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KURDISTAN. Fils d’Ayşe Şan : Ma mère est désormais confiée au peuple kurde

TURQUIE / KURDISTAN – Le vœu de la célèbre dengbêj (chanteuse) kurde, Ayşe Şan décédée il y a 29 ans à Izmir, a été exaucé aujourd’hui avec son inhumation au cimetière de Yeniköy, à Amed (Diyarbakir). Des femmes ont porté le cerceuil, ramené d’Izmir, sur leurs épaules, en scandant le slogan « Jin, jiyan, azadî » (Femme, vie, liberté) jusqu’à sa nouvelle tombe.

 

La co-maire de la municipalité métropolitaine de Diyarbakır, Doğan Hatun, a déclaré que le vœu d’Ayşe Şan (Eyşe Şan) s’était exaucé aujourd’hui : « Bienvenue sur ta terre. »

 

Le fils d’Ayşe Şan aux côtés de la maire de Diyarbakir (à droite)

Vingt-neuf ans après le décès d’Eyşe Şan, son fils Murat Kersen a fait part de ses sentiments concernant l’accomplissement des volontés de sa mère à l’Agence Mezopotamya (MA). Il a expliqué qu’il n’avait pas pu ramener le corps de sa mère à Amed pendant de nombreuses années pour diverses raisons. Kersen a déclaré : « Ma mère est maintenant réunie avec nous, avec vous et son peuple. Désormais, elle est confiée au peuple kurde. Vous viendrez ici plus souvent que nous, vous prendrez soin d’elle. Tous les Kurdes viendront ici. C’était une artiste qui appartenait au peuple kurde. Je suis heureux qu’elle soit réunie avec le peuple kurde. (…) Ma mère est sous votre protection. »

 

« Elle est retournée à sa maison, à sa terre »

 

Elif Kersen, la petite-fille d’Ayşe Şan, a déclaré : « C’était un peu tard, mais elle a retrouvé ses proches. Elle est rentrée chez elle, sur sa terre. Je pense que son âme trouvera la paix. J’espère qu’elle recevra de nombreuses prières. Ses proches viendront prier. Nous n’avons aucun autre souhait. Sa volonté a été accomplie. J’espère que chacun lui témoignera l’amour et l’attention qu’elle mérite. »

La jeune musicienne, Sarya Ertaş chante Hey wax dayê [Ô mère] sur la tombe d’Ayşe Şan
Qui était Ayşe Şan ?
 
Ayşe Şan (Eyşe Şan), reine de la musique kurde ayant subi la double oppression (le patriarcat et le colonialisme) en tant que femme et kurde, nous a quitté le 18 décembre 1996 à l’âge de 58 ans.
 
Née à Diyarbakır (Amed), Eyşe  est considérée comme l’une des plus grands chanteurs de la musique kurde contemporaine.
 
Le père d’Eyşe était un dengbêj (conteur kurde traditionnel). Eyşe commence à chanter à soirées de chant traditionnels, puis, à partir de 1958, malgré l’opposition de sa famille, a se produire en public.
 
Après une tentative infructueuse de mariage, qui lui avait été imposé, elle s’est installée à Antep (Dilok), où elle a commencé à enregistrer des chansons turques pour la radio locale, chanter en kurde étant alors interdit. Puis, elle est partie à Istanbul, où elle enregistre son premier album en langue kurde en 1963. La première chanson qui contribue à sa notoriété est Ez Xezalım [Je suis une gazelle]. En 1972, suite à des tracas administratifs, elle s’est installée en Allemagne. Une de ses chansons les plus connues, Qederê [Oh le destin], est écrite après la mort de sa fille de 18 mois.
 
En 1979, elle s’est rendue au Kurdistan irakien, où elle a rencontré de nombreux musiciens et chanteurs kurdes telles que Mihemed Arif Cizîrî, Îsa Berwarî, et Tahsin Taha. Le morceau d’Arif Cizîrî, Eysana Elî, lui est dédiée. À partir de années 1980, elle s’est installée à Izmir. Dans les années 1990, elle écrit en réaction à l’oppression des Kurdes des chansons telles que Werin pêsmerge [Venez les combattants kurdes]. Elle a écrit également des chansons sur la condition des femmes telles que Derdê hewîyê [Chagrin de polygamie] ou encore Hey wax dayê [Ô mère]. tout sa vie, elle a dû faire face à la double oppression (le patriarcat et le colonialisme).