SYRIE / ROJAVA – Cela fait plusieurs années que l’administration arabo-kurde du Rojava expérimente la coprésidence homme/femmes dans toutes les organisations politiques, militaires, associatives, culturelles… permettant la consolidation du rôle des femmes dans la gouvernance notamment, comme le rappelle Mîzgîn Hasan, coprésidente de l’Autorité des droits humains et de la justice.
« La coprésidence renforce le rôle des femmes dans la gouvernance »
A l’occasion de la Journée internationale des femmes, célébrée chaque année le 8 mars, coprésidente de l’Autorité des droits humains et de la justice, Mîzgîn Hasan, a expliqué dans un entretien accordé à l’Agence ANHA la profonde signification de cette journée pour les femmes. Elle l’a décrite comme une journée de lutte contre l’exploitation, l’oppression et les mentalités patriarcales qui ont assujetti les femmes pendant des millénaires. Elle a rappelé le rôle important que jouent les femmes dans l’administration autonome et a souligné l’importance de leur participation dans la construction de l’avenir de la Syrie.
Hassan a noté que, dans le cadre de la révolution des femmes dans le nord et l’est de la Syrie, les femmes ont atteint des niveaux avancés de participation. Elle a exhorté les femmes à préserver leurs acquis et à célébrer le 8 mars avec enthousiasme. « Les femmes doivent affirmer leur volonté en ce jour », a-t-elle déclaré. « En Syrie, les femmes traversent une phase turbulente, confrontées à l’exclusion et à la marginalisation. Par conséquent, elles doivent prendre position contre cette réalité. »
Le système de coprésidence : une étape importante pour la représentation des femmes
Hassan a identifié le système de coprésidence comme l’une des réalisations les plus marquantes pour les femmes, garantissant leur forte représentation dans les sphères administratives, politiques, diplomatiques et culturelles. Grâce à la révolution des femmes, les femmes ont atteint un niveau où elles peuvent établir leurs propres institutions et débattre d’un modèle de gouvernance indépendant. Les femmes du nord et de l’est de la Syrie se sont organisées au sein de divers organismes, tels que le Conseil de justice des femmes, le Conseil des femmes du nord et de l’est de la Syrie, le Conseil des femmes syriennes et l’Organe de coordination des femmes. Au niveau plus large de la gouvernance, elles se sont structurées au sein de comités et de conseils. « Petit à petit, les femmes seront en mesure de construire leur propre système confédéral », a-t-elle affirmé.
Faisant référence au contrat social en vigueur dans le nord et l’est de la Syrie, Mme Hassan a souligné ses nombreuses dispositions concernant les femmes. Outre le système de coprésidence, les femmes détiennent 50 % des sièges au gouvernement. « Un modèle de gouvernance centré sur les femmes est en train de prendre forme, où les femmes s’organisent au sein d’institutions, d’organes de coordination et de conseils. Toutes les affaires et activités des femmes sont discutées dans ce cadre, et la décision finale revient à ce système », a-t-elle expliqué. Elle a en outre noté que le contrat social garantit les droits des femmes, qualifiant les crimes contre les femmes, en particulier les crimes dits « d’honneur », d’infractions pénales.
« La coprésidence apporte la démocratie »
En évoquant l’importance du modèle de coprésidence, Hassan a déclaré qu’il favorise la délibération et la prise de décision inclusive. « Les femmes sont le fondement de la justice et de l’égalité. Lorsque les décisions sont prises en tenant compte du point de vue des femmes, nous pouvons affirmer avec une grande confiance qu’elles ont beaucoup plus de chances d’être justes et équilibrées. »
« L’administration autonome : un modèle orienté vers les solutions »
Hassan a décrit l’Administration autonome comme un nouveau modèle de gouvernance qui donne la priorité aux droits des femmes et des citoyens, se présentant comme la solution optimale aux défis actuels de la Syrie. « D’un point de vue administratif, l’Administration autonome représente la voie la plus viable pour la Syrie, et elle servira également de solution pour les femmes. »
« Les femmes doivent s’engager dans la nouvelle phase de la Syrie »
Hassan a conclu en soulignant que si les droits des diverses communautés et des femmes syriennes ne sont pas reconnus, le régime actuel de Damas ne réussira pas. Elle a rappelé les luttes historiques des femmes sous le régime baathiste et leur résistance continue contre la violence du régime syrien et des groupes extrémistes tels que l’EI.
« Les femmes se battent depuis des années. Aujourd’hui, elles doivent faire partie de la nouvelle phase en Syrie et prendre la place qui leur revient par tous les moyens nécessaires », a-t-elle affirmé. ‘ANHA)