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KCK : Le chemin vers la paix et la démocratie passe par Dersim

TURQUIE / KURDISTAN – À l’occasion du 88e anniversaire de l’exécution du dignitaire kurde-alévi Seyîd Riza, le KCK appelle à une reconnaissance officielle du génocide de Dersim. Seule une confrontation avec l’histoire permettra de bâtir un avenir démocratique et juste.

À l’occasion du 88e anniversaire de l’exécution de Seyîd Riza (également orthographié Seyit Rıza), le Conseil exécutif de l’Union des communautés du Kurdistan (KCK) a appelé à une révision historique approfondie du génocide de Dersim. Dans une déclaration écrite, la KCK rend hommage au chef de la résistance kurde-alévi et à ses camarades, condamnant les événements de 1937-1938 comme l’un des massacres les plus horribles de l’histoire de l’humanité.

Le génocide perpétré contre la population de Dersim (en turc : Tunceli) a infligé des souffrances incommensurables : « Les rivières étaient rouges de sang, des enfants à naître étaient tués à la baïonnette dans le ventre de leur mère, des villages entiers étaient rasés. Ces massacres ont clairement révélé le vrai visage d’une conception négationniste et destructrice de l’État : à Dersim, la profondeur de la haine anti-kurde était aussi manifeste que la volonté d’anéantir systématiquement une identité culturelle, linguistique et religieuse. »

Il faut nommer et traiter ce problème. Seule une reconnaissance publique et politique des crimes historiques permettra d’instaurer la paix.

Seyîd Riza comme symbole de résistance

Seyîd Riza était un chef tribal respecté et une autorité religieuse. Il devint un symbole de résistance contre les politiques d’homogénéisation et d’assimilation menées par la jeune République turque. Sous prétexte de négociations de paix, il fut attiré dans un guet-apens en septembre 1937. Seyîd Riza fut arrêté et, après un procès sommaire, exécuté le 15 novembre 1937 à Xarpêt (Elazığ), avec son plus jeune fils et cinq autres résistants.

Selon le KCK, ces exécutions n’étaient pas seulement l’expression de la détermination de l’État à recourir à la violence, mais le résultat d’un complot délibéré : « L’État avait déjà décidé du massacre et a utilisé toutes les formes de ruse, de violence et de trahison pour le mener à bien. »

Mais par sa résistance inébranlable face à l’oppression, Seyîd Riza a laissé un héritage qui continue d’influencer notre époque : « Son courage à refuser de céder est à la hauteur des souffrances infligées au peuple de Dersim. La résistance kurde contre les massacres et l’anéantissement – ​​à Dersim, au Kurdistan du Nord, partout – a été soutenue par cet esprit. »

La résistance comme héritage historique

Le mouvement de libération kurde, et notamment le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), aujourd’hui dissous, s’inscrit également dans cette tradition : « À travers 52 années de lutte continue, le PKK a vaincu le négationnisme et préservé l’existence du peuple kurde. Cet héritage historique est notre fondement. »

Au regard de la situation actuelle, le KCK souligne l’importance du processus de paix et de construction d’une société démocratique initié par Abdullah Öcalan en février dernier. Le succès de cette initiative est non seulement crucial pour la résolution de la question kurde, mais aussi une condition préalable à la démocratisation fondamentale de la Turquie.

« Les grandes souffrances et les sacrifices du peuple kurde n’ont pas été vains. Si ce processus aboutit, les souffrances de ce peuple trouveront leur place dans l’histoire – et nous assumerons notre responsabilité historique », conclut le KCK. (ANF)