TURQUIE / KURDISTAN – Les autorités turques ont fait arrêter 26 proches des détenus kurdes pour avoir envoyé de l’argent aux prisonniers. Vingt-six prévenus, dont des personnes âgées et malades, ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête menée par le bureau du procureur général d’Istanbul visant les proches de prisonniers politiques.
L’avocate Seda Şaraldı a déclaré que certains des détenus étaient des parents de prisonniers tandis que d’autres étaient membres de l’Association de solidarité avec des familles de prisonniers (TAYAD) qui a été fermée par les autorités turques.
Pourquoi avez-vous envoyé des chemises aux prisonniers ?
Mehmet Güvel, 75 ans, qui fait partie des personnes arrêtées, est atteint de la maladie de Wernicke-Korsakoff* et il avait été gracié par le Président turc et libéré en 2003.
Au bureau du procureur, on a demandé à Güvel pourquoi il avait envoyé des vêtements, dont des chemises et des pantalons aux prisonniers, ainsi que des transferts d’argent de Güvel sur le compte des prisonniers de la prison considérés comme des preuves et un motif de détention provisoire. Il est accusé de « fournir une aide financière à l’organisation [PKK] ». La « justice » turque lui reproche également son adhésion à TAYAD il y a des années et sa participation à des conférences de presse liées aux prisonniers malades.
Document officiel mis dans le dossier d’accusation
L’avocate Şaraldı a déclaré que les visites de la prison et les transferts d’argent à la prison pour les parents et amis ont été utilisés dans le cadre des accusations portées.
Şaraldı a déclaré: « Les informations sur les documents officiels de TAYAD, qui est une association légale, reçues du ministère sont placées dans le dossier et présentées comme « lien organisationnel ». C’est une violation de la liberté d’association.
Des questions ont été adressées aux détenus sur les raisons pour lesquelles ils se rendaient à des visites de prison ou pourquoi ils déposaient de l’argent sur le compte d’un prisonnier alors que cette personne n’était pas un parent.
L’argent peut être déposé sur le compte d’un détenu conformément à la réglementation correspondante. »
200 lires « aide financière à l’organisation [PKK] »
Les transferts d’argent qui variait entre 10 et 150 lires (33-45 euros) de Nagehan Kurt dans les années 2016 et 2017 ont été inclus dans le dossier d’enquête.
L’examen des transferts d’argent sur les comptes des détenus remonte à 2012. L’argent maximum déposé dans la liste est de 200 lires alors qu’habituellement, le montant du transfert est de 50 lires.
Grève de la faim de 2000, opération « Retour à la vie », meurtre de prisonniers et la maladie de Wernicke Korsakoff
Des centaines de prisonniers ont entamé une grève de la faim en Turquie à partir d’octobre 2000 pour protester contre l’introduction des prisons de type F, conçues pour fournir des cellules de deux à trois personnes au lieu de dortoirs.
Le 19 décembre 2000, les forces de sécurité sont intervenues dans une vingtaine de prisons. De violents affrontements se sont produits lors de l’opération, baptisée opération « Retour à la vie ».
Selon les chiffres rapportés par l’Association des droits de l’homme (İHD) le 14 avril 2004, un total de 110 personnes sont mortes à la suite des jeûnes de la mort et des opérations pénitentiaires du 19 décembre, et à cette date, des centaines de détenus et de condamnés souffraient de la maladie de Wernicke Korsakoff causée par des jeûnes mortels.
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a reconnu la Turquie coupable d’accusations de violation des droits humains lors de l’opération « Retour à la vie » dans plusieurs affaires portées devant la CEDH.
La maladie de Wernicke Korsakoff est causée par une faim prolongée et un manque de vitamines, et provoque de graves dommages au cerveau, affecte l’équilibre et entraîne une perte de mémoire. S’il n’y a pas d’amélioration de l’état d’un patient de Wernicke Korsakoff à la fin de la première année, la maladie devient chronique et impossible à guérir.
Bianet