PARIS – Comme dans l’assassinat de trois militantes kurdes le 9 janvier 2013, les détails entourant le massacre de la rue d’Enghien perpétré le 23 décembre 2023 montrent qu’il s’agit d’un attentat organisé par une équipe professionnelle.
Voici quelques-uns des détails troublants de l’attaque terroriste de 23 décembre rassemblés par le journaliste Deniz Babir:
Le massacre a lieu entre environs 11h36 et 11h40. Le tireur arrive sur les lieux avec une arme de fabrication américaine de 1911 avec 4 chargeurs et de nombreuses balles. Les propriétaires et les employés du restaurant Bonhomie [qui se trouve à une trentaine de mètres du centre culturel kurde, rue d’Enghien] déclarent que le tireur est descendu ici d’une voiture conduite par une femme qui a continué sa route.
Le tireur s’approche de l’Association culturelle kurde Ahmet Kaya en marchant 30 mètres et tire d’abord sur Abdurrahman Kızıl (Xalo), qui est assis devant la porte d’entrée du centre. Puis, tire sur la responsable du mouvement des femmes kurdes en France, Emine Kara, (Evin Goyî) et le chanteur Pîr Perwer [Şirin Aydın]. Evin reçoit une balle dans la poitrine.
Pîr Perwer est blessé d’une balle reçue au ventre et se rend au restaurant kurde Avesta qui est en face de l’association. Evin veut de l’aide et le tireur revient sur ses pas, vérifie à nouveau Xalo pour voir s’il est mort et tire à la tête d’Evin qui est allongée dans une mare de sang.
Le tireur marche dans la rue avec beaucoup de calme et entre un peu plus loin dans le salon de coiffeur « Prestige » tenu par un Kurde de Dersim où il tire sur les personnes présentes. Quelqu’un est blessé ici. Alors qu’il change de chargeur, le tueur est capturé par les employés et clients du salon de coiffure.
25 minutes après la tuerie, une équipe de police arrive dans la rue et un policier fait un massage cardiaque à Evin. On leur dit que le tueur est allé au salon de coiffure et y vont l’arrêter. Alors que l’ambulance est arrivée sur les lieux 40 minutes plus tard, Pîr Perwer est décédé des suites d’une hémorragie. D’après les déclarations de témoins oculaires, le tueur a visé ses victimes de manière très calme et professionnel et chaque balle tirée a logé dans le corps des victimes.
Ce tireur très professionnel avait certainement fait un repérage dans cette rue avant le massacre, et si on creuse un peu plus cette affaire, on risque même de découvrir que l’assassin avait des complices qui surveillaient les lieux au moment du crime. C’est un acte mené très professionnellement. »
Il y a une veillé permanente au centre culturel kurde de Paris jusqu’au jour (date non connue pour le moment) du rapatriement des corps vers leurs terres natales, au Kurdistan « turque ».