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Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) annonce sa dissolution

Fin d’une ère : le PKK annonce sa dissolution
 
Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a publié la déclaration finale de son congrès tenu du 5 au 7 mai.
 
Suite à l’appel du leader kurde Abdullah Ocalan, emprisonné depuis 1999 sur l’île-prison d’Imrali, lancé le 27 février en faveur de « la paix et d’une société démocratique », le PKK a convoqué son 12e congrès avec pour objectif sa dissolution.
 
Fondé en 1978, le PKK a déclaré dans le communiqué attendu de son congrès :
« Le processus initié par la déclaration du leader Abdullah Öcalan le 27 février, enrichi par ses multiples travaux et les perspectives qu’il a présentées sous différentes formes, a conduit à la tenue de notre 12e congrès du Parti du 5 au 7 mai, qui s’est achevé avec succès. »
 
Un congrès sous les bombardements
 
En précisant que le congrès a eu lieu dans un contexte de conflits, de bombardements aériens et d’encerclement, le PKK a déclaré : « Pour des raisons de sécurité, notre congrès s’est tenu simultanément en deux lieux distincts. »

Le PKK a indiqué que le congrès s’est tenu avec la participation de 232 délégués et a annoncé avoir pris des « décisions historiques marquant l’entrée dans une nouvelle ère ».
 
Fin de la lutte armée au nom du PKK
 
Voici ce qu’indique la déclaration finale :
« Le 12e Congrès extraordinaire du PKK a estimé que la lutte du PKK a brisé la politique de négation et d’anéantissement menée contre notre peuple, et a permis de rapprocher la résolution de la question kurde par la voie d’une politique démocratique. À ce titre, le PKK a accompli sa mission historique. Sur cette base, le 12e Congrès du PKK a décidé, sous la direction de leader APO, de dissoudre la structure organisationnelle du PKK et de mettre fin à la lutte armée. Les activités menées au nom du PKK prennent ainsi fin. »
 
Né en réponse à une politique de négation
 
La déclaration finale du congrès se poursuit ainsi :
« Notre parti, le PKK, est apparu sur la scène historique comme un mouvement de libération de notre peuple face à la politique de négation et d’anéantissement des Kurdes, dont les sources remontent au Traité de Lausanne et à la Constitution de 1924. 
Il a été influencé, à sa naissance, par le socialisme réel, et en adoptant le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, il a mené une lutte légitime et juste, fondée sur la stratégie de la lutte armée. 
Le PKK a pris forme dans un contexte où prédominaient une négation radicale des Kurdes, des politiques d’anéantissement, de génocide et d’assimilation. Depuis 1978, à travers sa lutte pour la liberté, il a œuvré à faire reconnaître l’existence du peuple kurde et à faire de la question kurde une réalité fondamentale de la Turquie.
Grâce à cette lutte menée avec succès, il a réalisé une révolution de renaissance au nom de notre peuple, devenant un symbole d’espoir de liberté et de quête d’une vie digne pour les peuples de la région. »
 
Les efforts de paix sabotés
 
La déclaration rappelle également que, depuis les années 1990, le PKK a multiplié les initiatives pour la paix, notamment en déclarant à plusieurs reprises des cessez-le-feu unilatéraux. Toutefois, ces démarches ont été systématiquement sabotées par l’État.
 
Il est rappelé que dans les années 1990, des milliers de villages kurdes ont été incendiés, des millions de personnes déplacées, des dizaines de milliers emprisonnées après avoir subi la torture, et des milliers tuées dans des assassinats non élucidés.
 
« Nous croyons fermement que notre peuple comprendra mieux que quiconque la décision de dissoudre le PKK et de mettre fin à la lutte armée, et qu’il s’appropriera les responsabilités de cette nouvelle période de lutte démocratique fondée sur la construction d’une société libre et égalitaire », souligne le communiqué.
 
Un nouvel élan mondial
 
La déclaration se conclut sur une note tournée vers l’international :
« Le Socialisme de la Société Démocratique, qui marque une nouvelle étape dans le processus de paix et de démocratie ainsi que dans la lutte pour le socialisme, favorisera l’émergence d’un monde plus juste et égalitaire à travers le développement d’un mouvement mondial pour la démocratie.
 
À ce titre, nous appelons nos amis qui ont porté l’Élan Mondial pour la Liberté, ainsi que l’opinion publique démocratique, à renforcer la solidarité internationale dans le cadre de la modernité démocratique.
 
Nous appelons les puissances internationales à reconnaître leur responsabilité dans les politiques de génocide menées depuis un siècle contre notre peuple, à ne pas entraver une solution démocratique et à contribuer de manière constructive au processus en cours. »

 

Maxime Azadî