SYRIE / ROJAVA – Les habitants des quartiers kurdes d’Alep exigent des comptes après les attaques meurtrières commis par des gangs affiliés à Damas tandis que leurs quartiers restent encore sous le blocus militaire.
Le conseil municipal des quartiers à majorité kurde de Şêxmeqsûd (Cheikh Maqsud) et d’Eşrefiyê (Achrafia) à Alep a qualifié l’attaque perpétrée contre ces deux quartiers de « coordonnée et délibérément planifiée ». Lors d’une conférence de presse publique, le conseil a appelé le gouvernement intérimaire syrien à Damas à traduire en justice les unités impliquées.
La déclaration a été lue mardi sur la place des Martyrs à Sheikh Maqsud, en présence de résidents et de représentants d’organisations de la société civile. Le porte-parole, Mustafa Mihemed, a accusé les milices islamistes gouvernementales d’avoir « systématiquement ciblé les civils ».
Le conseil a qualifié l’incident d’« attaque mise en scène », précédée de préparatifs délibérés, notamment des coupures d’électricité et d’internet, des fermetures de routes et le retrait des forces de sécurité de l’État des points de contrôle gérés conjointement avec l’autorité de sécurité autonome Asayish. Ces attaques ont coïncidé avec la visite d’une délégation turque à Damas. « Tout cela laisse présager une escalade planifiée », a déclaré Mihemed.
Victimes civiles suite à des bombardements intensifs
D’après les autorités locales, l’attaque a utilisé des armes lourdes et moyennes, notamment des chars et des lance-roquettes. Une femme a été tuée et au moins 25 personnes ont été blessées, dont six membres de la communauté d’Asayish. Les bombardements ont ciblé des zones résidentielles densément peuplées, rendant de nombreux bâtiments inhabitables.
« Ces attaques constituent une violation flagrante du droit international humanitaire, notamment de l’interdiction des violences ciblées contre la population civile », poursuit le communiqué. « Nous ne considérons pas cet incident comme un cas isolé, mais plutôt comme la poursuite du siège de nos quartiers par les forces du gouvernement de transition, qui dure depuis des mois », a déclaré Mihemed.
Appel à la communauté internationale
La déclaration du conseil municipal s’adressait également aux organisations internationales et aux groupes de défense des droits humains. Plus de 55 000 familles sont touchées par le siège en cours à Şêxmeqsûd et Eşrefiyê. L’administration municipale a exigé la fin immédiate des opérations militaires, la protection de la population civile et la poursuite pénale des milices impliquées.
Dans le même temps, le conseil municipal a réaffirmé sa volonté de dialoguer dans le cadre des accords précédents conclus avec le gouvernement de transition, notamment l’accord du 10 mars. « Ils souhaitent rester partie intégrante d’une Syrie unie et décentralisée et œuvrer de concert avec d’autres segments de la population contre les forces de division », a déclaré Mihemed. (ANF)