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LIVRE. Mourir le sourire aux lèvres. Depuis la prison n°5 de Diyarbakır

PARIS – Les éditions Syllepse publieront prochainement un livre-témoignage de Mehmet Dag, un otage de la prison de Diyarbakir où des officiers turcs ont commis des sévices inhumains contre les Kurdes durant les années 1980 sous la junte militaire dirigée par le boucher Kenan Evren. (Sortie prévue en décembre 2025)

Mourir le sourire aux lèvres. Depuis la prison n°5 de Diyarbakır

« Le livre relate les atrocités commises durant des années, après le coup d’État militaire du 12 septembre 1980, lorsque l’État turc arrêtait des jeunes Kurdes et des militants du PKK pour les enfermer dans la prison n°5 de Diyarbakır.

Lieu de détention et de torture de milliers d’opposants, kurdes pour la plupart, cette prison a été fermée en 2022. Nuri Sinir, qui a pris la tête d’un collectif d’anciens prisonniers voulant faire de ce lieu un « musée de la honte », rapporte que les gardiens de cette prison disaient: Ici Dieu n’existe pas et ses prophètes sont en congé.»
L’auteur a écrit ce livre en 2010, à l’époque où il se trouvait dans la prison de haute sécurité de Kandıra, construite sur le modèle des établissements pénitentiaires des États-Unis et d’Allemagne. Pendant cette période, il a été condamné à l’isolement à plusieurs reprises en raison de sa participation à la campagne pour protester contre l’isolement imposé au leader kurde Abdullah Öcalan.

Ce livre a été écrit en quarante-cinq jours à l’isolement, mais risquait être détruit s’il était retrouvé lors des perquisitions. Il a donc dû être caché dans différents endroits. Le manuscrit a été copié en trois exemplaires, chacun étant donné à des camarades dans différentes cellules. Il a été sorti de la prison feuillet par feuillet.

L’arrestation, les interrogatoires, la torture, les humiliations, l’incarcération, la mise à l’isolement, les parodies de procès, la solidarité entre prisonniers, les trahisons, voici ce que relate ce livre écrit dans des conditions inhumaines, par un rescapé. Si pour des raisons tenant aux conditions particulières d’écriture, le récit met en scène un certain « Cemil », c’est bien le récit de ce qu’a vécu l’auteur durant ces années terribles.

À l’heure où le PKK annonce l’arrêt de la lutte armée et sa dissolution, ce livre permet de comprendre la violence exercée par le pouvoir turc envers le peuple kurde depuis des dizaines d’années. »