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Résultats des élections parlementaires irakiennes

PARIS – Nous partageons avec vous le compte-rendu des récentes élections parlementaires irakiennes qui englobaient également le Kurdistan du Sud publié hier par l’Institut Kurde de Paris.

Résultats des élections parlementaires irakiennes

Le 11 novembre, des élections parlementaires ont été organisées dans toutes les provinces et régions de l’Irak, y compris au Kurdistan.

Les citoyens irakiens ont été appelés à élire pour un mandat de quatre ans 329 députés pour le Parlement fédéral unicaméral de Bagdad.

Le premier enseignement du scrutin : le taux de participation a été de 56,11 %, contre 41 % aux élections de 2021. Le taux, souvent inférieur à 50 % dans les provinces chiites et à Bagdad, s’est élevé au Kurdistan à 77,4 % à Duhok, à 71,65 % à Erbil, à 65,02 % à Kirkouk et à 60,15 % à Suleimanieh. Dans la province mixte kurde-arabe de Nineveh (Mossoul), il a été de 65,9 %. L’électorat arabe sunnite s’est également largement mobilisé dans les provinces à majorité sunnite avec des taux dépassant les 65 %.

Au total, sur les 21.404.291 électeurs enregistrés, 12.003.143 se sont rendus aux urnes. Plus de 9 millions d’Irakiens en âge de voter ont omis de s’inscrire sur les listes électorales. Si l’on tient compte des non-inscrits, pour la plupart chiites, seuls 38 % des Irakiens en âge de voter ont pris part au scrutin. On ne sait pas quel a été l’impact sur les taux d’abstention et de non-inscription de l’appel au boycott de l’influent leader chiite Moqtada al-Sadr, dont la liste était arrivée en tête lors des élections parlementaires de 2021.

Plus de 7 000 candidats et près d’une centaine de partis et de coalitions de partis étaient en lice pour 329 sièges de députés. Selon les résultats annoncés le 17 novembre par la Haute Commission Électorale Indépendante, la liste de la Coalition de reconstruction et du développement du Premier ministre est arrivée en tête avec 1.317 446 voix, soit 11,08 % des suffrages exprimés. Elle obtient 46 sièges, contre 2 sièges aux élections de 2021 pour le petit parti d’al-Soudani.

Arrive en seconde position, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) avec 1.099.826 voix, soit 10,09 % des suffrages, et s’affirme en fait comme le premier parti d’Irak et du Kurdistan, la coalition de M. al-Soudani n’étant qu’un regroupement de plusieurs partis chiites. Malgré sa belle performance en voix par rapport aux élections de 2021, où elle avait obtenu 781.670 voix, le PDK n’obtient que 26 sièges contre 33 sièges en 2021, en raison du nouveau mode de scrutin défavorable aux Kurdes. Ainsi, un député chiite de la coalition du Premier ministre irakien est, en moyenne, élu avec 28.640 voix, tandis qu’un candidat kurde du PDK a besoin de 42.301 voix pour décrocher un siège de député.

Le PDK est arrivé premier à Duhok où il a obtenu 9 sièges (sur 12), à Erbil où il a obtenu 9 sièges (sur 16), et à Nineveh (Mossoul) 5 sièges (sur 34). À Suleimanieh, il n’a gagné que 2 sièges et 1 seul siège à Kirkouk.

L’Union patriotique du Kurdistan (UPK), autre formation historique kurde, a obtenu 548 296 voix, soit la moitié des voix du PDK. Elle a obtenu 15 sièges, contre 16 en 2021, dont 8 sièges (sur 18) dans la province de Suleimanieh, 4 à Kirkouk et 3 à Erbil.

