Il y a deux ans jour pour jour, Jina Mahsa Amini, une jeune femme kurde de 22 ans arrêtée et battue par la police des « mœurs » iranienne au prétexte d’un voile « non conforme » à la charia islamiste et mourrait après trois jours passés dans le coma dans un hôpital de Téhéran. Son meurtre barbare fut un étincelle qui a mis le feu à la colère des peuples et femmes d’Iran victimes d’un apartheid du genre pour les femmes et du racisme du suprématisme du régime colonialiste iranien. Des protestations qui ont éclaté lors de l’enterrement de Jina Amini dans sa ville natale de Saqez, au Kurdistan « iranien » ou Rojhilat, ont rapidement atteint le Sistan-Baloutchistan, la région à majorité arabe de Khouzistan et les universités du pays, tandis que des ouvriers de nombreuses zones économiques d’Iran se mettaient en grève contre le régime sanguinaire des mollahs iraniens. On assistait à la révolution « Jin, jiyan, azadî » (slogan kurde « Femme, vie, liberté » scandé sur la tombe de Jina Amini et qui fut repris lors des manifestations iraniennes).
Deux ans après cette révolution écrasée dans le sang avec des dizaines de milliers de manifestants, y compris des enfants mineurs emprisonnés, des centaines de personnes tuées dans la rue ou sous la torture, d’autres condamnés à mort, certains exécutés après des simulacres de procès… le désir d’en finir avec un régime illégitime qui se maintien au pouvoir par la terreur, reste intact au sein de la population iranienne, qu’importe les sacrifices qu’il faut payer pour l’atteindre disent les femmes et populations marginalisées d’Iran.
« Jina, tu n’es pas morte car ton nom sera notre nom de code »
En septembre 2022, Jina Amini, une jeune femme kurde, s’est rendue à Téhéran avec son frère. Elle a été arrêtée par la police iranienne des « mœurs » ( gasht-e ershad ), qui arrête régulièrement et arbitrairement les femmes qui ne respectent pas les lois abusives et discriminatoires du pays sur le port obligatoire du voile.
Selon des témoins, la police l’a poussée dans une camionnette et l’a battue avant de l’emmener au centre de détention de Vozara, à Téhéran. Jina Amini et son frère ont été informés qu’elle était transférée à Vozara pour suivre un cours « éducatif » visant à « réformer » le comportement des femmes et des filles qui violent le code vestimentaire islamique rigide du pays. Son frère a également été battu alors qu’il protestait.
Quelques heures après son arrestation, des informations crédibles ont fait état de tortures et de mauvais traitements infligés par la police des « mœurs » à l’intérieur du fourgon de police, notamment de coups à la tête. Elle est tombée dans le coma et a été transférée en ambulance à l’hôpital Kasra de Téhéran.
Elle est décédée en détention trois jours plus tard à l’hôpital, le 16 septembre 2022. Elle n’avait que 22 ans.
La mort d’Amini en détention a déclenché le soulèvement national « Jin Jihan Azadi » (parti de la ville natale de Jina, le jour de ses funérailles et où on écrivait sur sa tombe « Jina, tu n’es pas morte car ton nom sera notre nom de code ») contre des décennies d’inégalités et de répression généralisée. Les autorités iraniennes ont réagi en faisant usage de la force illégale, notamment en tirant à balles réelles, en plombs métalliques et en gaz lacrymogènes sur des foules de manifestants majoritairement pacifiques.
Les forces de sécurité ont tué des centaines de manifestants, dont des enfants, tandis que des centaines d’autres ont été rendus aveugles par des tirs de plombs de métal, et des milliers d’autres ont été gravement blessés par un usage illégal de la force. Craignant d’être arrêtées ou d’autres représailles, beaucoup n’ont pas cherché à obtenir de soins médicaux. Des dizaines de milliers de personnes ont également été arrêtées arbitrairement.
Pendant le soulèvement et au lendemain de celui-ci, les forces de renseignement et de sécurité ont également commis des actes de torture et d’autres crimes de masse. De nombreux manifestants, dont des enfants, ont été torturés, violés ou tués.