Le Département des relations étrangères de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie a publié aujourd’hui un communiqué dénonçant les crimes commis par les mercenaires de l’occupation turque au cours des deux derniers jours dans le canton d’Afrin occupé par la Turquie depuis mars 2018. Il a exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU à placer sous tutelle le canton d’Afrin où des crimes de guerre et crimes contre l’humanité sont commis par les forces sous commandement de la Turquie.
Le communiqué signale que le ministère des Relations étrangères a obtenu des documents prouvant que les habitants du village isolé de Kakhra, y compris des femmes, des personnes âgées et des enfants, ont été abattus à balles réelles et tabassés alors qu’ils protestaient contre les crimes des mercenaires sous commandement de la Turquie.
Le communiqué du ministère des Affaires étrangères appelle la communauté internationale, dont les États-Unis d’Amérique et la Russie, à exhorter la Turquie à mettre fin à son occupation de la région d’Afrin et à arrêter ses plans de changement démographique opéré à Afrin.
Le communiqué accuse également la Turquie de saper les efforts de la coalition internationale pour combattre l’EI, en « offrant un refuge sûr aux chefs mercenaires de l’EI/Daesh dans les zones qu’elle occupe ».
Voici le communiqué du Département des relations étrangères du Rojava
« Les actes criminels commis par les milices figurant sur la liste des sanctions américaines dans la région occupée d’Afrin se sont intensifiés à un point tel que la communauté internationale ne peut plus fermer les yeux sur eux. Le massacre délibéré de la population kurde sans défense s’est poursuivi de manière systématique et planifiée au cours des dernières années. Depuis le massacre de Newroz jusqu’à aujourd’hui, Afrin a été le témoin de cas de meurtres et d’intimidations contre les Kurdes, le dernier en date s’étant produit le lundi 15 septembre 2024, dans le village de Kakhra, affilié au district de Mabata (Maabatli).
Selon les documents parvenus aux bureaux de documentation de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie, les villageois non armés, dont des femmes, des personnes âgées et des enfants, ont été la cible de tirs à balles réelles alors qu’ils exprimaient pacifiquement leur rejet des pratiques contraires aux valeurs et conventions internationales qui leur sont imposées par la milice Al-Amshat, ou ce qu’on appelle la force conjointe. Les femmes ont également été directement battues, ce qui a fait que beaucoup d’entre elles ont été blessées et ont perdu contact entre elles.
Les violations des milices financées et fidèles à Ankara contre les populations indigènes d’Afrin, les Kurdes et les Arabes, ne sortent pas de nulle part, mais sont plutôt une mise en œuvre directe des politiques de la Turquie dans le nord occupé de la Syrie pour établir ses plans visant à imposer la politique de turquification de la région et à étendre son influence politique et économique à long terme afin qu’elle ait le dessus pour contrôler l’avenir de la Syrie à travers la porte de la protection des Turkmènes, et consolider le changement démographique dans la région, qu’elle a commencé en déplaçant les Kurdes et en les opprimant et continuera de le faire, en plus de voler aux Arabes leur volonté et de préparer les conditions pour la normalisation de ses relations avec le gouvernement syrien de Damas au détriment du sang syrien qui a été versé afin de se débarrasser de l’injustice.
Les actions des milices terroristes soutenues par la Turquie, représentées par le Parti de la justice et du développement et l’Alliance du mouvement national turc, consistant à confisquer des biens et à percevoir des redevances, à prendre des décisions interdisant aux habitants d’Afrin d’investir dans les biens de leurs frères déplacés de force, afin de légitimer la confiscation de ces biens et d’imposer des amendes et des redevances, et à forcer les habitants du village de Kakhra à signer des papiers suspects et illégaux, ces violations, qui constituent des crimes de guerre, ont incité les habitants du village à manifester pacifiquement pour exprimer leur rejet de l’occupation et de la présence des milices à Afrin. Le Conseil de sécurité doit examiner sérieusement les actions de ces milices et les inscrire sur la liste des organisations terroristes.
Nous (…) suivons de près la situation à Afrin et dans le nord occupé de la Syrie en général. Tout en condamnant les pratiques des milices pro-turques contre la population d’Afrin, nous appelons la communauté internationale (…) à exhorter la Turquie à mettre fin à son occupation d’Afrin et à arrêter ses plans de changement démographique en cours contre les Kurdes. Nous appelons le Conseil de sécurité de l’ONU à discuter de la question du nord occupé de la Syrie et d’Afrin en particulier et à la placer sous tutelle internationale afin de créer des conditions sûres pour le retour de sa population et pour expulser les milices (…) qui contribuent directement à la protection et à la sécurité des dirigeants de l’organisation terroriste DAECH à Afrin et dans le nord occupé de la Syrie, ce qui sape les efforts de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme. L’instauration de la sécurité à Afrin et la fin de l’occupation turque contribueront à la stabilité de la Syrie et feront avancer le processus politique dans le pays et contribueront certainement à réduire l’émigration en cours vers les pays occidentaux. »