IRAK / KURDISTAN – Hier soir, la Turquie a mené une nouvelle attaque de drone dans la province kurde de Souleymanieh, tuant au moins trois personnes. Depuis été 2015, 180 civils ont été tués par la Turquie au Kurdistan irakien, et plus de 200 autres ont été blessés. Les attaques meurtrières de la Turquie contre la population kurde n’ont aucune conséquence pour Ankara, puisque la communauté internationale la laisse faire…
Hier, un drone turc a frappé une voiture civile dans le district de Pêncewîn, de la province de Silêmanî. Selon la Direction générale de la lutte contre le terrorisme (CTD), qui dépend du Conseil de sécurité du KRI, trois « personnes proches du PKK » ont été tuées. L’information n’a pas encore été vérifiée, mais ces dernières semaines, les autorités kurdes ont fait passé toutes les victimes, civiles ou non, pour des combattants du PKK. Ce qui crée la méfiance face à de telles déclarations.
Le raid aérien a eu lieu dans le district de Pêncewîn (également Pêncwên, dt Pendschwin ), qui est situé à l’extrême est du gouvernorat de Silêmanî. La voiture circulait sur une route à la périphérie du village de Zengîder (Zangidar), qui appartient au sous-district de Germkê (Garmk), à une bonne dizaine de kilomètres au nord de Pêncewîn. Les détails sur l’attaque et l’identité des victimes n’ont pas été divulgués par les autorités du KRI.
Pêncewîn est situé à 60 kilomètres à l’est de la métropole de Silêmanî et à 200 kilomètres de la frontière turco-irakienne. Néanmoins, la Turquie attaque régulièrement la région sous couvert de soi-disant défense des frontières avec des drones et des avions de combat. Plus récemment, des drones turcs ont bombardé à trois reprises jeudi dernier le village de Saliawa, près de Pêncewîn. Il y a environ deux semaines, un drone turc a également tué trois personnes dans une voiture près de Pêncewîn. L’attaque a eu lieu sur une artère très fréquentée et les victimes étaient des civils. Deux jours plus tard, les environs d’une base de loisirs locale populaire a été frappée par un drone turc.
Pêncewîn abrite de grandes réserves naturelles et de nombreux villages de montagne. Divers groupes d’opposition kurdes originaires du Rojhilat (Kurdistan iranien), dont le Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK) et ses organisations de guérilla HPJ (Unités de défense des femmes) et YRK (Forces de défense du Kurdistan oriental), se trouvent également dans la région. Ils militent pour l’autonomie et les droits des Kurdes en Iran, mais ne mènent aucune activité ciblant la Turquie.
Hier encore, le commandement général du YRK avait mis en garde contre une expansion de la guerre des drones turcs dans la région frontalière irako-iranienne. En particulier, la zone autour de Pêncewîn et les montagnes voisines d’Asos connaissent actuellement une augmentation rapide des attaques de drones en provenance de Turquie. Cette attaque militaire injustifiée cause d’immenses dégâts matériels et immatériels à la population civile. Les autorités locales et les médias rapportent également depuis des semaines de graves incendies de forêt dans la grande région de Pêncewîn, provoqués par les bombardements constants de l’armée turque.
Terreur d’État turque contre la population civile
Sous prétexte de « lutte contre le terrorisme », depuis que Recep Tayyip Erdoğan a rompu unilatéralement le processus de dialogue entre Abdullah Öcalan et le gouvernement turc à l’été 2015, des attaques aériennes et terrestres régulières ont été menées par l’armée turque de l’OTAN, qui ciblent non seulement contre les guérilleros du Kurdistan du Sud, mais aussi contre la population civile. Depuis lors, selon les recherches du Congrès national du Kurdistan (KNK), environ 180 civils sont morts dans les attaques du KRI par la Turquie, et plus de 200 autres ont été blessés (en juillet 2023). Selon l’initiative chrétienne de paix Community Peacemaker Teams (anciennement « Christian Peacemaker Teams », CPT en abrégé), 2022 s’est avérée être l’année la plus sanglante. Au moins vingt civils, dont six enfants, ont été tués dans les bombardements turcs, 58 autres ont été blessés. Les gouvernements des pays occidentaux ne s’y opposent pas : les attaques meurtrières de la Turquie contre la population kurde n’ont aucune conséquence pour Ankara.
ANF