Le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) appelle l’ONU et la coalition internationale de lutte anti-Daesh à intervenir d’urgence pour empêcher la Turquie d’envahir le Rojava et d’y commettre de nouveaux massacres dans le sillage d’Afrin.
Voici le communiqué du CDK-F :
« Les menaces de l’État turc d’envahir militairement le Rojava (nord de la Syrie) deviennent plus graves de jour en jour. En janvier 2018, l’armée turque avait déjà lancé une campagne d’agression militaire contre Afrin. Cette campagne menée avec le soutien de plusieurs groupes djihadistes a finalement abouti à l’occupation d’Afrin et provoquée une tragédie humaine dans cette région qui avait jusque-là été épargnée par la guerre qui fait rage en Syrie : des centaines de civils ont été massacrés, des milliers d’autres blessés ; la région a été incendiée, pillée et détruite par l’État turc et ses alliés djihadistes. Des centaines de milliers de personnes ont été forcées de quitter leur foyer. La guerre et l’occupation qui s’en est suivie et les campagnes actuelles de terreur menées par l’État turc et ses alliés djihadistes ont considérablement modifié la structure démographique de la région. Le nettoyage ethnique était d’ailleurs le but ultime de cette agression militaire.
Cherchant à faire de même dans les autres régions du Rojava, la Turquie se prépare à attaquer une zone de 500 km de long située entre le Tigre et l’Euphrate. Ses cibles prioritaires sont les villes situées le long de sa frontière – Kobanê, Manbij, Tell Abyad, Serê Kaniyê (Ras al-Aïn, Dirbêsiyê (Darbasiyah), Amûdê, Qamishlo, Tirbespî (al-Qahtaniyah), Dêrik (al-Malikiyah)-, mais elle vise aussi Hassaké et Raqqa. Une offensive armée de la Turquie contre cette zone qui représente une population 3 millions de personnes, avec de grands centres urbains comme Qamishlo, Hassaké et Raqqa, provoquerait une tragédie humanitaire de grande ampleur dans ce pays déjà meurtri par la guerre.
Le Rojava et l’administration régionale du nord et de l’est de la Syrie sont investis depuis des années dans la lutte contre Daesh. Leurs forces armées, les YPG, YPJ et FDS ont payé et continuent à payer le plus lourd tribut dans cette guerre qui n’est pas encore terminée. Le monde entier a été témoin il y a quelques années de la résistance de Kobanê contre Daesh. Aujourd’hui, la Turquie cherche à détruire les cibles manquées par Daesh, en particulier Kobanê.
Les forces de la coalition anti-Daesh dirigées par les États-Unis, comprenant le Royaume-Uni, la France et d’autres Etats, ont une présence active dans la région : rien qu’au cours de la semaine écoulée, elles ont mené plus de 200 frappes en Syrie. Les forces de la coalition avaient promis une protection à l’administration régionale et aux peuples de la région. Toutefois, selon les dernières nouvelles, les États-Unis se prépareraient, sous la pression de la Turquie, à retirer leurs forces de la région. Si les forces de la coalition se retirent, elles livreront les peuples de cette région à un bain de sang. Une telle évolution infligerait une blessure profonde à la conscience de l’humanité.
Notre appel à la communauté internationale et à l’humanité :
1. Les forces de la coalition anti-Daesh ne doivent pas quitter le nord et l’est de la Syrie / Rojava, jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée à la crise syrienne.
2. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir de toute urgence et protéger la population de la région en décrétant une zone d’exclusion aérienne.
3. Les Etats européens, en particulier la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, doivent sortir de leur silence et prendre des mesures pour protéger les peuples de la région (Kurdes, Arabes, Syriaques, Assyriens, Arméniens et Turkmènes) contre les menaces de la Turquie et de ses alliés djihadistes.
4. Les organisations de défense des droits humains, les mouvements pacifistes et les forces démocratiques ne doivent pas rester silencieux face aux massacres imminents ; elles doivent entendre la voix des Kurdes, des Arabes, des Syriaques, des Assyriens, des Arméniens, des Turkmènes, des alévis, des musulmans, des yézidis, des chrétiens, menacés par les velléités expansionnistes du régime dictatorial turc. Nous les appelons à être solidaires des peuples du nord et de l’est de la Syrie, et à construire avec eux la démocratie et la paix dans la région.
Les peuples du Kurdistan sont déterminés à résister aux agressions de la Turquie et de ses alliés djihadistes ! Ils appellent tout le monde à la solidarité ! »