SYRIE / ROJAVA – « Comment les Kurdes sont-ils censés se défendre sans armes au Moyen-Orient, où ils sont entourés de nombreux ennemis et menacés quotidiennement ? », se demande la journaliste et activiste allemande d’origine kurde, Duzen Tekkal qui s’était rendue en juin dernier au Rojava / Syrie du Nord et d’Est où elle a rencontré notamment les commandants des FDS et des YPJ.
Tekkal raconte sa visite au Rojava et la situation délicate des Kurdes syriens menacés à la fois par des gangs jihadistes mais aussi par la Turquie voisine.

Voici l’intégralité de la déclaration de Duzen Tekkal publié sur sont compte X (ancien Twitter) :
En juin, nous nous sommes rendus avec l’ONG Hawar dans la région du Nord -Est syrien / Rojava, administrée par les forces kurdes, afin d’obtenir un aperçu de la situation en matière de sécurité et de droits humains, ainsi que du processus de restructuration politique après le renversement d’Assad. Nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec Mazlum Abdi, commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), forces armées dirigées par les Kurdes en Syrie, et Rohilat Efrîn, commandante en chef des Unités de défense des femmes (YPJ). Ils ont clairement indiqué que le désarmement était impossible dans la situation sécuritaire instable actuelle.
« L’existence du peuple kurde a été reconnue – l’objectif principal a ainsi été atteint », a annoncé le leader PKK Abdullah Öcalan dans son message vidéo diffusé hier depuis la prison d’Imrali, le premier depuis 1999. Il a réaffirmé la mesure prise en février pour mettre fin à la lutte armée du Parti des travailleurs du Kurdistan contre la Turquie. Il a poursuivi sur la voie qu’il avait tracée : trouver des solutions au conflit qui dure depuis des décennies entre la Turquie et les Kurdes par des moyens diplomatiques et politiques. [Aujourd’hui], une cérémonie solennelle est prévue à Silemanî/Sulaymaniyah, au cours de laquelle le PKK déposera enfin les armes. Une étape historique ! Mais l’appel d’Öcalan s’applique-t-il également aux organisations syriennes liées au PKK, qui, entre autres, contrôlent l’EI dans la région et doivent également se défendre contre d’autres groupes djihadistes depuis 2012 (dont HTS, dont est issu le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Sharaa) et depuis 2017, et de plus en plus depuis l’hiver 2024, contre la Turquie et ses armées mandataires en Syrie ?
Abdi et Afrin soulignent que le Rojava doit être capable de se défendre jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé avec le gouvernement intérimaire de Damas sur la nouvelle architecture de sécurité. Les forces kurdes sont prêtes à intégrer l’Armée nationale syrienne en cours de création. Dès mars 2025, Abdi déclarait : « Si la paix est rétablie en Turquie, il n’y aura plus d’excuse pour nous attaquer ici en Syrie. »
Düzen Tekkal est une journaliste, auteure, correspondante de guerre, documentariste, cinéaste et militante des droits humains allemande d’origine kurde-yézidi (Êzdî). Elle est également fondatrice de l’ONG Hawar