L’activiste kurde emprisonnée en Turquie, Ayşe Gökkan a reçu le prix de l’humanité et du courage de la Fondation suisse Paul Grüninger.
La cérémonie de remise des prix a eu lieu vendredi au Centre culturel du Château de Saint-Gall. Le prix décerné à Ayşe Gökkan a été accepté par son avocate, Berfin Gökkan. L’avocate a lu une lettre d’Ayşe Gökkan écrite en kurde : « Je vous salue avec la chaleur du soleil et l’enthousiasme de Jin-Jiyan-Azadî (slogan féministe kurde signifiant « femme, vie, liberté »)). En tant que membre du Mouvement des Femmes Libres, j’accepte ce prix au nom de milliers de femmes kurdes en lutte. Il y a beaucoup de femmes combattantes en prison en Turquie. »
La fondation a justifié l’attribution du prix de reconnaissance de 10 000 francs à la féministe et défenseure des droits humains kurde Ayşe Gökkan pour son engagement dans la société civile et sa criminalisation:
« Ayşe Gökkan s’est particulièrement distinguée en tant que journaliste et militante des droits des femmes. Depuis près de quarante ans, elle écrit des chroniques dans les journaux contre la discrimination raciale et de genre, intervient sur des podiums et séminaires nationaux et internationaux, anime des ateliers sur le thème de l’inégalité entre les sexes et participe à des manifestations pacifiques dans ce contexte.
De 2009 à 2014, Ayşe Gökkan a été maire de la ville kurde de Nusaybin, située à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Lorsque la Turquie a commencé à construire un mur contre les réfugiés entre Nusaybin et la ville syrienne voisine de Qamishlo, le maire a protesté contre ce « mur de la honte », notamment par un sit-in.
En raison de son engagement dans la société civile, Ayşe Gökkan a été arrêtée plus de quatre-vingts fois en Turquie, soumise à plus de deux cents enquêtes et, en 2021, condamnée à plus de 26 peines de prison dans un procès grotesque basé sur les déclarations d’un seul « témoin secret » pour appartenance à une « organisation terroriste ».
Elle est victime de la criminalisation de l’opposition politique en Turquie. Ayşe Gökkan est en prison, sa peine n’a pas encore été confirmée par la Cour de cassation turque et une procédure est également pendante devant la Cour européenne des droits de l’homme.