Les journalistes du Kurdistan Sud (Bashur) ont déclaré que l’Etat turc ne visait pas seulement Qandil, mais essayait de faire sortir le peuple kurde du Kurdistan Sud, comme il l’a fait à Afrin. Les journalistes kurdes ont également dénoncé les déclarations de Nechirvan Barzani et l’ont qualifié d’insouciant à l’égard du sang kurde qui coule.
Face à la poursuite des attaques de l’Etat d’occupation turc et l’invasion des territoires du Bashur sur une distance de 40 km, les réactions populaires augmentent, surtout que ces attaques ont eu pour résultat de faire des victimes civiles. Les réactions populaires se sont transformées en ressentiment et en actions politiques en conjonction avec les déclarations faites par le président du gouvernement de la région, Nechirvan Barzani, le 4 juillet, lorsqu’il a légitimé l’occupation turque et décrit la présence des combattants du PKK au Bashur comme une occupation.
Des journalistes du Bashur ont parlé à l’agence de presse Hawar des raisons et des conséquences de l’occupation turque au Bashur, ainsi que des déclarations de Barzani et du rôle des journalistes face à l’occupation.
Ils cherchent à faire sortir le peuple kurde du Bashur, comme cela a été le cas à Afrin
Le journaliste Burhan Haji Suleiman a parlé des objectifs de l’occupation turque des territoires du Bashur, et a déclaré que l’Etat turc combattait chaque geste ou étincelle kurde qui va vers la liberté, que ce soit au Kurdistan ou n’importe où dans le monde. Burhan Haji Suleiman a déclaré : « L’Etat turc a attaqué Afrin et a chassé le peuple kurde de là « . Il a souligné que l’objectif principal de l’Etat turc n’est pas Qandil : « Il y a des projets plus profonds et plus grands, l’Etat turc cherche à contrôler l’ensemble des territoires du Bashur, et a des ambitions spéciales sur les terres de Kirkouk, et comme il a occupé Afrin, a chassé les Kurdes de là et s’est installé au lieu des familles des mercenaires, la Turquie cherche à faire la même chose au Bashur aussi ».
La Turquie veut affaiblir les Kurdes et contrôler le Kurdistan
Le journaliste Shevan Mohammed a parlé des objectifs de l’occupation turque du Bashur Kurdistan : » Cette fois, il y a des objectifs différents pour l’occupation turque des territoires du Bashur. Dans les années 1990, c’était temporaire et tactique, mais aujourd’hui, il cherche à une occupation stratégique permanente de la zone, en particulier les zones entre Zakho et Qandil qui atteignent les frontières iraniennes ».
De l’avis de Suleiman, il y a deux raisons principales à l’occupation turque des territoires du Bashur; la première raison est que la Turquie cherche à étendre son contrôle sur la région, à affaiblir les Kurdes et à contrôler la région du Kurdistan, tandis que la seconde raison est que la Turquie cherche à atteindre les frontières iraniennes.
Les attaques contre Qandil échoueront
Selon Shevan Mohammed, les attaques de l’armée d’occupation turque sur Qandil échoueront pour deux raisons. « Bien que la Turquie ait agi jusqu’à présent comme si l’Iran était de son côté, l’Iran n’a montré aucune position jusqu’à présent. Comme nous le savons tous, il y a deux grandes forces au Moyen-Orient : les chiites et les sunnites. L’Iran et les chiites d’Irak représentent le côté chiite, et la Turquie et l’Arabie saoudite représentent le côté sunnite. Malgré quelques accords intérimaires entre la Turquie et l’Iran concernant la cause kurde, mais ils restent des forces en conflit, et donc la proximité des troupes turques de la frontière iranienne irritera l’Iran, de sorte que cette attaque ne réussirait pas facilement.
D’autre part, les habitants de la région ne sont pas avec la Turquie, ceux qui sont avec la Turquie sont les protecteurs des villages du Bakur [Kurdistan du Nord] et certaines des forces mercenaires en Syrie. Ce ne sont pas les résidents de la région et ils ne peuvent pas y rester longtemps parce que les gens de la région ne les accepteront pas. L’hiver arrive après des mois et les montagnes de la région sont très accidentées. L’armée turque ne peut pas se battre dans ces montagnes, sauf si un parti kurde soutenait l’occupation turque, et maintenant le parti [PDK] est le plus proche de la Turquie. La Turquie pourrait bénéficier de la fragmentation des Kurdes. »
Les déclarations de Barzani ne tiennent pas compte du sang kurde
Dans ses commentaires sur les déclarations de Nechirvan Barzani qui légitiment l’occupation turque, le journaliste Burhan Haji Suleiman a affirmé que ces déclarations sont soumises à certains intérêts et relations entre le PDK (Parti démocratique du Kurdistan) et l’Etat turc.
Suleiman a exprimé son mécontentement à l’égard des déclarations de Barzani qui légitiment le meurtre des civils kurdes par l’armée turque : « Ces déclarations ne tiennent pas compte du sang kurde. Dans tout autre pays, lorsque les civils sont tués par un autre pays, le gouvernement de ce pays répond aux attaques, mais Barzani rend le sang kurde bon marché pour satisfaire le pays étranger ».
Ces déclarations ne reflètent pas l’opinion du peuple du Bashur, mais elles sont liées au Parti démocratique [PDK] et au Parti de la justice [parti politique au pouvoir en Turquie]. Le peuple s’oppose à toute occupation étrangère et ces déclarations font beaucoup de mal aux Kurdes (…) ».
Cette occupation conduira à la division de la région du Kurdistan
Le journaliste Shevan Mohammed a parlé de l’attitudes du peuple et des partis politiques face à l’occupation turque en déclarant : « Les gens du Bashur ont toujours été contre toutes les formes d’occupation, mais les positions des partis politiques sont différentes. Le Parti démocratique se tient aux côtés de la Turquie, les autres partis sont silencieux, mais le peuple rejette l’occupation. Si cette occupation se poursuit, elle provoquera un clivage dans la politique kurde et au sein du peuple kurde, et elle entraînera le déclenchement d’une guerre civile comme cela s’est produit dans les années quatre-vingt-dix.
De plus, des pays comme l’Iran et la Turquie bénéficieront de la division kurde. Nous espérons que le peuple kurde unira ses classes contre l’occupation. Sinon, un grand risque menacerait les valeurs nationales du peuple kurde. Dans le cas de la poursuite de cette occupation, le peuple la repousserait, et peut-être la rue kurde serait-elle divisée en deux parties ».
Le parti de l’Union patriotique du Kurdistan et le PDK contrôlent les médias
Au sujet des attitudes et des réactions des professionnels des médias et des journalistes à l’égard de l’occupation turque, le journaliste Burhan Haji Suleiman a déclaré que l’occupation a causé une division nationale au Kurdistan, de sorte que chaque parti mène sa politique de manière isolée. Bien que les médias et les intellectuels s’opposent à l’occupation et expriment leurs positions, ils n’ont pas été en mesure d’influencer les partis politiques.
Suleiman a souligné que les médias ont été divisés en deux parties. Les médias et chaînes influentes sont sous le contrôle des journalistes affiliés aux partis. Les médias indépendants publient des nouvelles sur l’occupation turque, alors que l’impact de ces médias reste faible. Les principaux médias sont sous le contrôle du PDK et de l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK ou PUK en anglais].
http://www.hawarnews.com/en/haber/qendil-is-not-goal-rather-basr-division-h2503.html