TURQUIE / KURDISTAN – La prisonnière politique kurde Fatma Özbay libérée après 29 ans de captivité alors qu’elle est atteinte de nombreuses maladies graves, dont un cancer, raconte son calvaire lors de trajets pour l’hôpital où elle était menottée, même dans la salle d’opération… Elle déclare que les conditions carcérales inhumaines sont à l’origine de nombreuses maladies contractées par les prisonniers.
Fatma Özbay, une prisonnière politique atteinte d’un cancer dont la libération a été reportée de trois mois, a déclaré : « La prison m’a caché ma maladie pendant un mois. Ils m’ont menottée à un brancard et emmenée au bloc opératoire. Même en soins intensifs, j’avais un bras menotté et l’autre piqué par le cathéter. »
La libération de Fatma Özbay atteinte d’un cancer et détenue à la prison pour femmes d’Izmir Aliağa Şakran, a été reportée de 3 mois le 15 mai. Fatma Özbay a parlé des problèmes de santé et des violations subies en prison.
Fatma Özbay, qui a déclaré que ses analyses médicales avaient été transmises à l’administration qui lui en avait caché pendant un mois, ajoutant qu’au bout d’un mois environ, ils l’ont emmenée au service d’oncologie où elle appris sa maladie.
Décrivant ce qui s’est passé après le diagnostic, Fatma Özbay a déclaré : « Après le diagnostic, le jour où ils devaient m’emmener à l’hôpital, ils m’ont emmenée à une audience (…) disciplinaire (…). »
Soulignant qu’elle avait vécu un véritable calvaire pendant son séjour à l’hôpital, Fatma Özbay a poursuivi : « Ils n’ont même pas enlevé mes menottes lorsqu’ils m’ont emmenée en salle d’opération. (…) Alors que j’étais sur le point d’être opérée, un soldat est entré dans le bloc opératoire (…) « pour la sécurité. » (…) On m’a menottée (…) et le soldat était toujours en bloc opératoire. À ma sortie du bloc, on m’a emmené aux soins intensifs. Là aussi, j’étais menottée. J’avais une main dans le sérum et l’autre menottée au lit. Après une journée aux soins intensifs, ils m’ont de nouveau emmenée dans la zone que j’ai décrite comme la zone des lépreux. Ils ne m’ont pas autorisée à avoir un accompagnant alors que je sortais d’une opération avec les mains menottées. »
Fatma Özbay, qui a également décrit les trajets pour l’hôpital, a rapporté son calvaire ainsi : « Les allers-retours entre l’hôpital et la prison sont une véritable torture. Nous sommes toujours menottées. On nous emmène dans un véhicule qu’on appelle un ring. Les quatre côtés de ce véhicule sont entièrement recouverts de fer et sa largeur ne permet qu’une seule chaise. On ne peut même pas étendre les jambes. C’est comme une tombe. Autrement dit, on nous emmène de l’hôpital à la prison, comme dans un cercueil. Lorsque nous sommes transportées de l’hôpital à la prison, nous sommes d’abord fouillées à l’entrée de la prison. Ensuite, on nous fait passer à l’appareil à rayons X. Après cela, on nous conduit à l’intérieur de la prison. À notre arrivée, on nous fouille à nouveau et on nous conduit au quartier des femmes. Là, on nous fouille à nouveau. Imaginez, on regarde même entre vos cheveux pendant ces fouilles. Même si je n’avais plus de cheveux pendant la chimiothérapie, on m’a quand même fouillée. »
A propos de Fatma Özbay