AccueilMoyen-OrientSyrieSYRIE. Des Druzes exigent-ils que Mazloum Abdi soit à la tête du...

SYRIE. Des Druzes exigent-ils que Mazloum Abdi soit à la tête du gouvernement syrien?

SYRIE / ROJAVA – Le vétéran internationaliste des Unités de protection du peuple (YPG) ayant combattu le groupe État islamique, Karim Marcello Franceschi affirment que les Druzes syriens exigent que le commandant kurde, Mazloum Abdi prenne la tête du gouvernement de transition syrien.

Voici le poste de Karim Marcello Franceschi publié ce matin sur X (ancien Twitter):

Des voix druzes s’élèvent… réclamant que Mazloum Abdi prenne la tête du gouvernement de transition syrien, remplaçant Ahmed al-Sharaa. Leurs appels font écho aux cris désespérés des anciens alaouites lors des tempêtes génocidaires qui ont ravagé le littoral.
 
Je l’ai rencontré pour la première fois en 2015, lors de l’offensive de Sarrin. Membre de l’unité de tireurs d’élite de Kobané, j’assistais au briefing des commandants. Je n’étais pas l’internationaliste le plus haut gradé (Şervan, du légendaire 223e régiment de Tabur, avait cet honneur), mais je me souviens clairement d’Abdi. Il portait le même treillis qu’il porte encore aujourd’hui : non repassé, taché de poussière et effiloché par son but. Des chaussures de course usées. Pas de médailles, pas de faste. Il a grandi en buvant du thé, en mangeant du pain et en profitant des maigres ressources de la vie de guérilla dans les montagnes. Il ne s’est jamais marié. Il a choisi une vie de célibat et de dévouement. Et il n’a jamais dévié.
 
Il s’exprima clairement. « On n’est plus à Kobané », dit-il. « Daech est affaibli. Ses meilleurs éléments sont déjà tombés. Avancez vite, mais surtout, respectez la population. »
 
Ce moment reste gravé dans ma mémoire ; non seulement comme un briefing tactique, mais aussi comme une déclaration. Il a déclaré :
 
Nous ne gagnerons pas par la force. Ce n’est pas une guerre de pouvoir. La force ne fait pas le droit. Et il y a des plus forts. Nous gagnons parce que nous sommes justes. Parce que les peuples sont avec nous. Nous nous battons pour eux – Kurdes, Arabes, Yézidis, musulmans, chrétiens, juifs, Arméniens, Tchétchènes, Turkmènes… peu importe.
 
Dans ces mots, j’entendais plus qu’une simple logique militaire : j’entendais le rejet de la domination comme ontologie, le refus de la souveraineté comme théologie de la violence. Une politique ancrée non dans la transcendance, mais dans la terre, la sueur et la survie partagée.
 
Aujourd’hui, Heval Şahin [nom de guerre de Mazloum Abdi ou Mazlum Kobanî] porte un costume mal ajusté, probablement acheté dans la rue. Il lave probablement encore lui-même son linge. Et pourtant, les images de massacres, de nettoyages, de violations ne proviennent jamais de l’AANES. Pas même des prisons de l’EI, où les pires sont détenus avec plus de dignité que les mercenaires de Jolani n’en offrent aux civils.
 
Le monde regarde désormais vers le Rojava. Et tandis que le mirage de l’empire s’effondre, une lueur d’espoir subsiste. Une politique non pas de confiscation, mais de subsistance. Une révolution silencieuse, nourrie par la terre, par le peuple, par la certitude que la justice ne crie pas, mais s’enracine.
 
Un dernier espoir, peut-être, pour maintenir la Syrie entière.