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La Turquie demande aux autorités françaises d’auditionner la sociologue Pinar Selek qu’elle persécute depuis 25 ans

Pinar Selek, académicienne et sociologue turque acquittée quatre fois dans une affaire d’attentat fictif d’il y a 25 ans, est jugée pour la cinquième fois pour les mêmes accusations. La première audience de son procès a lieu aujourd’hui à Istanbul alors qu’elle se trouve en France où elle est réfugiée depuis de nombreuses années.

Sa défense sera prise par les autorités françaises

A l’ouverture de l’audience, le président de la Cour a expliqué qu’étant donné que Pınar Selek se trouve en France, les démarches nécessaires avaient été entreprises pour que la défense de l’accusée soit prise par les autorités judiciaires françaises. Après trois heures d’audience, son procès a été renvoyé au 29 septembre.

Réfugiée en France depuis de nombreuses années, la sociologue, écrivaine et féministe Pinar Selek n’a pas pour autant finit avec l’injustice de son pays où elle fut tour à tour condamnée et acquittée 4 fois pour une explosion qui a eu lieu dans un marché couvert (Mısır Çarşısı) d’Istanbul en 1998 et pour laquelle Selek est poursuivie par la « justice » turque bien qu’elle soit innocente. Les autorités de son pays lui font payer son soutien aux Arméniens et Kurdes persécutés / exterminés par la Turquie. Elle fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités turques.

Plusieurs comités de soutien de Pinar Selek créés à travers l’Europe exigent la fin de l’acharnement judiciaire dont elle est victime et demandent que sa protection soit assurée. Ces comités ont envoyé une délégation internationale composée d’avocats, politiciens et autres défenseurs de droits humains pour assister au nouveau « procès » de Pinar Selek qui se tient à Istanbul ce 31 mars 2023.

 

« Être universitaire ne doit pas devenir un crime »

Par ailleurs, le Syndicat national de l’Enseignement supérieur (SNESUP-FSU) a publié un communiqué le 29 mars appelant à la fin des persécutions visant Pinar Selek et dénoncer la criminalisation « des libertés scientifiques ou académiques – liberté d’enseignement, de recherche et d’expression » menacées partout dans le monde.

Extraits du communiqué du SNESUP-FSU:

« Sociologue, écrivaine, militante féministe, antimilitariste et pacifiste, Pinar SELEK subit depuis 25 ans une persécution judiciaire constante de la part du pouvoir turc, parce qu’elle n’a pas voulu révéler l’identité des personnes kurdes qu’elle avait interrogées lors d’une enquête sociologique menée à la fin des années 1990. Malgré les tortures et malgré son emprisonnement pendant deux ans.

Après sa libération fin décembre 2000, puis son exil en France fin 2011, elle a été jugée en 2006, 2008, 2011 et 2014. À chaque fois, elle a été acquittée. À chaque fois le pouvoir turc a déposé un recours. Accusée d’avoir déposé une bombe ayant explosé sur le marché aux épices à Istanbul, faisant 7 morts et 121 blessés, toutes les expertises ont montré que le drame était dû à l’explosion accidentelle d’une bouteille de gaz.

Sous différentes formes, les libertés scientifiques ou académiques – liberté d’enseignement, de recherche et d’expression – sont aujourd’hui partout menacées. Mais elles sont l’essence même de l’université. Tout comme la liberté de la presse, elles sont une condition essentielle de toute société démocratique. Elles sont d’ailleurs le plus souvent simultanément attaquées. »