« Nous appelons toutes les personnes qui rejettent la violence patriarcale, l’exploitation, le colonialisme et le racisme à se mobiliser et à s’unir pour enrichir et renforcer la lutte féministe mondiale ».
Dans le cadre de la lutte contre le CPVID-19, on a vu fleurir des interdictions et des restrictions des libertés à travers le monde entier, notamment dans les pays démocratiques. Bien qu’on nous présente ces interdits/restrictions comme indispensables pour la lutte contre la pandémie du COVID-19, de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que ces mesures sont avant tout liberticides et dignes des pays autoritaires.
C’est dans ce climat de tension entre les mouvements sociaux, dont les organisations de femmes, et ceux détenant le pouvoir qu’on va accueillir demain le Premier mai, Journée internationale des droits des travailleurs/travailleuses. D’ailleurs, les militantes féministes nous mettent en garde contre la situation désastreuses des femmes travailleuses et des violences faites aux femmes à cause du confinement avec des hommes violents.
Dans un manifeste publié à l’occasion du premier mai, la Journée internationale des droits des travailleur et des travailleuses, divers groupes et mouvements féministes, trans-féministes et anti-patriarcaux du monde entier appellent à unir, organiser et renforcer ensemble la lutte féministe mondiale le 1er mai.
Dans leur manifeste, les femmes déclarent :
« Nous ne reviendrons pas à la normalité car la normalité était justement le problème : l’ensemble du mouvement féministe et transféministe face à cette nouvelle crise mondiale, sanitaire, économique et de l’écosystème, ne cède pas à l’isolement, et ne taira pas ses luttes devant les mesures restrictives mises en place dans nos territoires pour faire face au coronavirus. Partout dans le monde, il y a des femmes, des lesbiennes, des travesti·e·s, des trans et des personnes non-binaires qui refusent de se soumettre aux violences exacerbées par la pandémie. Elles commencent à s’organiser en partageant leurs pratiques rebelles, renforcées et encouragées par la puissance des dernières années de grèves féministes mondiales.
Cette crise dévoile et intensifie les violences, les hiérarchies et les racines structurelles de l’oppression, de l’exploitation et de l’inégalité produite par le patriarcat capitaliste colonial, contre lesquelles nous avons toujours lutté et continuerons de lutter. C’est précisément dans les tensions et les fractures ouvertes par cette crise qui émergent de nouvelles formes de résistance et de solidarité, dont nous faisons partie et que nous voulons rejoindre. C’est avec notre voix collective que nous voulons les faire résonner partout afin qu’ensemble nous puissions sortir de l’isolement et saper les paradigmes dominants, en affirmant les savoirs et les pratiques féministes, transféministes et anti-patriarcales.
Le coronavirus frappe tout le monde, mais les effets de la pandémie sont différenciés, d’autant plus si nous les envisageons dans une perspective transfrontière qui part de nos situations de femmes, de lesbiennes, de travesti·es, de trans et de non-binaires.
On nous a dit de rester à la maison, sans tenir compte du fait que le foyer n’est pas un lieu sûr pour beaucoup d’entre nous et qu’il y a des personnes qui n’ont même pas de maison. Les féminicides et la violence envers les femmes et les dissidences se sont intensifiés depuis le début de cette crise et les mesures de quarantaine et de couvre-feu ont rendu plus difficile notre rébellion contre la violence machiste et l’expression de notre désir de liberté et d’autodétermination La crise met à mal les différentes conditions matérielles de la reproduction, en intensifiant et en rendant plus précaire le travail productif et reproductif des femmes et des dissidences : alors que celles-ci ont toujours été invisibilisées et exploitées, leur utilité devient aujourd’hui manifeste, ce qui met en évidence leur centralité politique tel que nous l’avons toujours affirmé.
D’une part, le système patriarcal se décharge sur les femmes des soins aux personnes âgées et aux enfants, ce qui augmente la charge du travail domestique. D’autre part, dans cette situation d’urgence, de nombreuses femmes – infirmières, médecins, femmes de ménage, caissières, ouvrières, pharmaciennesse – retrouvent en première ligne, à travailler dans des conditions dangereuses pour leur santé, avec un temps de travail rallongé et souvent pour des salaires de misère.
(…)
Ce sont des formes de résistance que nous voulons rejoindre et que nous voulons faire résonner au niveau mondial par notre voix collective, afin que nous puissions sortir ensemble de l’isolement et de saper les paradigmes dominants en affirmant les connaissances et les pratiques féministes, trans-féministes et anti-patriarcales.
Le coronavirus nous affecte tous, mais les effets de la pandémie sont différenciés, surtout si nous l’envisageons dans une perspective transfrontalière, en partant de notre position de femmes et de personnes LGBTQI.
Nous poursuivrons ce processus de libération féministe transfrontalière que nous sommes en train de tisser collectivement et de manière expansive. Nous continuerons à nous battre pour construire la vie que nous voulons et que nous désirons.
Nous appelons tous ceux qui rejettent la violence patriarcale, l’exploitation, le colonialisme et le racisme à se mobiliser et à s’unir pour enrichir et renforcer la lutte féministe mondiale, car si nous nous unissons, nous pouvons non seulement sortir de la pandémie, mais nous pouvons aussi tout changer ».
Via ANF