Interpellée de nouveau suite à la diffusion d’images choques de combattants kurdes à l’agonie après être exposés à des armes chimiques au Kurdistan irakien, l’OIAC a déclaré qu’elle ne peut mener une telle enquête, à moins que la demande soit déclenchée par un État membre de celle-ci.
De son côté le gouvernement turc a nié les accusations d’utilisation d’armes chimiques contre la guérilla kurde tandis que Şebnem Korur-Fincancı, présidente de l’Association médicale turque (TTB) fait l’objet d’une enquête pour « propagande terroriste » car elle avait déclaré que les symptômes développés par les deux combattants appuyaient les affirmations d’utilisation d’armes chimiques.
La Turquie nie les accusations
De hauts responsables gouvernementaux et le ministère de la Défense ont démenti ces allégations, notant que des allégations similaires sont périodiquement présentées « pour ternir la lutte contre le terrorisme. »
Le gouvernement turc a rejeté les allégations selon lesquelles il aurait mené une attaque chimique contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans la région du Kurdistan irakien.
Il y a deux jours, le site ANF a partagé les images de deux combattants kurdes qui ont été exposés à des attaques chimiques de l’État turc dans la région de Werxelê, à Avaşîn, au Kurdistan irakien. On y voit un des deux combattants exposés aux armes chimiques inconscient, respirant difficilement, vomissant et pris de convulsion. L’autre rit, s’agite et tient des propos incohérents. Tous les deux seraient décédés depuis, comme 15 autres de leurs camarades morts ces dernières semaines suite à l’exposition aux armes chimiques.
Citant une déclaration du PKK, l’ANF écrit que la Turquie a utilisé des armes chimiques au moins 2 476 fois dans ses opérations militaires transfrontalières au Kurdistan.
Le même jour, le Parti démocratique des peuples (HDP) a publié une déclaration écrite demandant à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et aux Nations Unies d’enquêter sur ces allégations.
« Il existe de graves rapports et allégations selon lesquels la Turquie utilise des agents chimiques dans ses opérations militaires dans les territoires du gouvernement régional du Kurdistan en Irak depuis 2021, ce qui, selon le droit international, constitue un crime de guerre », a-t-il déclaré.
Entre temps, l’OIAC a déclaré hier sur Twitter qu’une telle enquête ne peut être déclenchée que par un État membre de celle-ci.
Selahattin Demirtaş, l’ancien coprésident emprisonné du HDP, a également déclaré que les allégations devraient faire l’objet d’une enquête.
« Le parlement turc et l’opposition ne peuvent pas se taire face à ces images. Se taire, c’est donner son aval à un crime » , a-t-il écrit hier sur Twitter.
Meral Danış-Beştaş, vice-présidente du groupe parlementaire HDP, a soumis une question parlementaire au ministre de la Défense Hulusi Akar, lui demandant de clarifier les allégations.
Sezgin Tanrıkulu, député du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), faisait partie de ceux qui ont appelé à une enquête sur les allégations sur Twitter.
La responsable de l’Association médicale turque (TTB), Şebnem Korur-Fincancı, a déclaré au sujet de la vidéo en question : « De toute évidence, des gaz toxiques qui [affectent] directement le système nerveux ont été utilisés. Même si ces gaz sont interdits, nous constatons malheureusement qu’ils sont utilisés dans les conflits. » Elle a ajouté qu’une enquête indépendante devrait être menée dans la région.
Le bureau du procureur général d’Ankara a ouvert aujourd’hui une enquête contre Korur-Fincancı pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste » et « dégradation publique de la nation turque, de l’État de la République turque et de ses institutions ».
Le ministère turc de la Défense a rejeté les allégations dans une déclaration écrite aujourd’hui, ajoutant que « Ce type de munitions ne figure pas dans l’inventaire des forces armées turques. » (Bianet)