Jina (Mahsa) Amini a été tuée le vendredi 16 septembre alors qu’elle était en garde à vue. Jeune femme kurde iranienne de 22 ans, Jina visitait Téhéran avec sa famille quand la police du hijab de la République islamique l’arrête, la frappe et qu’elle tombe dans le coma. Parce qu’elle ne portait pas le hijab d’une manière jugée appropriée. Les policiers ont usé de gaz lacrymogène sur son frère qui tentait d’empêcher le transfert de sa sœur dans le tristement célèbre centre de détention de Vozara.
Après ce nouvel assassinat d’Etat, la foule s’est rassemblée devant l’hôpital où elle est décédée. Les forces de sécurité ont frappé et arrêté un nombre croissant de femmes et d’hommes et ont rapidement transféré le corps de Zhina à Saquez (au Kurdistan), sa ville natale. Malgré la pression exercée par les autorités pour que Zhina soit enterrée immédiatement, ses funérailles ont eu lieu samedi matin, avec une présence massive de la population de Saquez, en colère et en deuil. Elles et ils ont scandé des slogans contre la République islamique, le hijab obligatoire et l’oppression systématique des femmes en Iran, ainsi que le slogan de « Jin, Jiyan, Azadi » (femme, vie, liberté) qui est devenu le slogan principal des manifestations dans tout le pays. L’épitaphe sur la pierre tombale de Zhina se lit en kurde : « Bien-aimée Jina, tu ne mourras pas ; ton nom sera un symbole ».
Oui, en Iran, protester contre l’apartheid sexuel dans la vie quotidienne est une question de vie ou de mort !
Les Iraniennes et les Iraniens manifestent actuellement, dans la région du Kurdistan mais aussi dans d’autres villes d’Iran – dans 83 villes au moins – contre un État brutal et oppressif.
Personne ne peut rester silencieux alors que ces courageuses personnes prennent la rue, rendent = coup pour coup, insultent et défient les forces armées. Alors que les manifestant·e·s armé·e·s de pierres et de bâtons font reculer les forces de la répression. Alors qu’en Iran, les femmes et hommes incendient les véhicules policiers et arrachent les photos de Khomeyni dans la rue. Personne ne peut rester silencieux alors qu’en Iran on attrape ce régime criminel par le col au péril de sa vie.
Personne ne peut rester silencieux quand ces femmes brûlent le foulard parce qu’il est obligatoire, parce que la République Islamique d’Iran en a fait le symbole de sa légitimité, de son honneur et de leur oppression. Quand des femmes iraniennes prennent pour slogan : « Notre voile notre voile / votre corde votre corde ». Qu’elles affrontent les forces de l’ordre qui tirent à balles réelles. Quand elles brandissent ce voile dans leur poing serré. Quand autour d’une brûleuse de voile, la foule hurle : « C’est notre dernier avertissement / La cible c’est le régime ». En Iran jaillissent les étincelles d’une révolution des femmes et personne ne doit rester silencieux.
Personne ne doit rester silencieux quand la République Islamique d’Iran fait couler le sang des Iraniennes et des Iraniens. Tous ceux et celles qui croient en l’égalité des peuples et des genres et à la fin du système patriarcal doivent soutenir ces femmes et ces hommes, qui subissent une grave répression depuis quelques jours. Depuis le 16 septembre, de nombreuses manifestant·e·s ont été arrêté.e.s dans différentes villes, 25 au moins ont été tué.e.s et des centaines de personnes blessé.e.s n’osent même pas se rendre dans les hôpitaux de peur d’être arrêté.e.s. Les autorités ralentissent ou coupent Internet dans de nombreuses villes, et la voix de ces personnes est plus étouffée que jamais.
Soyons leur voix et disons collectivement non à cette injustice brutale !
Passé le choc de la terrible nouvelle de la mort de Mahssa (Jina) Amini, nous invitons les les féministes et les camarades de partout à nous rejoindre pour un rassemblement afin de soutenir les Iraniennes et les Iraniens en lutte, dénoncer cet assassinat étatique, cette parodie de justice, les terribles sévices subis par les opposant·e·s, ainsi que les condamnations à mort de la République Islamique d’Iran, ce samedi 24 septembre à Fontaine des Innocents, PL. Joachim du Bellay, 75001, Paris, métro Châtelet Les Halles.
Militant-e-s féministes, internationalistes et anticapitalistes