En 3e position arrive une nouvelle formation issue du Parti Gorran (Changement), appelée Halwest (Position), qui est créditée de 5 sièges, dont 3 à Suleimanieh et 2 à Erbil. Suit l’Union islamique du Kurdistan (Yekgirtû), qui, avec 166 904 voix, obtient 4 sièges, comme en 2021, dont 2 à Duhok et 2 à Suleimanieh. Un autre parti islamique, Komal, obtient un siège dans le gouvernorat de Suleimanieh. La Nouvelle Génération, qui en 2021 avait créé la surprise en obtenant 9 sièges, n’obtient cette fois-ci que 3 sièges, souffrant sans doute du discrédit consécutif aux démêlés judiciaires de son leader.

Dans la province hautement symbolique de Kirkouk, les Kurdes, en raison de leurs divisions, ont totalisé 251 945 voix mais obtenu seulement 5 sièges (contre 6 en 2021), dont 4 pour l’UPK et 1 pour le PDK. Les deux listes turkmènes obtiennent ensemble 98 896 voix et 2 sièges. Les 3 listes arabes totalisent 180 687 voix et 5 sièges, dont 3 pour la coalition al-Taqaddum (Le Progrès) de l’ex-président du Parlement, Mohamed al-Halboussi, 1 pour la coalition arabe et 1 pour la coalition Azim.

252 candidats s’étaient en lice pour les 13 sièges du gouvernorat de Kirkouk, dont 1 siège de quota réservé aux chrétiens. Pour la première fois, une liste étiquetée Alliance pour la cause yézidie s’est présentée dans le gouvernorat de Nineveh (Mossoul) et elle a obtenu 49 197 voix et 1 siège.

Dans le système électoral irakien, sur les 329 sièges à pourvoir, 83 sont réservés aux femmes, qui dans le cadre de ce quota de 25 %, peuvent être élues avec bien moins de voix que leurs collègues masculins. 9 sièges sont réservés aux minorités religieuses, dont 5 pour les chrétiens, 1 pour les yézidis, 1 pour les shabaks, 1 pour les mandéens et 1 pour les Kurdes feylis.

Les listes des partis kurdes totalisent ensemble 54 sièges auxquels pourraient s’associer les 2 députés kurdes yézidis, 1 député kurde feyli élu sur quota et les 5 députés chrétiens élus sur quota soit au total 62 députés.

Sur le plan irakien, la liste de la coalition chiite menée par le Premier ministre, arrivée en tête, obtient 46 sièges. Elle est suivie par la coalition al-Taqaddum (Le Progrès) de l’ex-président du Parlement Mohamed al-Halboussi, qui obtient 27 sièges.

On remarque la percée électorale des partis issus de milices chiites pro-iraniennes. Parmi les membres de ces factions regroupées au sein du Cadre de coordination pro-iranien, la coalition État de droit dirigée par l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki a remporté 29 sièges ; la faction Asaïb Ahl al-Haq, organisation de Qais al-Khazali (désignée comme terroriste par les États-Unis), 28 sièges ; et l’organisation Badr, dirigée par Hadi al-Amiri, 21 sièges. (AFP, 17 novembre)

Les dirigeants du Cadre de coordination se sont réunis dès l’annonce des résultats officiels. Ils affirment être en position de force pour nommer le nouveau Premier ministre, qui selon l’usage doit être un chiite, tandis que le poste, plutôt honorifique, de président de la République est réservé à un Kurde et celui de président du Parlement à un Arabe sunnite.

Dans la matinée du 18 novembre, au cours d’une conférence de presse à Duhok, au Kurdistan, où il se trouvait pour un colloque, le Premier ministre al-Soudani a annoncé que sa coalition de reconstruction, disposant de 46 sièges, allait rejoindre le Cadre de coordination, lui assurant ainsi une nouvelle majorité des sièges au Parlement suffisante pour former le prochain gouvernement. Il affirme que sa volonté d’être candidat n’était pas une question d’ambition personnelle mais de responsabilité « pour mener à bien sa mission ».

Ces négociations pourraient durer des semaines, voire des mois, pour trouver un compromis global entre chiites, sunnites et Kurdes.