öcalan, ainsi que le rôle et la responsabilité majeurs des femmes parlementaires kurdes dans la construction de la paix. L’unité des femmes kurdes, en paroles, en actes et en lutte, garantira non seulement l’unité entre les Kurdes, mais aussi la viabilité d’une société démocratique dans ses quatre composantes. La lutte des femmes englobe la multiplicité des identités et de la participation, et n’est pas seulement une lutte de genre, mais inclut également des luttes de classe, d’identité, de croyance et écologiques. La représentation des femmes en politique peut contribuer à la paix entre les peuples et les religions, ainsi qu’à l’instauration d’une société démocratique en donnant vie à des mécanismes fédérateurs. En cette période où les opportunités d’une « Renaissance des femmes » se multiplient au Kurdistan, nous pouvons garantir la liberté et l’égalité des femmes en unissant nos forces dans la lutte contre toutes les formes de guerre menées par le système capitaliste mondial et les régimes dominés par les hommes qui cherchent à légitimer des pratiques réactionnaires, sexistes et violentes. Tout comme la domination masculine attaque les femmes de manière globale et unifiée, nous, les femmes, pouvons vaincre ce système grâce à une lutte et une organisation féminines qui transcendent la fragmentation et la division. Notre conférence mènera ses travaux en prenant la décision historique d’établir l’unité et les réseaux organisationnels des femmes parlementaires kurdes aux niveaux local, régional et mondial. Après la lecture de la déclaration finale, les femmes ont scandé ensemble « Jin, Jiyan, Azadî (femme, vie, liberté) ».

TURQUIE. Un otage kurde libéré après 30 ans de captivité

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TURQUIE – Le prisonnier politique kurde, Yüksek Öztürk a été libéré de prison après 30 ans de captivité.
 
Yüksek Öztürk, qui était détenu à la prison de type F d’Edirne, a été libéré après 30 ans. Öztürk, qui a été accueilli par sa famille devant la prison, y a fait une brève déclaration. Öztürk a exprimé la beauté de la liberté et a déclaré : « Nous espérons que ce processus, que nous avons tous soutenu avec force, sera couronné de succès (…). Nombre de nos amis sont toujours en prison. (…) Nous souhaitons retrouver notre pays sur une base libre, démocratique et égalitaire. »
 
Yüksek Öztürk, qui a été arrêté en 1995, a purgé sa peine dans les prisons d’Erzurum, Gümüşhane, Çankırı, Bolu et Edirne.

CENSURE. La Turquie fait bloquer les comptes YouTube de 5 journalistes kurdes

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TURQUIE – Les comptes YouTube de cinq journalistes kurdes ont été bloqués en Turquie.
 
La censure sur YouTube continue. Cette fois, YouTube a bloqué les comptes des journalistes kurdes Günay Aslan, Amed Dicle, Erdal Er, Fehim Işık et Cahit Mervan à la demande de la Turquie.
 
Les journalistes ont fait publié le communiqué suivant appelant à la fin de la censure anti-kurde :
 
 
« Alors que le droit du peuple à recevoir des informations est usurpé et que la liberté de la presse est bafouée, le droit des travailleurs de la presse à travailler librement leur est également retiré.
 
YouTube, qui mène depuis longtemps une politique d’oppression consistant à « réduire le champ d’action » et à « restreindre l’accès » aux journalistes kurdes, a également ciblé hier les journalistes kurdes ; L’accès aux chaînes appartenant à Günay Aslan, Amed Dicle, Erdal Er, Fehim Işık et Cahit Mervan a été bloqué en Turquie.
 
YouTube nous a envoyé un message hier indiquant que les chaînes sur lesquelles nous diffusons étaient bloquées en Turquie suite à une « plainte de la Turquie ». Nous considérons cette décision comme un coup porté à la liberté de la presse et nous la rejetons fermement.
 
D’autre part, nous sommes conscients que la Turquie est un marché fort et attractif pour les entreprises de médias sociaux et les plateformes numériques. Il est toutefois inacceptable que ces médias se soumettent de manière déshonorante aux exigences de censure et de blocage du régime d’Erdoğan en raison de leurs intérêts économiques. Il est douloureux et honteux que YouTube soit devenu un outil pour les « plaintes » de l’État turc concernant le blocage de la presse kurde. Nous exigeons que cette décision soit annulée dans les plus brefs délais ; Nous attendons que la liberté de la presse et le droit du public à recevoir des informations soient respectés.
 
Nous appelons la presse, les organismes de radiodiffusion, les journalistes et le public à prendre position contre cette interdiction, à exprimer leurs réactions et à soutenir les institutions et les travailleurs de la presse kurdes. »

MARSEILLE. Conférence/débat autour de la question kurde

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MARSEILLE – Le Collectif Internationaliste Marseille-Kurdistan (CIMK) organise le 6 juin une discussion autour de la question kurde, notamment sur la dissolution de la guérilla kurde. Voici les détails de la soirée organisée à La Fraternité Belle de Mai donnés par le CIMK: Comment comprendre la dissolution du PKK, quel futur pour le mouvement révolutionnaire du Kurdistan et à l’international ? Le CIMK – Collectif Internationaliste Marseille-Kurdistan, membre du réseau Serhildan, vous invite le vendredi 6 juin à 19h à une discussion autour de l’actualité au Kurdistan dans le cadre de la série de conférences intitulées « Printemps Révolutionnaires Apoistes ». Abdullah Ocalan est le pionnier de la pensée révolutionnaire qui a donné naissance à un mouvement de libération au Kurdistan, un mouvement qui a commencé il y a 50 ans. Avec son Parti, le PKK (Parti des travailleurs et travailleuses du Kurdistan), il répand dès le début l’idée que la révolution ne devait pas se restreindre à la libération d’un pays, mais devenir une lutte de tous les peuples contre le système capitaliste oppresseur. Il a été emprisonné pour son rôle et ses pensées en 1999 mais le mouvement n’a jamais cessé son action et A. Ocalan n’a pas cessé, pendant ses 26 ans d’incarcération de penser aux solutions face au colonialisme, au patriarcat et au système d’Etat-Nation. Le 27 février dernier, Abdullah Ocalan annonçait la dissolution du Parti et la fin de la lutte armée. Cet appel est repris par les médias mainstream qui traduisent dissolution par capitulation. Mais l’histoire ne peut pas être écrite par l’oppresseur. C’est à nous d’écrire l’histoire et la mémoire collective du côté des mouvements démocratiques de libération des peuples. Nous vous invitons lors de cette soirée à Marseille à comprendre ensemble cet appel avec la participation de militant.es internationalistes. Après les discussions, la soirée continuera autour d’un repas vegan. Salutations internationalistes, CIMK cimk13 chez riseup.net Serhildan, site d’information sur les luttes au Kurdistan et réseau internationaliste de solidarité contact chez serhildan.org