SYRIE / ROJAVA – Un haut responsable du Conseil national kurde en Syrie (ENKS) a déclaré vendredi qu’une délégation kurde conjointe serait bientôt formée pour négocier avec le gouvernement syrien et d’autres parties prenantes, suite aux résultats de la récente conférence kurde tenue en avril.
S’adressant à North Press en marge d’une conférence politique organisée à Kobanê le 9 mai 2025, Suleiman Oso, membre du conseil présidentiel de l’ENKS (en kurde: Encûmena Niştimanî ya Kurdî li Sûriyê, ENKS), a déclaré que la délégation engagerait des pourparlers avec Damas « sur la base de la vision politique kurde unifiée » élaborée lors de la conférence du 26 avril.
L’événement de Kobanê, qui s’est tenu au centre Euphrate, a été organisé par le conseil local de l’ENKS et a réuni des représentants des partis politiques kurdes, des personnalités indépendantes et des membres du public.
Oso a souligné que les principes fondamentaux avaient déjà été convenus par divers acteurs kurdes avant la conférence d’avril, et que les efforts se concentrent désormais sur la mise en œuvre des prochaines étapes, y compris la formation d’une délégation unifiée.
Bien qu’aucune date précise n’ait été annoncée, Oso a déclaré que la délégation sera établie grâce à la coordination entre l’ENKS, le Parti de l’Union démocratique (PYD) et le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS).
« Cette délégation sera constituée dès que possible », a indiqué Oso. « Notre objectif est d’entamer un dialogue avec le gouvernement syrien et les autres composantes nationales sur les résultats de la Conférence kurde et la vision qu’elle a formulée. »
Répondant aux critiques de la Turquie concernant la Conférence kurde, Oso a souligné que l’initiative politique n’est dirigée contre aucun pays voisin.
« Notre orientation ne vise aucun État voisin, y compris la Turquie », a-t-il déclaré. « Au contraire, nous cherchons à établir des relations positives et respectueuses avec tous les pays de la région. »
Il a ajouté que l’objectif du mouvement kurde est de rassurer les États voisins, notamment la Turquie, et de poursuivre les revendications kurdes dans un cadre syrien unifié.
Notre message est clair : nous visons à renforcer la coexistence, et non la confrontation. Nous voulons que les Kurdes puissent exercer leurs droits au sein d’une Syrie unie.
Interrogé sur la réaction du gouvernement syrien à la Conférence kurde, Oso a déclaré que le pays restait fragmenté dans la pratique mais que le projet politique kurde vise à unifier la Syrie plutôt qu’à la diviser.
« La Syrie est aujourd’hui véritablement fragmentée », a-t-il expliqué. « Notre vision est celle de l’unité. L’unité kurde ne se fait pas au détriment de l’unité de la Syrie ni de toute autre communauté. »
Oso a ajouté que l’autonomisation de la population kurde devrait être considérée comme une contribution à la force globale de la Syrie, et non comme une menace à la souveraineté nationale.
« Nous souhaitons entretenir des relations constructives avec toutes les parties en Syrie, y compris les autorités de Damas », a-t-il déclaré. « La force des Kurdes fait la force de la Syrie. »
La Conférence kurde d’avril a été saluée par ses organisateurs comme une étape majeure vers la réconciliation intra-kurde et l’alignement politique dans le nord-est de la Syrie. Cet événement a réuni les principaux partis kurdes, des représentants de la société civile et des chefs militaires, dans le but de présenter une plateforme politique unifiée en vue des futures négociations avec Damas.
Les efforts visant à unifier la position kurde en Syrie ont longtemps été entravés par les rivalités entre l’ENKS, soutenu par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) en Irak, et le PYD, qui dirige l’administration autonome dans le nord et l’est de la Syrie et est idéologiquement aligné sur le PKK.
Les observateurs estiment que la délégation conjointe prévue, si elle est formée avec succès, pourrait représenter une avancée dans les relations intra-kurdes et fournir une base plus solide pour engager des pourparlers avec l’État syrien sur les droits culturels et politiques des Kurdes.
Il reste à voir si le gouvernement syrien réagira positivement, mais cette initiative reflète une reconnaissance croissante parmi les dirigeants kurdes selon laquelle l’unité est essentielle pour faire avancer leur cause dans tout accord politique post-conflit. (North Press Agency)