SYRIE / ROJAVA – Hier, plusieurs centaines de femmes de toutes les communautés de la Syrie ont participé à la conférence des femmes organisée à Hassakê. Des femmes druzes ont rejoint la conférence par visioconférence pour saluer les organisatrices de la conférence et le public.
Une conférence intitulée « L’unité des femmes est le fondement de la construction de la justice et de la démocratie dans une Syrie décentralisée et unie » s’est tenue dans la ville de Hesekê.
La conférence, organisée par les organisations de femmes Kongra Star et Zenûbya Women’s Community, a accueilli environ 700 délégués, dont des personnalités politiques, des avocates, des intellectuelles et des représentantes de tribus arabes du nord-est de la Syrie, d’Alep, de Damas et de la côte ouest à majorité alaouite. Les femmes de Soueïda ont participé à la conférence via Zoom.
Rîhan Loqo : Nous sommes la force des femmes unies
La porte-parole du Mouvement des femmes de la Syrie du Nord et d’Est, Kongra Star, Rîhan Loqo, a prononcé le discours d’ouverture de la conférence, qui a commencé par une minute de silence.
« Nous sommes la force des femmes unies ; nous avons la volonté du changement et nous nous sommes réunies avec l’espoir de construire la Syrie du futur », a déclaré Rîhan Loqo, soulignant que la conférence est une plateforme stratégique qui unit la vision des femmes pour une Syrie démocratique, pluraliste et décentralisée, fondée sur la libre volonté des peuples, et qui défend les droits des femmes et de toutes ses composantes.
Rîhan Loqo a souligné que les femmes syriennes poursuivaient leur lutte pour leur participation à la vie sociale et politique malgré tous les efforts d’assimilation et de répression déployés sous le régime Baas. « La Syrie est entrée dans une nouvelle ère après la chute du régime Baas, mais les pressions et les violences à l’égard des femmes persistent », a-t-elle ajouté.
Attirant l’attention sur les massacres perpétrés à Soueïda et dans la région côtière syrienne, Rihan Loqo a déclaré que le régime actuel considère les femmes comme de simples corps et des marchandises à vendre et à acheter. « Nous n’acceptons pas un régime qui nous opprime au nom de la religion et nous tue au nom du pouvoir », a-t-elle déclaré.
Rîhan Loqo a déclaré que ce congrès avait été organisé pour la liberté des femmes, fondement de la liberté de la société. Elle a souligné que la philosophie « Jin, Jiyan, Azadî » (Femme, Vie, Liberté) n’est pas un slogan, mais une réalité concrète qui a permis à des milliers de femmes de jouer un rôle actif en politique, dans l’administration, la défense et l’économie, et de remporter des succès historiques au Moyen-Orient.
Loqo a souligné que la Syrie du futur devait être un pays démocratique, décentralisé et multiculturel ; qu’elle devait être construite sur la base du libre arbitre de toutes les composantes et des femmes. Elle a ajouté qu’une constitution rédigée sans la participation des femmes n’était pas légitime et que la paix ne pouvait être instaurée sans leur voix.
Rîhan Loqo a exposé les objectifs du Kongra Star comme suit :
– Établir une Syrie démocratique, pluraliste et décentralisée qui garantisse les droits des femmes et de toutes ses composantes.
– Veiller à ce que les femmes soient représentées à au moins 50 pour cent dans toutes les institutions de l’État et les conseils locaux.
– Rédiger une nouvelle constitution qui garantisse les droits des femmes, assure leur rôle en tant qu’actrices clés et établit la séparation de la religion et de l’État.
-Organisation d’une conférence nationale avec une large participation des femmes syriennes pour consolider les points de vue des femmes.
– Assurer la représentation des femmes dans les comités de réforme de la justice et d’enquête.
– Abroger toutes les lois qui discriminent les femmes et promulguer des lois qui protègent les femmes.
– Protéger les acquis de la révolution du Nord-Est syrien et soutenir l’administration démocratique autonome.
– Renforcer l’identité nationale fondée sur le pluralisme culturel et religieux.
– Construire une société démocratique, libre et écologique basée sur la philosophie « Jin, Jiyan, Azadî ».
– Rejeter toute forme d’occupation et d’intervention étrangère, notamment de la part de la Turquie, et de soutien aux groupes djihadistes.
Xod El Elî : les femmes syriennes se sont battues héroïquement
Xod El Elî, porte-parole de la Communauté des femmes de Zénobie, a attiré l’attention sur les crimes commis contre les femmes par Daech et a déclaré : « Les femmes syriennes ne se sont pas rendues. Elles ont rejoint les Unités de défense des femmes (YPJ) et ont combattu héroïquement les mercenaires. »
« La Syrie du futur doit garantir la justice et l’égalité pour les femmes, les protéger de la violence et de la discrimination, et veiller à ce que les femmes soient représentées dans tous les domaines et mécanismes de prise de décision », a-t-elle souligné.
Xod El Elî a appelé toutes les femmes à travailler ensemble pour un avenir meilleur.
Foza Yusif : La paix commence par le dialogue et la reconnaissance de toutes les voix
La coprésidente du Comité de négociation pour le Nord et l’Est de la Syrie et membre du Conseil présidentiel du Parti de l’union démocratique (PYD), Foza Yusif, a critiqué l’actuel gouvernement syrien de transition, dont le projet de constitution, selon elle, ne prend pas suffisamment en compte les droits des femmes et exclut de larges pans de la société.
« Une paix fondée sur la violence n’est pas la paix. La paix commence par le dialogue et la reconnaissance de toutes les voix, en particulier celle des femmes », a déclaré Yûsif, se prononçant en faveur d’une réforme constitutionnelle dans l’esprit d’une « constitution des femmes ».
Yûsif a ensuite évoqué le rôle des combattants du YPJ, qui ont mené une « défense héroïque de la vie » dans la résistance contre l’EI et a averti que la participation politique n’était pas un privilège mais un droit fondamental.
Yûsif a également dénoncé la répression exercée contre les militantes, les journalistes et les femmes politiques, tant par les forces gouvernementales « officielles » que par des groupes islamistes proches de Damas. Elle a également appelé l’opposition syrienne à prendre clairement position contre l’intervention et l’occupation étrangères.
Aujourd’hui, nous écrivons le contrat social de demain, et il commence par les femmes. Sans leur liberté, toute constitution reste vide de sens. L’expérience du nord-est de la Syrie montre qu’une Syrie démocratique est possible grâce à l’auto-administration, à l’égalité des droits et au rejet collectif de la violence.
Anahîd Qesabiyan : Nous travaillerons côte à côte avec les femmes d’autres communautés
S’exprimant au nom de l’Union des femmes arméniennes, Anahîd Qesabiyan a cité des exemples tirés du vécu des femmes arméniennes victimes de massacres et de déplacements forcés. Affirmant que les souffrances endurées doivent être transformées en construction de la paix et de la démocratie, Anahîd Qesabiyan a déclaré : « Nous œuvrerons aux côtés des femmes d’autres communautés pour une Syrie démocratique, multiculturelle et décentralisée, qui protège l’honneur des femmes et garantisse les droits de tous les peuples. »
Ebîr Selman : Abdullah Öcalan est celui qui a le plus soutenu la libération des femmes
S’exprimant au nom des femmes alaouites, Ebîr Selman a souligné l’importance des mouvements de femmes et a déclaré que le leader kurde Abdullah Öcalan était le penseur qui soutenait le plus la libération des femmes.
La conférence s’est poursuivi avec l’intervention de femmes de différentes communautés. (ANF)