Après plus de 20 ans de règne quasi absolu, le président turc et candidat à sa succession, Erdogan est sur le point d’être « remercié » par les électeurs lors du scrutin présidentiel (et législative) du 14 mai prochain. En effet, la pauvreté galopante, la crise économique, la polarisation de la société turque, la corruption de la classe dirigeante et la mauvaise gestion du séisme du 6 février 2023 ont achevé la popularité du sultan qui rêvait d’instaurer un califat islamiste en envahissant les régions kurdes de Syrie et d’Irak cent ans après la chute de l’empire ottoman.
Alors que le navire AKP prend l’eau, les partisans d’Erdogan et de son allié Bahçeli tentent de créer du chaos en s’attaquant aux meetings de l’opposition réunie derrière K. Kiliçdaroglu, contrairement aux élections précédentes lors desquelles seuls les membres et sympathisants du parti kurde HDP étaient attaqués, voir tués. Aujourd’hui, les candidats kémalistes de CHP et ceux d’IYI d’extrême-droite, sont attaqués également par les sympathisants du parti de l’extrême-droite MHP et ceux d’AKP, comme on a pu le voir ce dimanche à Erzurum, où le meeting du maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu a été attaqué par près de 200 assaillants armés de pierres sous le regard complice des policiers présents. Imamoglu a dû fuir les lieux tandis que de nombreuses personnes, dont des enfants, ont été blessées lors de l’attaque.
Plus les sondages le donnent perdant, plus les sbires d’Erdogan et lui-même deviennent agressifs et veulent faire passer son opposant Kemal Kiliçdaroglu, chef du CHP et candidat de l’Alliance de la nation ou Table des six, pour un « terroriste qui s’allie au PKK » ou un « ivrogne » que des « musulmans pieux ne laisseraient pas à accéder à la tête du pays » … En effet, ces deux accusations sont sorties de la bouche d’Erdogan lors de son meeting du 7 mai à Istanbul où il a fait projeté sur un écran géant une vidéo-montage montrant Kiliçdaroglu suivi de Murat Karayılan, un cadre du PKK, disant « Haydi » (Allez), faisant croire que Karayilan est inclus dans le clip électoral de Kiliçdaroglu « Haydi Türkiye Haydi », un mensonge grotesque et qui montre à quel point le régime turc sent arriver la fin de l’ère Erdogan. Mais malgré ces menaces, mensonges (et recours probables aux irrégularités électorales), les sondages et les rues de Turquie prédisent le départ d’Erdogan dès le soir du 14 mai prochain, battu par Kiliçdaroglu qui obtiendrait plus de 50% des voix.